[Critique] CHRONICLE
Titre original : Chronicle
Rating:
Origine : États-Unis/Angleterre
Réalisateur : Josh Trank
Distribution : Dane Dehaan, Alex Russell, Michael B. Jordan, Michel Kelly, Ashley Hinshaw, Bo Peterson, Anna Wood, Rudi Malcolm…
Genre : Fantastique
Date de sortie : 22 février 2012
Le Pitch :
Trois lycéens se voient dotés de super-pouvoirs après avoir été en contact avec une entité mystérieuse retrouvée dans un sous-terrain, un soir de biture. Le don qu’ils reçoivent les encouragent dans un premier temps à s’amuser et à jouer des tours aux personnes qu’ils croisent. Mais, comme disait Peter Parker : « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». La vie des trois amis évolue désormais autour des ces étranges dons et chacun d’eux entrevoit la chose différemment. Surtout Andrew, qui voit la possibilité de se sortir de la vie qu’il mène, entre un père alcoolique et tyrannique et les incessantes brimades de ses « camarades » de classe…
La Critique :
Hasard du calendrier ou conséquence d’un alignement parfait de quelconques planètes, la même semaine voit sortir dans les salles obscures, deux documenteurs. D’un côté, nous avons le lamentable Devil Inside (critique ici) et de l’autre Chronicle, nébuleux ersatz des films de super-héros mixé à la sauce teen movie. Un film précédé d’une bande-annonce certes appétissante, mais plus ou moins polluée par des relents de buzz programmé pour toucher une large partie des geeks aficionados de réseaux sociaux.
À l’arrivée, le film de Josh Tank est néanmoins une excellente surprise. Tout d’abord par son approche, originale et spectaculaire, puis par sa tonalité, moins putassière qu’à l’accoutumée.
Chronicle s’impose alors comme un film de super-héros atypique. Tout comme l’était Rec par rapport aux autres films de zombies. Ou encore, dans une moindre mesure, comme Cloverfield, dans la catégorie gros monstres destructeurs.
On suit ici trois jeunes ordinaires, obéissant globalement aux clichés en vigueur dans la stratosphère des films pour ados américains. Il y a le bouc-émissaire, le beau gosse et la star du bahut, en lice pour devenir délégué des élèves. Trois figures archaïques vues et revues confrontées à un évènement extraordinaire, qui fera vite d’elles des êtres humains hors du commun.
Josh Tank confronte les genres et tente, par un mélange audacieux de figures de styles, d’offrir aux spectateurs une œuvre à la fois surprenante et résolument fun. Un objectif qui remplit la majorité de ses promesses, il faut bien le reconnaître.
Tout particulièrement grâce à la mise en scène qui, si elle n’offre pas grand chose de nouveau à se mettre sous la dent par rapport aux documenteurs précédents, se charge de prendre le public par la main en renforçant le processus d’identification d’une manière significative. Tout est ici présenté d’un point de vue interne. On suit l’évolution des pouvoirs et on observe in fine leurs effets secondaires sur leurs porteurs. Des porteurs qui réagissent différemment on s’en doute. C’est peut-être là que le bas blesse légèrement. Maitrisé dans son exposition, l’intrigue patine à mi-parcours et ennuie légèrement. Heureusement, la mécanique repart de plus belle lors d’une dernière bobine explosive.
De plus, le réalisateur offre une image plus stable que dans la majorité des documenteurs, ainsi qu’une variété de plans réjouissante. Astucieuse mais relativement classique, la réalisation de Chronicle permet de saisir l’action sans le moindre problème et c’est bien là le principal. La gerbe est toujours tenue à distance, quitte parfois à toucher aux limites de l’exercice (Qui filme ? Pourquoi le type filme tout ? La batterie a-t-elle une autonomie illimitée ? Etc…).
De petits détails qui n’entachent pas le potentiel jubilatoire d’un long-métrage qui ne se prend pas la tête et transcende suffisamment son sujet pour marquer les esprits. De plus, c’est lorsque Chronicle tombe dans le drame fantastique, en abordant les thématiques du deuil et de la perte de l’amitié qu’il acquiert une profondeur inattendue. Josh Tank a bien compris que seuls les effets-numériques ne pouvaient porter un film. Il faut de l’épaisseur et de l’émotion. Des personnages et un script qui tiennent sur autre chose que sur l’effet de surprise. Des objectifs atteints, avec une modestie remarquable à bien des niveaux, pour un film à ranger aux côtés des grandes réussites de la discipline. Une œuvre qui embrasse deux genres sclérosés et qui fait figure de bel hybride. Un hybride qui pourrait servir d’exemple aux nombreux réalisateurs opportunistes qui s’engouffrent avec leur caméscope HD tous les ans dans les salles de montages pour proposer des films de vacances tout nases aux faux airs de films de révolution.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Twentieth Century Fox
En réalité, ‘Chronicle’ est une production rusée qui a su utiliser l’univers des superhéros pour traiter…..de la drogue:
http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/03/26/chronicle-pas-un-film-de-superheros-un-film-sur-la-defonce-230409