[Critique] HUNGER GAMES – LA RÉVOLTE : PARTIE 1
Titre original : The Hunger Games – Mockingjay : Part 1
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Francis Lawrence
Distribution : Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Woody Harrelson, Elizabeth Banks, Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman, Jeffrey Wright, Josh Hutcherson, Donald Sutherland…
Genre : Science-Fiction/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 19 novembre 2014
Le Pitch :
Katniss Everdeen se réveille dans le District 13 après avoir détruit l’arène des Hunger Games. Sa convalescence lui permet de faire connaissance avec les dirigeants du centre, qui espèrent se servir d’elle pour galvaniser les troupes afin de mener l’assaut final contre le tout puissant Capitole. Dans un premier temps indécise, et surtout inquiète pour Peeta, resté entre les mains du Président Snow, Katniss finit par embrasser sa destinée devant les horreurs perpétrées par ce régime totalitaire…
La Critique :
Plus de combats dans l’arène. Ce qui constituait le lieu principal des deux premiers volets n’est plus. Katniss a tout fait péter, souvenez-vous. Après tout, ce n’était que l’année dernière que nous assistions aux deuxième joutes de la jeune héroïne et de son ami, bien déterminés à mettre un point final à ce spectacle de mort, ultra aseptisé à l’écran.
Mais que faire de Katniss maintenant qu’il n’y a plus de Jeux ? Maintenant que les Hunger Games ont fermé boutique ? La réponse est simple : propulser la belle à la tête de la « révolte » du titre de cette conclusion divisée en deux parties, histoire de faire un max de pognon. Pourquoi en effet se contenter de simplement adapter le dernier volet de la saga littéraire de Suzanne Collins quand on peut multiplier les profits par deux ? Le truc qui cloche -et c’est visible très rapidement- c’est que le livre n’en demandait pas tant. C’est bien joli de broder, mais encore faut-il savoir se servir d’une aiguille. Peter Jackson a certes tiré trois (longs) films du roman Bilbo le Hobbit, qui ne fait pas 400 pages, mais pour cela, il est allé puiser ailleurs et a fait preuve d’inspiration et de respect envers Tolkien et ses personnages. Francis Lawrence et ses producteurs n’ont rien fait de tel pour Hunger Games. Leur manigance est bête et méchante et consiste davantage à prendre des éléments charnières du récit et à les étirer jusqu’à obtenir un machin qui puisse tenir dans une salle de cinéma. Un constat impitoyable mais réaliste, pour un film poussif et surtout extrêmement barbant.
Le premier volet était nerveux mais filmé à l’arrache et surtout très laid. Le second durcissait un peu le ton, faisait preuve d’un peu plus de maîtrise, tout en conservant les travers qui font tragiquement de la série ce qu’elle est. Le troisième épisode lui, annonce la fin. Toute l’action que vous pourrez voir à l’écran -comprendre par là les combats et autres explosions- est déjà dans la bande-annonce et tout se résume finalement à une succession de joutes verbales mollassonnes, basées sur un seul et même enjeux exploité jusqu’à plus soif.
Un titre du genre Hunger Games : Convalescence aurait alors été plus approprié à ce film incroyablement opportuniste, dans lequel il ne se passe vraiment pas grand chose digne d’intérêt.
Certes, cette fois, la violence est plus appuyée car on veut bien nous faire comprendre que la saga grandit avec son public. Plus adulte (façon de parler), plus sombre, Hunger Games prend pied dans un monde aux abois, au bord de la rupture. Deux clans s’affrontent, ou plutôt vont s’affronter, et le long-métrage ne s’attache qu’à nous expliquer que Katniss est l’élue et qu’un tel rôle pèse bien lourd sur ses frêles épaules. Ni plus ni moins et jamais le film ne se donne les moyens de conférer de la substance au climat plus psychologique qu’il semble tenter d’imposer, en lieu et place de l’action spectaculaire.
Il serait fâcheux de se pointer au cinéma en espérant assister à ce que les blockbusters ont souvent au moins la décence de proposer, à savoir de l’action. On dira ce qu’on voudra de mecs comme Michael Bay, mais au moins lui justifie les millions qu’on lui accorde pour mettre en boite ses délires pyrotechniques. Hunger Games 3 a couté un max de biftons et le résultat n’est même pas digne d’une production destinée au marché vidéo, si on fait exception des deux ou trois décors dans lesquels l’action prend place.
Avec un sentiment de toute puissance, nourri par la certitude que les fans vont quoi qu’il en soit se ruer dans les salles, le film s’appuie sur du vide et sur des dialogues dénués d’intérêt car plutôt mal écrits et mal rythmés, et sur des thématiques porteuses mais exploitées à l’arrache. Il profite d’une logique mercantile cynique pour retarder la mise à feu tant attendue et jouer sur un suspens en carton, qui prend l’eau au bout d’une demi-heure, quand on a bien compris que ce n’est pas cette fois que la révolte va vraiment éclater.
On peut alors se retrancher sur les acteurs. Sur Jennifer Lawrence, qui met comme toujours du cœur à l’ouvrage et sur Woody Harrelson, Julianne Moore, Elizabeth Banks et Donald Sutherland, un poil je-m’en-foutiste, mais toujours appréciable. Philip Seymour Hoffman quant à lui, présent pour la dernière fois dans un film, semble détaché, mais comme toujours, fait parler une présence et un talent bienveillants.
Difficile de prévoir qu’elles seront les réactions des fans purs et durs le jour de la sortie, mais il est tout aussi ardu de comprendre comme on peut vraiment apprécier en l’état un film comme cet Hunger Games – La Révolte : Partie 1. Quand toute la saga sera disponible, ce volet sera noyé dans la masse et sera certainement plus digeste. À condition que le vrai bouquet final, prévu pour 2015, soit à la hauteur bien entendu. En attendant, individuellement parlant, Hunger Games 3 est sans conteste le plus mauvais opus de la série. L’oiseau moqueur reste dans son nid, espérant des jours meilleurs.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport