[Critique] JERUZALEM
Titre original : JeruZalem
Rating:
Origine : Israël
Réalisateurs : Doron Paz, Yoav Paz
Distribution : Yael Grobglas, Danielle Jadelyn, Yon Tumarkin, Fares Hananya…
Genre : Épouvante/Horreur/Fantastique
Date de sortie : 1er février (VOD)
Le Pitch :
Deux étudiantes américaines s’envolent pour Tel Aviv. Dans l’avion, elles rencontrent un jeune globe-trotter qui parvient à les convaincre de faire étape à Jérusalem pour fêter Yom Kipour. Ravies d’avoir accepté la proposition du bellâtre, les deux copines profitent de la ville pour faire la fête. Ce qu’elles ignorent, c’est qu’une vieille prophétie annonçant l’ouverture de l’une des portes de l’enfer, ne va pas tarder à se réaliser…
La Critique :
JeruZalem a remporté le Prix du Jury au Festival de Gérardmer, cru 2016. Une bonne chose à priori pour ce film en found footage israëlien, qui est ainsi parvenu à se démarquer de la masse, armée qui plus est d’un pitch plutôt original.
Le problème, c’est que le Jury du Festival de Gérardmer s’est cette année distingué par son caractère plutôt étrange. Un des membres, Mathilde Seigner, ayant ouvertement déclaré pendant la compétition ne pas avoir d’affinités avec le cinéma horrifique. Mais comme c’est l’incroyable Bone Tomahawk qui a remporté le Grand Prix, et que pour le coup, c’est amplement mérité, le doute était permis quant à la qualité de ce nouveau film en caméra subjective.
Un procédé par ailleurs très bien justifié dans le cas présent. Une fois n’est pas coutume vu que la plupart du temps, il est toujours assez irritant de voir le personnage chargé de filmer ne pas lâcher sa caméra quand les choses commencent vraiment à partir en vrille. Ici, l’héroïne porte des sortes de lunettes connectées, qui filment, prennent des photos et ont accès à internet. Vu qu’elle doit les porter pour corriger sa vue, il est logique que nous, les spectateurs, voyons tout ce qu’elle voit. Un problème de réglé. JeruZalem gagne déjà des points par rapport à certains de ses concurrents.
Comme mentionné plus haut, le postulat permet lui aussi au long-métrage de sortir de la masse. Pas de fantômes facétieux ou d’aliens dans le film des frères Paz, mais des démons sortis d’un gouffre, qui s’avère être l’une des portes de l’enfer. Un trou dans la terre, situé en plein centre ville de Jérusalem, au centre d’une prophétie, comme nous l’explique l’introduction.
Une mise en bouche précédant la présentation des personnages, soit deux étudiantes yankees parties s’encanailler loin de chez elle.
Très vite, le film emprunte une route que beaucoup d’autres œuvres ont arpenté avant lui. Au début tout va bien puis petit à petit tout se dégrade. Petit budget oblige, les démons ne sont pas, la plupart du temps, montrés face caméra, il fait souvent sombre, et la mise en scène, si elle n’est pas aussi vomitive que dans certains autres found footages, bouge un peu dans tous les sens quand le chaos s’installe. On s’aperçoit aussi assez rapidement que malgré l’originalité de son pitch et la volonté des réalisateurs de ne pas se ranger du côté des Paranormal Activity et autres cadors du genre venus des États-Unis, JeruZalem reste néanmoins, quasiment malgré lui, très fidèle aux gimmicks et lieux communs du style. Le cahier des charges est respecté et l’effet de surprise ne tient pas bien longtemps face à une structure scénaristique très basique. Ainsi, le propos que le long-métrage tente d’illustrer en filigrane, au sujet du rapprochement des peuples, malgré leurs croyances différentes, en utilisant la force de la toile de fond, lourde de sens, brille surtout par son côté bancal et vite balancé. On pige bien qu’il s’agit d’une prophétie reliée à quelques préceptes religieux, mais le script ne prend pas le risque de rentrer dans les détails. Peut-être pour ne pas heurter les sensibilités exacerbées par des questions de religion, ou tout simplement dans un désir de ne pas freiner l’efficacité d’un spectacle voulu de toute façon horrifique à tout prix. Mais le contexte est propice et JeruZalem de se rapprocher de l’un des meilleurs found footages, à savoir Cloverfield. Entre le pur film d’horreur, avec effets gores bien dégueux à l’appui et le film catastrophe, JeruZalem fait office d’hybride, dans le paysage hyper sclérosé des found footages. Classique dans sa première partie, il sait entretenir une montée en puissance maîtrisée, notamment grâce à l’énergie déployée par les comédiens, et quand l’apocalypse s’abat sur les personnages, avec son lot de créatures infernales, les réalisateurs tiennent bon. Jusqu’au plan final, ambitieux et marquant, qui finit de rendre cette modeste production, aux effets-spéciaux de temps en temps un peu « limites », plus valeureuse que la majorité des autres films du genre sortis ces dernières années.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : M6 Vidéo/Splendid Film