[Critique] HORS DE PORTÉE
Titre original : Beyond The Reach
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jean-Baptiste Leonetti
Distribution : Michael Douglas, Jeremy Irvine, Hanna Mangan Lawrence, Ronny Cox…
Genre : Thriller/Adaptation
Date de sortie : 19 octobre 2015 (DTV)
Le Pitch :
Madec, un riche homme d’affaires, se rend dans le désert de Mojave pour s’offrir une partie de chasse, afin d’ajouter à sa collection un trophée particulièrement convoité. Il engage alors Ben, un jeune pisteur qui connaît la région comme sa poche. Sur place néanmoins, les choses tournent vite au vinaigre quand Madec tire accidentellement sur un homme, le tuant sur le coup. Il propose alors d’acheter le silence de Ben avec une importante somme d’argent. Cependant, le jeune homme refuse. Madec décide alors de le faire disparaître…
La Critique :
C’est plus d’un an après sa présentation au Festival du Film de Toronto que Hors de Portée arrive chez nous, en passant par la petite porte, sans bénéficier d’une sortie dans les salles de cinéma. Remake de Savages, un téléfilm de 1974, lui-même adapté d’un roman de Robb White, ce film met donc en scène Michael Douglas dans un rôle semble-t-il taillé sur mesure.
Il est clair dès le début que son personnage est une enflure. Avec sa grosse bagnole hors de prix, son désir d’accumuler les têtes d’animaux morts dans son salon et ses armes de chasse de destruction massive, il ne dupe personne. Arrogant, il regarde de haut les hommes qu’il paye pour assouvir sa soif de sang. Pour lui, le désert de Mojave est un immense terrain de jeu. Pour son guide en revanche, le désert est un foyer qu’il faut respecter. On le sait, ils sont destinés à s’affronter. D’un côté l’argent et la condescendance, et de l’autre le savoir et la morale. Hors de Portée ne cherche pas à révolutionner quoi que ce soit. Lui ce qu’il cherche, c’est l’efficacité brute.
Mettez deux gars dans un désert, accablés par le soleil le jour et par le froid la nuit. Armez-les et saupoudrez le tout de quelques dollars. Une seule étincelle peut suffire à tout embrasser et à transformer une virée de quelques heures, en cauchemar sans fin. Buriné et aride, Hors de Portée se place dans le sillage de ces survivals violents, épurés à l’extrême. Étrangement, le long-métrage évoque (notamment) Razorback, de Russell Mulcaly, dans lequel un sanglier géant mettait la misère à des australiens devenus revanchards. Surtout toute la partie désertique, durant laquelle le protagoniste principal erre dans le désert. Ici, Michael Douglas et Jeremy Irvine chassent une bête, mais celle-ci est pour le moins absente de l’équation. Elle le devient en tout cas quand Douglas bute un mec en croyant tirer sur la proie qu’il recherche. Ses objectifs changent mais pas sa nature. Douglas, comme dans nombre de ses films, incarne à nouveau un prédateur. Une sorte de déclinaison du Gordon Gecko de Wall Street, doté d’un gros flingue. Un carnassier acculé par la perspective de se retrouver en taule pour avoir enlevé la vie à un autre homme qu’il considère de toute façon comme un moins que rien.
Classique dans sa progression, et indéniablement tiré vers le haut par le charisme d’un Michael Douglas en pleine forme et par un Jeremy Irvine plus badass qu’à l’accoutumé (ce qui lui va plutôt bien), Hors de Portée rappelle donc de nombreux autres films, dont certains ont su marquer l’histoire du cinéma. Ce n’est pas le cas ici, mais la démarche ne manque pas pour autant de panache.
Réalisé par le français Jean-Baptiste Leonetti, connu jusqu’alors pour Carré Blanc et Le Pays des ours, Hors de Portée jouit de son sens du cadre et de son œil affûté, quand il s’agit de réduire à la fois les limites du désert pour accentuer la pression, sans amoindrir la dangerosité qui peut se dégager du lieu. Haletant, n’évitant pas tous les clichés et les facilités du genre, mais suffisamment exalté pour convaincre dans sa globalité, le film se distingue de plus par un esprit « vintage » plutôt appréciable. Alors oui, ce n’est certes pas du niveau d’un Mad Max ou d’un Delivrance, mais l’exécution brute, les comédiens investis et la tonalité âpre suffisent à en faire une œuvre recommandable à plus d’un titre.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport