[Critique] CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER

CRITIQUES | 23 mars 2014 | 1 commentaire
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Titre original : Captain America : The Winter Soldier

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateurs : Anthony Russo, Joe Russo
Distribution : Chris Evans, Scarlett Johansson, Samuel L. Jackson, Sebastian Stan, Anthony Mackie, Cobie Smulders, Frank Grillo, Toby Jones, Hayley Atwell, Robert Redford, Pat Healy, Dominic Cooper…
Genre : Action/Fantastique/Aventure/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 26 mars 2014

Le Pitch :
Alors qu’il tente de reprendre une existence un tant soit peu normale après le cataclysme new-yorkais (intervenu dans The Avengers), Steve Rogers, alias Captain America, collabore avec le S.H.I.E.L.D., lors de missions spéciales à travers le Monde. Et c’est justement à la suite de l’une de ces missions que tout dérape concernant l’organisation dirigée par Nick Fury. L’intégrité du S.H.I.E.L.D semble menacée, mettant du même coup Captain America dans une position très inconfortable, en l’opposant notamment au redoutable Soldat de l’Hiver, un mystérieux ennemi. Accompagné de Black Widow, Captain America devra donc lutter pour sauver sa vie, mais aussi pour mettre à jour la vérité…

La Critique :
Le premier volet de Captain America reste certainement à ce jour la plus belle surprise des Studios Marvel concernant les adaptations cinéma des aventures de leurs super-héros. En un film, piloté avec brio par le réalisateur Joe Johnston, Marvel était parvenu à rendre le plus universel possible un personnage forcement très patriotique, en évitant notamment ce petit côté kitsch inhérent aux comics. Toujours habillé aux couleurs de la bannière étoilée, Cap’ restait vertueux, courageux et évidemment héroïque, mais sa propension à incarner aveuglement les valeurs de son pays était mise en veilleuse, au profit d’un questionnement intérieur bienvenu. Super soldat exemplaire, Steve Rogers n’était pas pour autant une simple arme de destruction massive, mais aussi un homme plein de doutes, qui savait remettre en cause l’autorité quand il la pensait biaisée par des motivations louches.
Résultait donc de cette habille transposition, un vrai film d’aventure à l’ancienne, lorgnant sur les classiques du cinéma américain d’aventure et d’action. Un long-métrage plus réaliste, mais aussi plus sobre que les Iron Man et autres Thor.
Pour ce deuxième épisode, qui fait donc suite, à l’instar d’Iron Man 3, à l’épopée Avengers, Marvel a réédité l’exploit et offre à son histoire sur grand écran, l’un de ses coups d’éclats les plus remarquables.

Ce sont les frères Russo qui, à la surprise générale, remportèrent la réalisation de Captain America : Le Soldat de l’Hiver. Des frangins jusqu’alors connus pour avoir bossé sur la série Arrested Development, ou encore sur le film Bienvenue à Collinwood, parachutés au beau milieu d’une mythologie herculéenne, reposant sur de nombreux codes préétablis et propulsée par des espoirs titanesques (de la part du public qui en veut pour son argent et de la part de Marvel qui veut que ça cartonne au box-office). Des réalisateurs confidentiels, habitués à la comédie, mais relativement étrangers à l’action XXL, qui se sont vus chargés d’offrir au plus emblématique des héros des Avengers, une seconde aventure à la hauteur de sa réputation.
Un rôle qu’Anthony et Joe Russo ont visiblement pris très au sérieux, tant leur boulot sur le film brille par sa pertinence, par son souffle, mais aussi par sa mesure très maligne.
Tout ceci pour la simple et bonne raison que jamais les Russo n’en font des caisses. Leur modèle n’est pas Avengers et la grandiloquence virtuose d’un Joss Whedon, mais bel et bien, encore et toujours, le passé. Le passé d’un cinéma américain concerné, car en connexion directe avec son époque et ses préoccupations géopolitiques.
En cela, le script de Christopher Markus et de Stephen McFeely offre un terreau idéal. On sent la parfaite osmose qui anime les deux cinéastes et les deux scribes. Ils dessinent ensemble une aventure qui fait de l’œil aux cadors de l’espionnage et du thriller, James Bond en tête, avec quelques échos des Trois Jours du Condor ou des Hommes Du Président. Est-ce alors un hasard si Robert Redford occupe une place de choix dans le casting ? Bien sûr que non.
On pense alors à ces grands films qui jouaient sur un contexte politique brûlant, même si Captain America 2 ne va bien sûr pas aussi loin. On reste dans du pur divertissement. Un divertissement qui ne s’interdit pas de penser de temps à autre et qui a en outre, parfaitement pigé que l’important était de positionner intelligemment ses héros dans un contexte actuel, pour leur conférer un maximum d’épaisseur. À l’instar du récent Skyfall qui interrogeait la figure mythique de James Bond en le mettant face à une menace plus viscérale et perfide et en interrogeant du même coup sa condition, Captain America : Le Soldat de l’Hiver entreprend d’ancrer le héros et les symboles qu’il charrie dans une réalité plus palpable, avec tout ce que cela sous-entend.
Du coup, ce second volet est un pur film d’espionnage. Une sorte de techno-thriller, plutôt sombre, qui envoie du lourd quand il s’agit de passer à l’action. Et de l’action, il y en a des caisses, contrairement à ce qui a pu être écrit ces derniers temps.

Captain America : Le Soldat de Hiver n’oublie donc pas de faire parler la poudre. Anthony et Joe Russo surprennent là-aussi. Ils savent, comme tout un chacun, qu’un film Marvel doit offrir de quoi bondir sur son siège. De quoi justifier son passage dans les salles IMAX et de quoi décoiffer les spectateurs qui viennent avant tout pour en prendre plein la poire. Ici, les frangins signent leur acte de naissance de grands cinéastes bourrins. Bourrins et avisés ! Parcouru de quelques morceaux de bravoure franchement jubilatoires, Captain America 2 exploite la puissance du personnage au bouclier et sait souligner avec audace et virtuosité ses affrontements avec son ennemi, le fameux Soldat de l’Hiver du titre. Lisibles, les séquences explosives sont aussi pour la plupart immersives et volontiers spectaculaires. En se concentrant sur des fusillades ou encore sur des duels mano a mano, les Russo ne marchent pas sur les plates bandes de Whedon et respectent ainsi le caractère plus terre à terre de Steve Rogers. Entre coups de pied frontaux et enchainements mortels dans des espaces plus ou moins réduits, le long-métrage s’apparente à un vrai festin de gourmets. Et encore une fois, parce que c’est suffisamment rare pour le souligner, on arrive à suivre tout ce qui se déroule à l’écran, avec une aisance appréciable. Les coups portent, les gunfights sont chorégraphiés avec goût, et le tout se voit justifié dans une intrigue qui se démarque par un dosage quasi-parfait.
Un dosage où l’humour tient une petite place. Traversé de clins d’œil (donc certains super savoureux), le film reste une œuvre Marvel et l’humour y est évidemment présent. Mais Captain America n’est pas Iron Man. Ici, la blague est plus tacite, plus discrète et la bouffonnerie d’un Tony Stark n’a pas vraiment sa place. Son truc à Steve Rogers, c’est avant toute chose, le bon vieux premier degré. Ça non plus, le film ne l’oublie pas, y-compris quand il s’agit de soutirer au public un sourire ou deux.

Il serait plus qu’exagéré de qualifier Captain America : Le Soldat de l’Hiver de révolution. Le film roule sur une route bien balisée, c’est certain. Le truc, c’est qu’il ne s’en cache pas. Lui ce qu’il cherche, c’est l’efficacité. Il surfe sur les clichés, les utilise à bon escient, rend un hommage ou deux, et tape dans le mille. Parfois prévisible, parfois trop calibré, il met en avant une simplicité qui fait trop souvent défaut à ce genre de blockbuster. Surtout qu’en l’occurrence, tout le monde chante sur la même fréquence. Derrière la caméra et devant. Chris Evans confirme qu’il était le choix idéal pour ce rôle, entre puissance physique et fragilité émotionnelle, il rend son héros attachant ; Scarlett Johansson profite à fond de l’occasion qui lui est donnée d’étoffer sa Black Widow et confère au film un sex-appeal spectaculaire ; Samuel L. Jackson chapeaute toujours avec classe son équipe (et se voit offrir une pure scène d’action des plus mémorables) ; Sebastian Stan fait un méchant solide et charismatique ; Anthony Mackie introduit un nouveau personnage prometteur avec classe ; tandis que Robert Redford personnifie en quelque sorte les nobles influences du long-métrage.

Encore une fois, Captain America prouve que quand il s’agit d’assurer, on peut compter sur lui. Qu’il est l’un des personnages les plus importants et l’un des plus fiables, de l’univers Marvel. Après un Thor 2 plus décevant et bancal qu’autre chose, Cap’ remet les pendules de Marvel à l’heure. Il ravive la flamme et relance la machine. Une machine qui fonce droit devant. Vers Les Gardiens de la Galaxie certes, mais surtout vers Avengers 2 (Age of Ultron), qui s’annonce déjà dans la scène post-générique…

@ Gilles Rolland

Captain America le Soldat de l'Hiver : nouvelles photos-photoCrédits photos : The Walt Disney Company France

Par Gilles Rolland le 23 mars 2014

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paulus
paulus
9 années il y a

bravo gilles pour ton commentaire tu défend bien le film et le raconte bien tj judicieux comme toujour