[Critique] FRANKENWEENIE

CRITIQUES | 31 octobre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Frankenweenie

Rating: ★★★★☆ (moyenne)
Origine : États-Unis
Réalisateur : Tim Burton
Distribution voix : en V.O. : Charlie Tahan, Martin Short, Catherine O’Hara, Martin Landau, Winona Ryder…
Genre : Épouvante/Fantastique/Comédie/Animation
Date de sortie : 31 octobre 2012

Le Pitch :
Un jeune garçon solitaire et fan de films d’horreur ramène son chien mort à la vie, semant une belle pagaille dans sa ville proprette et tranquille…

La Critique (Sacha) Rating: ★★★★☆ :
Depuis deux films, Burton déçoit. Il s’approprie des univers qui n’ont, certes, pas manqué de l’inspirer étant jeune, mais il perd quelque chose en route. Alors lorsqu’il annonce la sortie, quelques mois après le décevant Dark Shadows d’un autre film en stop-motion, les fans tendent l’oreille. En effet, ce procédé a fait la légende du monsieur bizarre, il est d’ailleurs peut-être son mode d’expression artistique favori. Du coup, comme il s’agit d’un remake d’un court-métrage de jeunesse (1984), on se dit qu’il a mis en application la phrase back to basics. Mais ne faisons pas durer le suspens, le retour aux sources, ou au bercail, c’est selon, est réussi !

Avec son intrigue hommage au Frankenstein des années 30, ses clins d’œil dans tous les sens, sa ménagerie de personnages/créatures déjantés, le bonhomme nous rappelle que bien des choses peuvent sortir de son esprit aussi tourmenté que fécond. On s’amuse à voir comment il nous offre une vraie relecture du classique, jusque dans son sous-propos, en brisant le côté moralisateur de l’original et en nous donnant une vision plutôt lucide de la science et de ses dérives, tout en restant fun et en jouant sur le décalage, sa meilleure arme. Il met vraiment de lui dans Frankenweenie. Comment ne pas voir en Victor (un nom souvent employé dans ses films…) une version enfantine et embryonnaire de Burton ? Il réalise aussi des films en stop-motion dans son grenier et est « à part », sans amis, en dehors de Sparky (équivalent anglo-saxon de Fido chez nous), son chien. La thématique du chien mort se faisait souvent une petite place dans ses précédents films, elle est ici au cœur de Frankenweenie et est émouvante sans être neu-neu. Soulignons d’ailleurs l’animation remarquable des toutous et autres bestioles à poils et plus si affinités qui peuplent le film (mention spéciale au terrible Monsieur Moustache). On croise d’autres personnages drôles, certains doucement clichés (le japonais sournois est assez drôle), un sosie de Boris Karloff qui va au bout de sa démarche, une fille bizarre effrayante et un alter-ego féminin de Victor doublé par Winona Ryder. Une galerie assez burtonienne en somme, même si la famille de Victor sort un peu des clous laissés par les précédents films. On retrouve Danny Elfman à la musique et ça marche toujours du feu de Dieu !!

Bref, en liant films de monstres, Frankenstein, et son univers propre, il nous offre un beau film et un bel hommage à son compagnon à quatre pattes disparu quand il était jeune. Car la magie du cinéma de Tim Burton, c’est un monstre de Frankenstein, un mélange improbable et morbide, qui tient en place grâce à sa passion et à sa fantaisie, et au pouvoir de son imagination.

@ Sacha Lopez

La Critique (Audrey) Rating: ★★★★☆ :
On l’aura attendu longtemps, la dernière réalisation de Tim Burton, et plus l’attente est longue, plus l’on est exigent envers un film.

Frankenweenie, est à l’origine un court-métrage en noir et blanc, qui a été réalisé par Mr Burton, en 1984. C’est un excellent court qui transmet beaucoup de compassion, d’amour et de solidarité, et en plus il est drôle ! Le personnage principal était interprété à l’époque, par le jeune acteur Barret Oliver, héros du film L’Histoire sans fin!

Burton a repris les mêmes postulats, et en a fait un film d’animation, pour les studios Disney. La bande-annonce augurait quelque chose d’excellentissime, et ma patience tenait dans un mouchoir de poche. Enfin vu, Frankenweenie n’est pas décevant en globalité, et il relève même de nombreux défis. L’esthétisme est tout simplement magnifique, comme toutes les œuvres de Burton, pour ceux qui connaissent de près ou de loin son travail. On retrouve la technique du stop motion, déjà utilisée pour Les Noces funèbres entre autres. C’est soigné, minutieux, chaque détail est important. Le fait que le noir et blanc ait été maintenu est un choix artistique fort judicieux. Cette touche contribue à l’esthétisme sombre de l’œuvre. Sombre car l’histoire est directement inspirée -on peut parler d’hommage- du Dr Frankenstein et de sa créature. On en retrouve les codes et de nombreuses références et d’ailleurs, dans le premier Frankenweenie, la famille a carrément pour nom de famille Frankenstein, et le titre Frankenweenie a lui seul est significatif.

Le scénario qui était pourtant brillant et efficace dans le court-métrage, souffre ici de quelques longueurs. Ça rame un peu, bon… seulement un peu, car c’est loin d’être ennuyeux, ça se laisse regarder avec plaisir tout le long. Il y a un point utile à soulever et je pense que c’est justifié au vue des nombreuses critiques émises à l’encontre du réalisateur depuis des années. Le souci avec Tim Burton, c’est que l’on a l’impression qu’il ne se focalise plus désormais, que sur la partie esthétique de ses œuvres. Une qualité esthétique magnifiquement soignée donc, mais dorénavant, moins bien appuyée par une réflexion profonde et une émotion authentique. Tout ceci peut paraître très subjectif, mais quand on voit des films comme Charlie et la chocolaterie ou encore Big Fish, on se dit que Burton sait allier savamment magnificence de l’esthétisme et émotion profonde. Pour en citer un dernier dans la catégorie des très bons, on observe également, que Les Noces funèbres qui utilisait la même technique du stop motion, offrait un message profond amené par une émotion puissante. Puis avec Alice aux Pays des merveilles et Dark Shadows par exemple, force est de constater que l’accent est mis sur l’esthétisme, mais que niveau scénario et profondeur c’est assez vide. Je me suis épargnée la souffrance d’aller voir sa production Abraham Lincoln : chasseur de vampires, dont il n’est cependant pas le réalisateur.

Pour en revenir au principal intéressé, à savoir Frankenweenie, le souci qu’il a, à mon sens, c’est principalement son manque d’émotion. J’aurais apprécié quelque chose de plus profond et spirituel. Le court-métrage de 1984, possède de belles valeurs bien palpables, comme l’entraide et la générosité, que l’on ne retrouve que très difficilement dans la version 2012. C’est une version destinée principalement aux enfants me direz-vous, mais Tim Burton a déjà réalisé des films destinés à un public jeune, et ça sonnait différemment.

Quant à la 3D, sans être merveilleuse, elle n’est pas si mal réussie, on peut voir quelques subtilités appréciables. Côté inventivité, le hic, c’est que l’on observe que le réalisateur prodige, utilise les mêmes personnages récurrents sans trop se fouler, on prend les mêmes et on recommence ! Pour sa défense, on peut stipuler qu’il a commencé à créer son univers il y a un bon moment de cela !

Non, vraiment Burton a perdu quelque chose, et quelque chose de fondamental. Il a perdu une partie de son identité. Il fut une époque où il avait quitté les Studios Disney pour cause de mésententes artistiques, car il considérait son travail sans concession. On a l’impression que cette époque de l’âge d’or Burtonien est révolue car Frankenweenie, nous offre un final « disneyifié » à souhait. Le but ici, n’est pas de faire un procès à Tim Burton ni à Disney d’ailleurs, mais uniquement de dresser un parallèle avec l’argent et les dégâts qu’il peut causer à l’industrie cinématographique, et à l’art plus largement. Tim Burton reste un créateur de génie, et Disney une source d’inspiration inépuisable, qui par le passé, a produit des chefs-d’œuvres incontestables.
D’ailleurs, je maintiens que Frankenweenie est bon en globalité. Les doubleurs sont doués, la relation d’amitié entre le petit garçon et son chien est attendrissante, et il y a de nombreuses touches d’humour. C’est fort agréable, car on ne peut s’empêcher d’avoir un sourire béat sur le visage. En somme, on passe un bon moment. Cela reste un beau film d’animation qui vole bien au dessus de toute les mauvaises productions du genre, qui pullulent dans nos cinémas. Cela reste une œuvre à part, remplie de poésie et de beauté. Seuls manquent une pincée d’intense émotion et une profondeur authentique.
On espère que Tim Burton est sur la bonne voie, et va enfin retrouver son mojo.

@ Audrey Cartier

Crédits photos : The Walt Disney Company France

Par Sacha Lopez le 31 octobre 2012

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