[Critique] BATTLESHIP

CRITIQUES | 11 avril 2012 | 2 commentaires

Titre original : Battleship

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Peter Berg
Distribution : Taylor Kitsch, Rihanna, Liam Neeson, Brooklyn Decker, Tadanobu Asano, Hamish Linklater, Jesse Plemons, Alexander Skarsgård, Gregory D.Gadson, Josh Pence, Peter MacNicol, Gary Grubbs, Stephen Bishop, Reila Aphrodite, John Bell…
Genre: Action/Fantastique/Guerre
Date de sortie: 11 avril 2012

Le Pitch:
C’est jour de manœuvre pour l’U.S. Navy qui déploie l’élite de sa flotte au large des côtes hawaïennes. Les bâtiments de guerre prennent place sur les flots lorsque qu’apparait soudain à l’horizon une étrange et gigantesque forme à la surface de l’eau. Très vite, la structure non identifiée rentre en action et montre des signaux évidents d’hostilité. D’énormes vaisseaux émergent et commencent à se positionner, prêts au combat…

La Critique:
Peter Berg est comme Michael Bay : c’est un grand gamin. Un gamin à qui l’on a donné les pleins pouvoirs. Pourtant, Peter Berg est totalement différent de Michael Bay quand il s’agit de mettre en œuvre les pouvoirs conférés par les studios. Peter Berg, c’est le gosse qui a les plus beaux jouets et qui les utilise pour illustrer son sens de la démesure. Généreux, il donne du plaisir aux autres enfants qui n’ont pas la chance d’avoir autant de blé et partage. Quand il reçoit ses petits copains chez lui, Peter Berg demande à ses parents d’acheter des cadeaux pour tout le monde, ne se contente pas de louer un clown, mais fait venir toute la troupe des acrobates et remplace les petits pétards par de redoutables feux d’artifices. Chez lui, c’est open bar et tout le monde se sent comme à la maison. Mais Michael Bay lui aussi a beaucoup d’argent et de gros jouets bien impressionnants. Le truc avec Michael, c’est que lorsqu’il montre à ses potes comment fonctionnent ses jouets, il ne peux pas s’empêcher d’en faire des caisses. Michael se prend trop au sérieux. Il est prétentieux et orgueilleux et cherche toujours à écraser la concurrence. Peter Berg lui, la concurrence il s’en fout, sachant qu’il n’est pas le seul à pouvoir disposer des mêmes moyens. La différence est dans l’utilisation de ces moyens. On y revient mais là est toute la différence entre les deux réalisateurs.

Battleship en apporte la preuve. Infiniment plus fun que les trois Transformers réunis, Battleship est aussi souvent drôle, explosif comme c’est pas permis et boosté par un état d’esprit no limit pour le coup super réjouissant !

À l’instar de Transformers (et de G.I. Joe), Battleship est l’adaptation sur grand écran d’une ligne de jouets. Terme générique qui ne convient pas littéralement au film de Berg car ce dernier s’inspire d’un jeu de plateau. En l’occurrence, Touché-Coulé. Probablement conscient de l’incongruité de la chose, Berg a tenu à mettre les formes, gardant à l’esprit que seul un second degré sévèrement burné pouvait convenir à une telle entreprise. Le résultat est ainsi au-delà de toutes les craintes qu’un tel projet pouvait en toute légitimité susciter. Battleship s’inspire d’un jeu de société oui. Et après tout pourquoi pas ? Des bateaux se mettent sur la tronche les uns après les autres jusqu’à ce que l’un des deux partis soit à cours de navire. C’est aussi simple que ça. Le reste n’est question que d’habillage.

