[Critique] HELLO LADIES : LE FILM
Titre original : Hello Ladies : The Movie
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Stephen Merchant
Distribution : Stephen Merchant, Christine Woods, Nate Torrence, Kevin Weisman, Stephen Tobolowsky, Sean Wing, Nicole Kidman…
Genre : Comédie
Date de sortie : 22 décembre (sur OCS)
Le Pitch :
Rien n’a vraiment changé pour Stuart. La quête du grand amour se poursuit à Los Angeles pour celui qui rêve de se balader au bras d’un mannequin histoire d’impressionner ses proches. Un objectif qui devient encore plus urgent quand il apprend la venue en ville d’un couple d’amis, auquel il veut absolument en mettre plein la vue. Sa colocataire, Jessica, est quant à elle en plein questionnement existentiel, notamment au sujet de sa laborieuse carrière d’actrice…
La Critique :
Un an s’est écoulé depuis les événements qui ont clôturé la première et dernière saison de Hello Ladies, la série, produite, en partie réalisé, et écrite par Stephen Merchant. Stuart, le personnage principal est de retour pour un ultime baroud d’honneur, et pour lui, l’important est toujours de sauver les apparences en parvenant à sortir, si possible longtemps, avec un mannequin en vue.
HBO a tenu a faire les choses dans les règles. Non Hello Ladies n’a pas rempli les objectifs d’audience, mais oui, la série méritait bien une conclusion digne de ce nom. Alors certes, ce téléfilm n’atténue pas complètement la déception de ne pas voir débouler plusieurs autres saisons sur les ondes, mais au fond, il faut quand même se dire, que c’est mieux que rien, car la démarche, plutôt généreuse, n’est pas si courante au pays si impitoyable des fictions télévisuelles, dont la survie dépend toujours du taux d’audience.
Une année s’est écoulée depuis le dernier épisode. Au fond, rien n’a vraiment changé dans le vie de Stuart, le célibataire qui se rêve homme à femmes. Tous les autres personnages ont rempilé, de Jessica la colocataire irrésistible, à Wade le meilleur ami fidèle, en passant par Kives, le séducteur désinhibé. Les repères sont donc bien là, tout comme l’ambiance, qui facilite l’immersion, d’autant plus renforcée par le bonheur inhérent à ces ultimes retrouvailles.
La série est parvenue, en seulement 8 épisodes, à construire un univers attachant, porté par des personnages encourageant l’empathie, le rire et l’émotion. Réussite totale de HBO, malheureusement condamnée, Hello Ladies arrive, avec ce film, à renouer avec sa verve, en seulement quelques minutes, avant de proposer une intrigue savoureuse, dont l’objectif principal est bien entendu, d’amener doucement la conclusion. Pour autant, Hello Ladies : le film ne tient pas vraiment de l’épilogue, car il prend le temps de raconter une vraie histoire, qui en temps normal, aurait pu tenir sur plusieurs épisodes, avant d’en profiter, lors du dernier quart-d’heure, pour organiser les adieux de Stuart, de Jessica et des autres, l’air de rien, avec beaucoup de naturel et de respect, et, sans vouloir trop déflorer l’intrigue, en nous offrant ce que nous sommes venus chercher.
Depuis ses débuts portée avec une énergie admirable et une inspiration débordante par le génial Stephen Merchant, l’une des forces brutes de la comédie (accessoirement un proche de Ricky Gervais), la série continue ici de faire preuve d’un humour absolument redoutable, sans oublier de distiller une belle émotion, soulignée par les circonstances particulières de ce dernier gros épisode.
Hello Ladies la série est l’une des séries les plus drôles jamais produites à la télévision et en toute logique, Hello Ladies : le film est au diapason. On rit souvent et beaucoup, en appréciant que le scénario ne se moque jamais de ses personnages qu’il prend le temps de brosser afin de leur donner une véritable consistance.
Au centre de l’intrigue, Stuart et Jessica continuent à leur façon de se chercher, tout en voyant leur route se croiser et s’entrecroiser régulièrement. La dynamique fonctionne à plein régime, tout comme la verve de Merchant, toujours très aiguisée et pertinente quand il s’agit de s’intéresser à des personnes en marge, d’une façon ou d’une autre. Britannique tout comme son personnage, Stephen Merchant jette un regard très réaliste sur l’American Way of Life de la côte ouest, basé principalement sur les apparences. Sa vision des choses est caractérisée par une ironie cinglante jamais vraiment cruelle et pleine de bon sens.
Merchant toujours, omniprésent, est à nouveau excellent dans un rôle parfaitement étudié pour souligner les thématiques abordées par le récit. Charismatique, dévoué corps et âme à son personnage, il est tout bonnement génial. Dans le rire et dans l’émotion, à la fois superficiel, complexe, tendre, drôle et touchant. Christine Woods, vue entre temps dans la cinquième saison de The Walking Dead, impose un personnage très réaliste, en pleine crise de la trentaine. Charismatique et sexy, l’actrice ne tombe pas dans les pièges faciles et permet d’offrir à la série un vrai portrait de femme moderne, venant nourrir la richesse de l’ensemble. Idem pour Nate Torrence, parfait à nouveau dans les pompes du meilleur ami Wade, plus émouvant que jamais.
Visité par des guests de choix (Stephen Tobolowsky et Nicole Kidman… si si!), Hello Ladies : le film est une réussite totale. Le seul hic, qui n’en est pas vraiment un, c’est qu’il s’agit davantage d’un long épisode, que d’un véritable long-métrage, en cela qu’il n’obéit pas à la règle d’or qui veut qu’une adaptation cinématographique d’une série, se doit de pousser tous les compteurs dans le rouge, ou pas loin. Ici, rien ne bouge (et c’est bien). Le générique est le même et finalement, outre le fil rouge dont nous ne dévoilerons rien (même si il reste prévisible, ce qui est normal vu l’enjeu principal), ce sont surtout de petites sous-intrigues qui se télescopent. Un peu comme si Merchant avait compressé, très habilement cela dit, plusieurs idées, qui se seraient retrouvées dans de nouvelles saisons si le show avait été renouvelé par HBO. Une démarche salutaire et bénéfique traduisant le désir de Merchant de rester fidèle aux idéaux de la série, la sachant quoi qu’il en soit condamnée et donc imperméable aux sanctions liées à l’audience.
Cependant, aussi bon soit-il, Hello Ladies : le film n’efface pas complètement l’amertume de voir se terminer l’une des meilleures séries de ces dernières années. À l’instar de chefs-d’œuvres de la TV comme Spaced ou Freaks and Geeks, Hello Ladies a fait les frais d’une dynamique tragiquement liée à l’argent. Mais ce long-métrage fait, comme indiqué plus haut, les choses correctement. Il boucle la boucle avec classe et offre une belle sortie à des personnages amenés à nous manquer. Reste plus qu’à dégoter le DVD pour voir et revoir les jubilatoires aventures amoureuses du plus grand séducteur de la Cité des Anges…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : HBO / OCS