[Critique] LA DAME EN NOIR

CRITIQUES | 15 mars 2012 | 2 commentaires

Titre original : The Woman in Black

Rating: ★★★★☆
Origine : Angleterre/Canada/Suède
Réalisateur : James Watkins
Distribution : Daniel Radcliffe, Ciaràn Hinds, Janet McTeer, Liz White, Shaun Dooley, Roger Allam, Sophie Stuckey, David Burke, Alisa Khazanova…
Genre : Épouvante
Date de sortie : 14 mars 2012

Le Pitch :
Arthur Kipps, un jeune notaire veuf, doit impérativement se rendre à Crythin Gifford, un petit village perdu dans la campagne anglaise, pour régler la succession d’une cliente récemment décédée. L’accueil qu’il reçoit de la part des habitants est pour le moins glacial, mais Arthur se refuse de prendre en considération les mises en garde de ces derniers au sujet de la maison concernée par son affaire. Il se rend sur place et découvre un impressionnant manoir, planté sur un bout de terre inaccessible lorsque la marée est haute. Le jeune homme est vite témoin d’étranges phénomènes et ne tarde pas à apercevoir la Dame en noir. Une entité maléfique qui semble exercer son funeste pouvoir sur toute la région…

La Critique :
Depuis sa résurrection en 2010, le légendaire studio de la Hammer, qui offrit au septième-art quelques-uns de ces plus flamboyant classiques horrifiques (Dracula, Prince des Ténèbres, Frankenstein s’est échappé, La Malédiction des Pharaons, etc…), est plutôt resté discret. Avançant à pas de loup (garou), en produisant des films avec parcimonie, la Hammer a choisi le rythme d’un bon vieux diesel. Le remake de Morse, Laisse-moi entrer, Le Locataire, thriller anecdotique avec Hilary Swank, l’inédit Wake Wood et La Dame en Noir. Et force est de reconnaître que c’est avec ce dernier que La Hammer commence réellement à redorer son blason.

Et ce pour une simple et bonne raison : La Dame en Noir est un film globalement flippant, en connexion directe avec ses illustres ainés !

Pour entamer sa carrière post-Harry Potter Daniel Radcliffe a en effet fait le bon choix en misant sur La Dame en Noir, adaptation d’un roman de Susan Hill. La transition est nette mais pas brutale et donc plutôt maligne. Plutôt que de vouloir à tout prix casser son image de magicien sympathique en incarnant au choix, un junkie transsexuel ou un serial killer agoraphobe, Radcliffe a opté pour une sobriété salvatrice (après avoir tout de même joué à poil avec un cheval au théâtre). Il incarne dans La Dame en Noir un jeune veuf en perdition qui, quatre ans après le décès de son épouse, n’arrive toujours pas à sortir la tête hors de l’eau. Veuf mais aussi père d’un petit garçon de quatre ans, le héros du film de James Watkins détonne avec le sorcier de Poudlard. Les deux personnages partagent néanmoins une certaine sagesse et l’ambiance gothico-victorienne et fantastique du présent film de faire parfois écho à celle des aventures de Harry Potter. Le jeune comédien est remarquable dans ce nouveau registre. Adulte et sobre, il se glisse avec beaucoup de sincérité et de conviction dans le costume noir de ce notaire mélancolique en proie à d’étranges apparitions. L’ambiance enveloppe Radcliffe qui s’y fond à merveille.

La Dame en Noir reflète ainsi les idéaux de La Hammer en plongeant le spectateur au cœur d’une histoire de fantôme à l’ancienne. James Watkins, réalisateur/scénariste de talent à qui on doit le radical Eden Lake, s’approprie les codes inhérents au genre et tire les vieilles ficelles avec la conviction d’un artiste qui croit en son sujet. Pas forcement original, son film s’avère par contre d’une efficacité redoutable. Il ne cache pas ses références. On pense aux vieux classiques comme La Maison du Diable, mais aussi à des productions plus récentes comme Les Autres sans pour autant arriver totalement à prévoir les sursauts. La tension monte crescendo. Les signes sont nombreux mais les effets discrets dans un premier temps. On a droit aux portes qui s’ouvrent et qui se ferment toutes seules, au fauteuil à bascule qui bouge tout seul et au bougies qui s’éteignent… toutes seules aussi. Du classique en somme. À la différence près qu’ici, Watkins utilise les vieilles recettes avec maestria et un certain recul. Discret et suggestif, La Dame en Noir sait aussi se faire plus oppressant et certaines séquences sont -il faut bien le dire- super flippantes. Et franchement, ça fait plaisir. On retrouve ces sensations que l’on croyait perdues ou réservées aux séances vidéo du samedi soir dédiées aux vieux classiques. La Dame en Noir fait souffler un vent de fraicheur aux relents vintage et le résultat est convaincant à plus d’un titre. Une impression qui perdure jusqu’au dénouement, qui, s’il est lui aussi plus ou moins cousu de film blanc, est exécuté avec suffisamment de savoir-faire et de respect pour emporter la mise. Le long-métrage s’apparente en quelque sort à une mise à jour de tout un pan du répertoire d’épouvante du cinéma classique. Watkins pioche ici ou là des idées qu’il insère dans son histoire. Se refusant à une utilisation massive d’effets-spéciaux tape à l’œil, il soigne par contre l’ambiance et le cadre. Très immersif, beau et sombre, l’environnement de son film aspire le spectateur pour mieux le saisir par la suite.

Alors La Dame en Noir, trip flippant hors du temps ? En quelque sorte oui, mais une chose est sure : il y avait bien longtemps qu’un film de maison hantée n’avait pas distribué avec tant de générosité autant de frissons. Conscient des limites d’un genre super éculée, Watkins brille par la modestie de sa démarche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est bien au-delà des attentes.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Hammer Films

Par Gilles Rolland le 15 mars 2012

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Kick-Ass Movies
11 années il y a

« IT’S A KICK-ASS MOVIE, BABY ! Un sacré bon film d’horreur classique et gothique comme on en avait pas vu depuis bien trop longtemps ! […] Un superbe concentré de frayeur, dans une accumulation généreuse de jump scares du plus bel effet et résumant tout un pan de la tradition horrifique avec une facilité déconcertante et presque nonchalante. Rien que ça ! […]» Critique complète et décapante sur mon petit blog perso 🙂

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[…] aussi sur ce film l’article de « Cine-Toile » et celui de « On Rembobine […]