[Critique] ARQ
Titre original : ARQ
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Tony Elliott
Distribution : Robbie Amell, Rachael Taylor, Shaun Benson, Gray Powell, Jacob Neayem, Adam Butcher…
Genre : Science-Fiction
Date de sortie : 16 septembre 2016 (Netflix)
Le Pitch :
Dans un futur proche, le monde n’est devenu qu’un vaste no man’s land. Des rebelles tentent de combattre un puissant conglomérat qui ne cesse d’épuiser des ressources naturelles déjà maigres. Dans une maison à l’abri de l’air devenu toxique, un homme et une femme tentent de protéger une machine à mouvement perpétuel qui pourrait bien renverser l’équilibre et offrir à l’humanité une seconde chance…
La Critique :
Scénariste de la série Orphan Black, Tony Elliott s’est discrètement aventuré dans le grand bain en réalisant ARQ, son premier long-métrage, qu’il a également écrit. Un film distribué en exclusivité par Netflix, aussi modeste que sincère, qui prend pied dans un monde post-apocalytique, en esquivant de manière pour le moins habile les contraintes de son budget. En soi, ARQ repose avant tout sur son scénario, qui lui permet d’une certaine façon de se distinguer des tonnes de productions du genre qui visaient jadis le marché vidéo et qui aujourd’hui, font leur beurre grâce à la VOD ou à des chaînes du câble.
ARQ traite des voyages dans le temps à sa façon. Pour schématiser à l’extrême, on pourrait le positionner entre Un Jour sans fin et des films futuristes comme Terminator. Le genre qui donne une vision très négative de notre avenir sur Terre, tout en jouant sur le paradoxe temporel avec plus ou moins de virtuosité. Dans le cas présent, il ne convient d’ailleurs peut-être pas de parler de virtuosité, mais il faut néanmoins reconnaître à Tony Elliott d’avoir réussi à aller au bout de son idée. Quand il se prend les pieds dans le tapis, cela reste discret. Ses erreurs ne sont jamais fatales au récit et d’une façon ou d’une autre, il retombe sur ses pattes.
Son caractère modeste est un peu la clé de tout, si on juge notamment la façon dont il choisit de clore son intrigue avec des points de suspension. Sans tambours ni trompettes, Tony Elliott a surtout cherché l’efficacité et la cohérence. Mention bien pour le premier point et assez bien pour le second. Au final, la note reste positive c’est le principal.
Le schéma de ARQ est calqué sur celui d’Un Jour sans fin. Les personnages, peu nombreux, vivent une situation tendue avant de s’apercevoir qu’ils sont piégés dans une boucle temporelle qui leur fait vivre plusieurs fois la même journée. Le tour de force (petit mais quand même), du scénario d’Elliott est de ne jamais lasser, y compris quand les remises à zéro s’enchaînent. Le montage se faisant le vecteur d’un scénario dynamique et inventif, qui utilise à bon escient le caractère « fermé » de l’environnement. Car ARQ est bien sûr un huis-clos. Un thriller de science-fiction qui égraine au compte gouttes les clés de son intrigue, tout en proposant régulièrement suffisamment d’action pour ne pas ennuyer. Et si le film colle parfaitement avec sa condition de production destinée à la télévision, il faut aussi lui reconnaître des qualités qui font souvent défaut aux blockbusters beaucoup plus tapageurs et gueulards.
Même sentence pour ce qui est des acteurs. Le long-métrage repose principalement sur trois comédiens. Il y a tout d’abord le couple formé par Rachael Taylor (la meilleure amie de Jessica Jones) et Robbie Amell (l’inspecteur copie conforme de Mulder dans la 10ème saison de The X-Files) et le principal antagoniste, interprété par Shaun Benson (que nous avons pu voir dans Populaire ou General Hospital). Tous font le job. Le combat que ces personnages mènent les uns contre les autres, entre faux-semblants et fulgurances gores, ne manque pas de piquant, tout comme la façon dont le scénario a de faire rebondir les choses quand la routine commence à s’installer.
Le fait que la photographie soit anxiogène au possible ne gâchant évidemment rien.
En Bref…
ARQ ne cherche jamais à révolutionner le genre auquel il s’attache. Modeste dans sa façon d’appréhender les voyages dans le temps ou dans sa condition d’œuvre d’anticipation, il marque par contre des points grâce à son application et à ses quelques fulgurances, qui en font un bon divertissement sur bien des points.
@ Gilles Rolland