Car tout en respectant scrupuleusement, lors de séquences guerrières pachydermiques, le cahier des charges du jeu Hasbro, Berg s’en éloigne suffisamment à d’autres moments pour faire passer la pilule. On assiste donc à une véritable bataille navale. Les aliens déboulent, font des vagues et placent leurs pions, tout en délimitant la zone (le champs magnétique et tout ça). En face, les bateaux de l’armée américaine et japonaise se préparent, bien alignés comme il faut. Loin des extraterrestres furax d’Independence Day, ceux de Battleship ne visent que les structures de tirs. Un des deux se décide à tirer. Vient le tour de l’autre qui réplique etc… Le film suit son court jusqu’au moment où -de nuit – la bataille navale de plateau reprend. À l’écran, les humains regardent une grille. Exactement comme vous quand vous jouez avec votre petit frère. Les ennemis se déplacent et les gentils tirent. Ils loupent leur coup et ont droit à la riposte de leurs opposants. Le schéma est certes basique, mais force est de reconnaître le talent de Peter Berg qui, loin de se dégonfler, assume tout et compense par l’excès. Injectant des hectolitres de testostérone et un bon quintal de rock and roll (AC/DC, Creedence Clearwater Revival…) dans ce schéma martial limité, Berg fait parler la poudre, transforme Rihanna en amazone yankee bien badass et mixe les genres.
Dans le registre de l’action pure, le chaland en aura pour son argent. On reconnaît notamment le boulot du mec qui a passé des heures devant sa X-Box à jouer à Halo. Ses aliens ont de la gueule. Leurs vaisseaux aussi, y-compris lorsqu’ils ressemblent à des yoyos géants semant chaos et désolation sur leur passage. Un vrai défouloir ce Battleship !

Plus c’est gros et plus ça passe, tant que personne ne se prend au sérieux. Peter Berg vient de la comédie (Very Bad Things) et il est rassurant de constater qu’il n’a pas vendu son âme aux requins d’Hollywood. Armé d’un budget titanesque, le cinéaste se paye une intro très drôle, parsème son film de répliques coups de poings et de moments où le ridicule est savamment détourné au profit du rire. De plus, il n’oublie pas de placer stratégiquement de bons vieux gags bien beaufs.

Et l’Amérique dans tout ça ?!

Forcement elle sort gagnante du jeu. Difficile de ne pas sombrer dans le patriotisme dégoulinant quand on aborde l’armée américaine. Battleship n’élude pas la question, mais y rentre dedans plein fer. Il n’impose pas la bannière étoilée mais rend hommage aux héros. C’est souvent gros mais franchement on s’en fout car le cadre a de la gueule. Le Président ne monte pas dans un avion pour botter le cul aux petits hommes verts et ne se sacrifie pas non plus pour la nation, c’est le principal. Ne soyons pas trop regardant sur le fond, le plaisir en serait atténué. Dans Battleship, on prône l’union par delà les différences. On souligne l’héroïsme et le courage sans pour autant chercher à annihiler les personnalités des troufions. Tout le monde a sa place. C’est beau, c’est américain, Brooklyn Decker donne envie de prendre la carte verte et Taylor Kitsch est plus à son aise sur l’eau que sur Mars dans les frusques de John Carter. C’est le bordel et ça éclabousse ! Jubilatoire, crétin, virtuose, marrant, Battleship c’est tout ça à la fois. Un cocktail bien senti, un peu corsé, qui redonne envie de croire en ces bons gros films pétés de thunes.

Et si vous n’êtes pas convaincu, sachez également que Peter Berg sait tenir une caméra. Chez lui, les plans laissent le temps à la rétine de capter l’action. Ses bastons claquent car elles restent lisibles. On comprend qui fait quoi, et où est qui et on savoure. Pas de prise de tête, on s’amuse tous ensemble.

Si tous les blockbusters pouvaient tous être comme Battlefield… Dis Peter, tu veux pas faire Monopoly tant que tu y es ?

@ Gilles Rolland

Rihanna et son gros calibre

Crédits photos : Universal

Par Gilles Rolland le 11 avril 2012

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[…] et entame le carnage sur un coitus interruptus où le débutant Taylor Kitsch (John Carter, Battleship) se tape une bimbo aux attributs mamaires généreux, dans les toilettes, avant de tomber sous le […]

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[…] Battleship (qui lui aussi est inspiré d’une ligne de jouets) nous a prouvé qu’il était possible […]