[Critique] EQUALIZER

CRITIQUES | 2 octobre 2014 | 4 commentaires
Equalizer-poster-france

Titre original : The Equalizer

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Antoine Fuqua
Distribution : Denzel Washington, Chloë Grace Moretz, Marton Csokas, Melissa Leo, Bill Pullman, Haley Bennett, Johnny Skourtis…
Genre : Thriller/Action/Adaptation
Date de sortie : 1er octobre 2014

Le Pitch :
Robert McCall est un homme paisible. Employé dans un grand magasin de bricolage, il vit seul, aime lire et entretient de très bons rapports avec ses collègues qu’il aide volontiers. Un jour cependant, il fait la connaissance de Teri, une jeune fille forcée de se prostituer pour des gangsters russes plutôt violents, et commence à tiquer. Quand Teri se retrouve sans connaissance à l’hôpital, McCall décide de réagir et réveille la bête qui sommeille en lui depuis trop longtemps. Sous le visage amical de ce monsieur tout-le-monde se cache un homme aux compétences mortelles. Ses ennemis ne vont pas tarder à le découvrir…

La Critique :
Qui se souvient encore d’Equalizer, la série diffusée à l’aube des années 90 sur M6, qui suivait les tribulations d’un ex-agent des services secrets offrant ses talents aux plus démunis face aux pires criminels de la planète ? Si vous avez plus de 30 ans, il y a de fortes chances que vous vous soyez retrouvé devant le show, sans forcement y prêter attention, mais si vous avez moins de 30 ans, le terme equalizer vous évoque certainement davantage quelque chose d’inhérent à la hi-fi. Bref, difficile de parler de démarche opportuniste quand on s’intéresse au nouveau film d’Antoine Fuqua. Culte certes, Equalizer la série, n’en demeure pas moins trop ancienne et ne fait pas partie aujourd’hui, du moins en France, de ces shows qui tournent en boucle à la télévision. Bref, Equalizer n’est pas Magnum, ni L’Homme qui tombe à pic, ni même L’Amour du risque
Quel intérêt donc d’aller déterrer ce feuilleton ? Tout simplement pour utiliser la force évocatrice du propos qui, mise au goût du jour, colle parfaitement avec les canons modernes.
De la série ne reste donc que ce héros quinquagénaire et sa fonction de redresseur de torts. De manière aussi directe que maligne, le film modernise cette figure héroïque crépusculaire et réussit à replacer des thématiques porteuses dans un cadre plus contemporain, propice à une action certes old school, mais bel et bien raccord avec ce qui se fait aujourd’hui et qui parlera donc aux jeunes et autres amateurs de polars burnés.

Un bon point donc pour le long-métrage. Equalizer ne sonne jamais vieillot, même quand il évoque les heures les plus violentes de la saga d’Un Justicier dans la ville, notamment dans la faculté du héros à attirer les emmerdes comme personne, et d’appliquer une justice toute personnelle, tout en restant quand même à la lisière d’un esprit réactionnaire ici contourné de justesse. Dès qu’il passe à l’action et révèle donc qu’il n’est pas qu’un simple employé de magasin, Denzel devient un véritable aimant à embrouilles. Il croise des flics ripoux, tombe nez à nez avec un braqueur… Rien ne lui est épargné et tout est fait pour que l’on comprenne bien que ce type n’est pas comme vous et moi et que quoi qu’il arrive, l’énerver est une grave erreur. Ses compétences sont mortelles. Sorte de Monk (il est un poil psychorigide) croisé avec un Steven Seagal furax, McCall ne fait pas dans la demi-mesure quand sa décision est prise et n’a pas peur de faire front face à toute une organisation d’immondes salopards tatoués.
Difficile d’imaginer un meilleur choix que Denzel Washington pour incarner ce genre de type. Impassible face au danger, mais néanmoins mu par des sentiments bel et bien nobles envers son prochain, le comédien est parfait à plus d’un titre. Charismatique, il impose à l’écran une présence crédible qui ne remet jamais en question le poids de son personnage et la nature de ses actions. En gros, quand Denzel monte dans les tours, on a aucun mal à croire à son côté machine à tuer flegmatique et imperturbable. Chevalier des temps modernes hardcore, son Equalizer est un héros d’un autre âge. Une sorte de desperado « eastwoodien » impitoyable, caché derrière le visage sympathique du mec que l’on côtoie tous les jours, sans se douter qu’il peut mettre la raclée à plusieurs mecs sans leur laisser la moindre chance, en moins d’une minute. Le film lui appartient. Chloë Moretz, une nouvelle fois épatante de maturité et de gravité, ne sert finalement que d’amorce à la quête du héros, tandis que Bill Pullman et Melissa Leo sont surtout là pour donner un peu plus de cachet à un long-métrage débordant de classe. Même sentence pour le méchant en chef, incarné avec jubilation par un Marton Csokas une nouvelle fois très à l’aise dans ses pompes, quand il s’agit de faire souffrir les autres pour attiser la colère d’une justice évoluant en dehors des sentiers battus.

Très simple dans sa structure, basé sur une montée en puissance relativement lente mais on ne peut plus efficace, Equalizer prend son temps pour installer ses enjeux et pour leur donner corps. Au fond, c’est très basique : un gentil se pose seul comme le dernier rempart contre l’immondice de la corruption, de la violence envers les faibles et de tout un tas de trafics. On ne sait rien de lui à part qu’il cache un lourd passé et c’est suffisant pour vibrer. La mise en scène d’Antoine Fuqua, qui mine de rien, n’est pas loin de livrer son meilleur film (après Training Day et La Chute de la Maison Blanche), est stylisée mais pas trop, brutale et lisible. Le cinéaste iconise au taquet Denzel et fait des bastons et autres fusillades de son film autant de moments remarquables de par leur faculté à monter dans les tours sans jamais en faire des caisses.
Vraiment abouti sur plan visuel, contenant des références à la fois inattendues et bienvenues, comme ce clin d’œil à Edward Hopper et son Nighthawks, Equalizer jouit d’une cohérence remarquable. Il ne fait aucune concession et suit un cahier des charges certes balisé par des codes bien connus, mais vraiment redoutable dans son exécution. Un deuxième volet est en route et c’est tant mieux !

@ Gilles Rolland

Equalizer-WashingtonCrédits photos : Sony Pictures Releasing France

Par Gilles Rolland le 2 octobre 2014

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Karl Libus
Karl Libus
9 années il y a

Equalizer, je me souviens très bien de la série de l’époque, musique de Steward Copland d’ailleurs.

Karl Libus
Karl Libus
9 années il y a

Vu le film, tout à fait d’accord avec toi, j’ai kiffé!!!! 😉