[Critique] HARDCORE HENRY

CRITIQUES | 14 avril 2016 | Aucun commentaire
Hardcore-Henry-poster

Titre original : Hardcore Henry

Rating: ★★☆☆☆
Origines : États-Unis/Russie
Réalisateur : Ilya Naishuller
Distribution : Sharlto Copley, Danila Kozlovsky, Haley Bennett, Tim Roth…
Genre : Action
Date de sortie : 13 avril 2016

Le Pitch :
Henry se réveille dans un sale état. La femme qui se présente à lui et qui lui greffe un bras et une jambe bioniques, affirme être son épouse. Rapidement, alors que Henry tente de comprendre ce qui lui arrive, des hommes armés font irruption et tentent de le tuer. Néanmoins, il parvient à s’échapper mais sa belle se fait kidnapper. Dès lors, avec l’aide d’un étrange personnage, Henry n’aura de cesse de retrouver la femme de sa vie et de faire payer ceux qui ont osé s’attaquer à lui. Pour cela, ses super-capacités ne seront pas de trop…

La Critique :
Hardcore Henry a entièrement été filmé à la première personne, grâce à des caméras GoPro placées au niveau du visage du réalisateur, qui interprète donc le personnage principal. Pour l’occasion, il paraît logique de parler du film via une critique à la première personne :

Hardcore Henry… Un titre plein de promesses pour un film qui s’est annoncé au fil de trailers furieux et pour le moins intriguants. Avant de me rendre dans la salle, la fille chargée de contrôler les entrées me demande si j’ai mangé, car visiblement, le spectacle que je m’apprête à voir s’avère être plutôt gerbant. Assis bien confortablement, avec une poignée de mes semblables durant à la séance de 18h, je me dis qu’au fond, Hardcore Henry pourrait être une bonne surprise. Une sorte de pure expérience viscérale et violente comme on en voit peu. Un peu plus d’1h30 plus tard, le constat est pourtant sans appel : ce film n’est pas très bon. Mais je vais rentrer dans les détails.

Hardcore-Henry

Gros fan du jeu-vidéo Halo, le réalisateur a souhaité transposer la même dynamique au cinéma. Ce n’est pas le premier mais ce genre de spectacle est rare. Dans un truc pareil, l’immersion se doit d’être au rendez-vous. Après tout, c’est un peu le but de la manœuvre non ? Se mettre dans la peau d’un héros histoire de prendre en pleine poire tout ce qu’il prend en pleine poire et d’ensuite corriger les méchants tout en réussissant à sauver la princesse enlevée par un ignoble salopard. Dans Hardcore Henry, c’est d’ailleurs rigolo, il suffit de remplacer le bad guy un peu albinos par un dragon, le sosie de Jennifer Lawrence par une princesse à robe rose et le héros par un plombier et on obtient Mario Bros à la sauce John Woo. En gros, ici, le scénario ne s’embarrasse pas avec d’originalité. Mais au fond, ce n’est pas non plus ce que j’attendais. Quand le show est total, le fait que le script soit famélique ne me gêne pas. Pour preuve, je voue un culte à Commando.
Pour autant, Hardcore Henry, si il ne raconte rien de passionnant, peut aussi s’avérer parfaitement crétin. Cette histoire de types moitié humains, moitié robots, ne fonctionne pas du tout. À vrai dire, j’ai surtout trouvé ça ridicule. Contrairement à RoboCop ou à tous les bons films de science-fiction utilisant les mêmes ressorts qui ont pu inspirer Ilya Naishuller, la magie n’opère pas. Dans Hardcore Henry, j’ai surtout vu un mec qui se bastonnait au sein d’une histoire complètement absurde, dont les rebondissements s’avèrent étrangement éventés. Aucune émotion non plus. Raté. Et pour l’humour ce n’est pas mieux. J’ai peut-être souri à deux ou trois reprises, mais au fond, j’ai surtout passé mon temps à bailler en regardant ma montre. Mais je vais revenir sur le caractère ennuyeux du métrage.

