[Critique] GANGSTER SQUAD
Titre original : Gangster Squad
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ruben Fleischer
Distribution : Ryan Gosling, Josh Brolin, Sean Penn, Emma Stone, Anthony Mackie, Robert Patrick, Nick Nolte, Josh Pence, Giovanni Ribisi, Mireille Enos, Michael Peña, Frank Grillo, Holt McCallany, Sullivan Stapleton, James Carpinello…
Genre : Policier/Action/Drame/Adaptation
Date de sortie : 6 février 2013
Le Pitch :
1949, Los Angeles : Mickey Cohen, un parrain de la mafia aux méthodes sauvages, tient toute la ville sous sa coupe, y-compris la police, les juges et les politiciens, qui ferment les yeux sur ses forfaits criminels. Tout puissant, Mickey Cohen est néanmoins dans le collimateur de Bill Parker, l’un des rares policiers intègres de Los Angeles, qui décide de recruter une escouade de policiers, afin de faire tomber cet empire du crime…
La Critique :
Un vrai film de mec. Le genre de type qui les a tellement grosses qu’elles touchent par terre. Le genre de type qui tire et réfléchit après et qu’un badge de flic n’arrête pas quand il s’agit de faire régner la justice au sein d’une société sclérosée par le crime. Les membres du Gangster Squad, une unité secrète de la police lancée sur les traces d’un ancien boxeur devenu caïd surpuissant, sont de cette trempe. Il y a le chef, un futur père de famille qui défend à coups de poing et de feu la veuve et l’orphelin, joué à la perfection par un Josh Brolin solide ; l’expert en écoute téléphonique, campé par un Giovanni Ribisi à fleur de peau ; le cow-boy nostalgique d’OK Coral, interprété par le jubilatoire Robert Patrick ; le policier intègre que rien n’arrête, joué par Anthony Mackie impeccable ; celui que personne ne connait mais qui envoie du lourd, interprété par le très fréquentable Michael Peña ; et le jeune premier tête brûlée campé par Ryan Gosling. Des hommes de loi, tous calqués d’une façon ou d’une autre sur une figure de style bien connue du cinéma américain, garants d’une classe que n’aurait pas renié Bogart. Des incorruptibles à la Elliot Ness, à la poursuite d’un pourri du genre d’Al Capone.
On connait la chanson ? Oui, mais ici, c’est un peu différent. Pas beaucoup, mais un petit peu quand même…
Le truc, c’est que le réalisateur, Ruben Fleischer, vient de la comédie fusion. À savoir, ces comédies qui font rire, mais pas que, en mixant le genre avec un autre genre justement. Par exemple, Bienvenue à Zombieland mélangeait l’horreur et la comédie et son précédent, 30 Minutes maximum, la comédie, avec le thriller. En soi, rien d’inédit, mais dans le cas de Gangster Squad, on peut affirmer que cette tendance à vouloir faire bosser les zygomatiques, permet au film de se démarquer des classiques du genre, Les Incorruptibles en tête, mais aussi Des Hommes sans loi.
Certes, le mélange n’est pas tout le temps homogène et on tombe ici ou là sur quelques grumeaux. Certaines scènes, comme celle du braquage foiré, tombent un peu à plat, tandis que d’autres, fonctionnent à plein régime, à l’image de cette hilarante évasion commandée par un Robert Patrick génialement stoïque. Dans tous les cas, c’est appréciable, car la démarche permet de donner une identité à part au film, tout en offrant un poil de légèreté à un récit néanmoins généreux en situations des plus sombres. Pas de quoi fouetter un chat, même si le long-métrage aurait gagné en profondeur et en gravité crépusculaire si l’humour décalé s’était fait plus discret.
Autant être prévenu, car là est le secret de la performance « bigger than life » de Sean Penn, en roue libre et pour le moins savoureux dans les frusques du parrain sadique.
Adapté d’un livre de Paul Lieberman, relatant une histoire vraie, Gangster Squad se pose comme un très bon divertissement, quelque-part entre Les Incorruptibles et Dernier Recours, de Walter Hill. Reposant sur un travail de reconstitution des plus brillants, le film pêche par contre au niveau de la mise en scène, parfois datée et tape à l’œil. La faute à de trop nombreux ralentis, lors des gun fights, où les douilles tombent sur le sol et où les visages et les muscles se déforment. On pense alors à Matrix et on se dit qu’en 2013, une telle insistance à faire appel à certains effets n’est décidément pas indispensable.
Plus léger que prévu et bien sûr tiré vers le haut par son casting aux petits oignons, remplit de vrais gueules de cinéma et « glamourisé » par une Emma Stone sublime et vénéneuse, Gangster Squad a le cul entre deux chaises, mais évolue néanmoins dans un constant soucis d’efficacité. De quoi faire passer les fautes de goûts comme une lettre à la poste, même si on est clairement un cran en dessous du grand film de mafia que Gangster Squad aurait pu être. Ici, les clichés règnent en maître, mais ont du style. Et le style, c’est souvent ça qui fait la différence.
À noter l’absence au montage de la fameuse scène de la fusillade dans un cinéma, remplacée par une autre séquence (d’ailleurs très réussie), suite au drame d’Aurora.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France