[Critique] ABCs OF DEATH 2
Titre original : ABCs of Death 2
Rating:
Origine : États-Unis/Nouvelle-Zélande/Canada…
Réalisateurs : Vincenzo Natali, Bill Plympton, E.L. Katz, Jerome Sable, Julien Maury…
Distribution : Andy Nyman, Victoria Broom, Béatrice Dalle, Alan Mckenna…
Genre : Horreur/Fantastique/Épouvante
Date de sortie : 2 octobre 2014 (DTV)
Le Pitch :
26 réalisateurs illustrent les 26 lettres de l’alphabet au fil de 26 courts-métrages horrifiques, fantastiques, gores, étranges…
La Critique :
L’alphabet horrifique est de retour avec une nouvelle anthologie de 26 courts-métrages, pour tout autant de raisons de vibrer, d’être choqué, ou pourquoi pas carrément révulsé.
Car ABCs of Death 2 s’avère finalement surtout dégueulasse. Si un point commun unit les 26 films qui composent cette seconde anthologie, c’est en effet leur propension à y aller franchement avec l’hémoglobine et toutes les autres sécrétions que le corps humain est capable de produire en masse. Tout y passe et au final, le menu peut vite s’avère un poil indigeste pour tous ceux qui ne sont pas spécialement habitués à un tel déferlement de sang, même si bien souvent ici, le second degré permet une certaine fluidité, néanmoins plutôt relative. Nous ne sommes pas dans un cinéma consensuel. Les réalisateurs qui ont accepté de se plier à l’exercice n’ont pas été soumis à une quelconque censure et ça se voit d’emblée, tant chacun semble en profiter pour en rajouter des louches, histoire d’exploiter la moindre seconde des 3 ou 4 minutes qui leur sont imparties par les règles du jeu.
Les amateurs de films hardcore seront à la fête, même si au fond, bien souvent, l’entreprise « brille » surtout par sa vacuité embarrassante. On comprend alors à quel point il peut être ardu de faire passer ses idées dans un laps de temps si court. Si certains s’acquittent de leur tache avec brio, d’autres loupent le coche, tandis qu’une petite partie des cinéastes présents au générique opte pour une succession d’images potentiellement choquantes par ce qu’elles illustrent, mais surtout par leur faculté à laisser indifférent.
Dans de telles conditions, à l’instar du premier volet, ce ABCs of Death 2 s’illustre donc surtout par son manque de cohérence. Un défaut qu’on imagine très difficile à contourner quand on souhaite réunir sous la même bannière, 26 artistes cinéastes, aussi talentueux soient-ils. Sans rapport les uns avec les autres, si ce n’est au travers du concept qui les unit, ces réalisateurs ne gagnent pas tous à se retrouver au coude à coude avec les autres, conférant du même coup un aspect franchement bordélique au film dans son ensemble. En bref, on est en droit de préférer à ABCs of Death 2 des compilations comme Creepshow, qui, grâce au format plus confortable de leurs sketches, permettaient de davantage explorer les idées illustrées.
Dans ABCs of Death 2, tout va très vite et c’est une fois la ligne d’arrivée franchie pour tous les concurrents, que l’on s’aperçoit que certains ont décroché la timbale, laissant une bonne partie des autres sur le carreaux.
Parmi les bons élèves, il convient de saluer le boulot de Vincenzo Natali. Le réalisateur de Cube signe probablement le meilleur segment du lot, en orchestrant la vision d’une société utopique, allergique à une non-conformité assimilable à la beauté du corps (et non de l’esprit). Effrayant et inspiré, son film, intitulé U comme Utopie, fait mouche.
E.L. Katz, récemment remarqué grâce à son excellent Cheap Thrills, et qui inaugure le show avec son A comme Amateur, fait lui aussi preuve d’une maestria certes relative, mais pour le moins efficace. On peut également citer le duo israélien Aharon Keshales et Navot Papushado, qui joue avec une certaine pertinence avec le contexte politique sensible, avec son F comme Fatale Chute ; le prodige de l’animation Bill Plympton et sa vision extrême du couple ; l’amusante déclinaison de Vendredi ou la vie sauvage d’Alejandro Brugués, qui signe E comme Équilibre ; le cynique Q comme Questionnaire, de Rodney Ascher ; l’étrange S comme Séparés, et son split screen, de Juan Martinez Moreno, ou le comico-gore M comme Mastiquer, de Robert Boocheck.
On trouve de tout dans ABCs of Death 2. Du traditionnel, de l’animation en stop motion, de l’animation plus traditionnelle, du gore, du hardcore, et même du found footage. Exercice de style casse-gueule, le concept a, malgré sa fragilité, quelque chose de ludique. Rythmé, il n’ennuie pas réellement. Les courts-métrages sont ici vraiment courts et tous s’enchainent dans une frénésie visuelle pas toujours maîtrisée, mais dont le principal mérite est de proposer une sorte de cocktail foutraque d’un genre pratiqué par des cinéastes en provenance du monde entier.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Luminor