Je fais donc un bilan à mi-parcours : Hardcore Henry raconte une histoire anecdotique, il le fait mal, n’est jamais marrant et se vautre dès qu’il essaye d’instaurer un semblant de suspens ou de tension. Ok, tout ceci peut également ne pas être vraiment gênant si on sait, comme ici, à quoi s’attendre. Ilya Naishuller a tout misé sur le spectacle. La première personne, tout ça. Comme dans un jeux-vidéo.
Et justement, passé le premier quart d’heure, une impression demeure. Surtout si, comme moi, vous avez joué (et à plus forte raison si vous le faites toujours) aux jeux-vidéos. À Half-Life mais aussi à Doom, Hexen, Medal of Honor, Far Cry, et tous les hits du FPS, peu importe. Devant Hardcore Henry, j’ai retrouvé une sensation qui m’étais familière. Celle de regarder une cinématique introductive, précédant une phase de jeu. Une introduction d’1h30. Finalement, on se surprend presque à chercher la manette pour appuyer sur start, afin d’enfin pouvoir prendre le contrôle de ce type et botter le cul à quelques bad guys. Mais bien sûr, Hardcore Henry n’est pas un jeu. C’est un film. Enfin, il faut le dire vite hein…

Je reconnais en revanche une qualité à Hardcore Henry : il est vraiment hardcore. Bas du front, ce qui peut être une qualité pour un film d’action qui s’assume (mais ici, ce n’en est pas une), le métrage va au bout de ses intentions sur un plan strictement visuel. Bien bourrin, il multiplie les morceaux de bravoure visuels, animé d’une outrecuidance rare et cherche absolument à imposer ce qu’il estime être une maestria qui ressemble davantage au final à la poudre que ceux qui n’ont rien à dire balancent à la face de leur public. Grand amateur de trips bourrins (je le répète, j’adore Commando), j’aurais en tout logique du prendre mon pied devant cette gigantesque course-poursuite, mais en fait non. Hardcore, Henry l’est assurément, mais il pédale aussi dans la choucroute. Il s’agite dans le vide. Au bout d’une demi-heure, cette orgie m’est apparu comme terriblement vaine. Certes parfois un peu surpris par le jusqu’au-boutisme d’un réalisateur qui n’hésite pas à proposer des scènes extrêmement gores, j’ai surtout trouvé que ce qui se déroulait à l’écran échouait quasi-systématiquement à toucher sa cible. Henry vise bien, mais son film met à côté. Sharlto Copley, un acteur que j’adore, en fait des tonnes dans un rôle plus mal écrit c’est pas possible, et Tim Roth vient montrer sa tronche burinée dans une seule scène, par ailleurs présente dans le trailer. Et puis tant que j’y suis, autant souligner le fait que tous les acteurs jouent comme des truffes pour la simple et bonne raison que leurs rôles ne riment à rien.
En gros, j’ai eu l’impression que Ilya Naishuller n’avait retenu qu’un seul truc de Half-Life qui je le rappelle, est sa principale référence. Un seul truc donc à savoir, la vue à la première personne. La violence aussi. Autour du concept, qu’il maîtrise, sur un plan technique, relativement bien, sans que ce soit la fête du slip non plus, le cinéaste russe brode mais trahit surtout une incompréhension totale des codes qui régissent le genre.

Alors oui, j’aurai pu tout à fait vibrer en entrant dans la peau d’un mec lancé dans une quête vengeresse sanglante. J’aurais pu, si Hardcore Henry avait duré 20 minutes. À la place, il dure 1h34. Là où d’autres verront un truc irrévérencieux, moi, je n’y ai vu que du vent. Selon moi, Hardcore Henry ne fonctionne jamais vraiment, car il repose sur une seule idée. Un peu comme ces found footages qui ne s’appuient que sur la technique de la caméra portée. Il s’agit d’un pur exercice de style, plutôt moche, de mauvais goût, tapageur et gonflant. Alors oui, il y a les plans-séquences, la technicité, etc… mais il manque l’étincelle. En tout cas, pour moi. L’étincelle qui m’a empêché de ne pas penser à faire la vaisselle en rentrant ou de céder à un léger endormissement à quelques reprises…
Et qu’en est-il de l’avertissement de la fille du cinéma ? Vous savez, celle qui m’avait demandé si j’avais mangé ? Et bien oui, Hardcore Henry est un peu gerbant, c’est vrai. Même si au fond, c’est une question d’habitude. Le plus gênant, comme dans les found footages les plus bâclés, c’est que bien souvent, l’action est illisible. Et ça, c’est beaucoup plus embêtant quand on parle d’un métrage vendu sur un argument unique. Ça, et le fait de ne jamais trouver cette satané manette pour enfin commencer à jouer et mettre fin à cette cinématique lourdingue et prétentieuse.

@ Gilles Rolland

Hardcore-Henry-Sharlto-Copley  Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 14 avril 2016

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