[Critique] MAN DOWN

CRITIQUES | 27 septembre 2017 | Aucun commentaire
Man-Down-poster

Titre original : Man Down

Rating: ★★☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Dito Montiel
Distribution : Shia LaBeouf, Kate Mara, Jai Courtney, Gary Oldman, Clifton Collins Jr., Jose Pablo Cantillo, Tory Kittles…
Genre : Drame
Date de sortie : 16 septembre 2017 (Netflix)

Le Pitch :
Un soldat américain rentre au pays après avoir servi en Afghanistan. Il retrouve une Amérique en proie au chaos où il n’a plus sa place. Dès lors, il n’aura plus qu’un seul objectif : secourir sa femme et son jeune fils…

La Critique de Man Down :

L’heure n’est plus aux super soldats pour le cinéma indépendant américain, qui n’a de cesse de questionner les engagements des États-Unis à l’étranger en abordant notamment la problématique du syndrome post-traumatique des hommes qui reviennent au pays. Des soldats changés, bouleversés, physiquement diminués ou psychologiquement abîmés, qui retrouvent leurs familles sans parvenir à renouer avec leurs habitudes d’antan… Avec Man Down, Dito Montiel embrasse totalement cette thématique, mais entend le faire à sa façon…

Man-Down-Shia-Labeouf-Kate-Mara

Apocalypse maintenant

Il doit être à la fois rassurant et aussi un peu flippant pour un metteur en scène de bosser avec Shia LaBeouf. Rassurant car l’acteur est réputé pour s’investir à fond dans les films qu’il accepte de tourner. Flippant car il n’y va jamais avec le dos de la cuillère et peut donc en faire un peu des caisses. Dans Man Down, au premier plan, LaBeouf, effectivement, y va franco, de concert avec un script qui prend plaisir à déconstruire totalement le récit, sans donner de repères au spectateur. Passé, présent, on s’embrouille un peu et seule la pilosité faciale de LaBeouf constitue un indice fiable de temporalité. Surtout qu’en l’occurrence, le scénario n’est pas non plus des plus finauds. Ses intentions sont bonnes, c’est indéniable, mais on peut trouver à redire sur le mode opératoire. Ce personnage est-il réel ou est-ce LaBeouf qui hallucine ? Pourquoi le monde a-t-il sombré dans le chaos ? Qu’est-ce qui a provoqué l’apocalypse ? Quel événement a précipité la profonde dépression du personnage principal ? Qu’est-ce que Gary Oldman fout là-dedans ? Quelqu’un aurait-il le numéro de téléphone de Kate Mara ? Oui c’est un peu compliqué parfois…

Jarhead 4

Il est toujours délicat de critiquer un film qui tente manifestement de bien faire. Mais justement… Délicat, Man Down ne l’est jamais. Il avance bille en tête avec la délicatesse d’un troupeau d’éléphants et fait en plus preuve d’une certaine prétention qui ne sied guère au sujet. À la fin, il déroule ensuite un message sur les soldats américains qui reviennent bousillés au pays et fait montre d’une assurance qui traduit l’auto-satisfaction du réalisateur, qui a d’ailleurs aussi co-écrit le scénario. C’est bien beau mais jamais la mayonnaise ne prend réellement. On se laisse gentiment semer dans un premier temps avant de s’apercevoir qu’on nous prend peut-être un peu pour des truffes. On commence ensuite à s’ennuyer, avant que le climax ne se charge de faire rentrer sa morale dans les esprits à coups de masse, au point de tomber dans le ridicule. Ce qui est d’autant moins excusable que le sujet ne se prêtait absolument pas à une telle manœuvre. Ou alors aurait-il fallu que le type aux commandes soit un peu plus mesuré et moins enclin à vouloir faire son malin avec des retournements de situation et autres trucs qui n’ont rien à faire ici sinon embrouiller les esprits et diluer la force et la pertinence du message.
Au final, Man Down peut apparaître, au choix, comme totalement maladroit ou passablement foiré. Malgré les bonnes intentions, il souffre d’un trop grand nombre de défauts pour toucher au vif. Terriblement mineur, il a pour lui l’éloquence et le charisme de ses comédiens, mais c’est bien tout. Surtout si on considère le caractère un poil fauché de l’ensemble. Curieux film.

En Bref…
Dito Montiel se perd au milieu de ses propres ambitions démesurées et livre un film qui nuit à son propos en partant dans plein de directions à la fois. Propulsé par une outrecuidance certaine, il n’est jamais aussi virtuose qu’il semble le penser et bien sûr, à l’arrivée, c’est l’émotion qui en pâtit… Dommage.

@ Gilles Rolland

Man-Down  Crédits photos : Netflix

Par Gilles Rolland le 27 septembre 2017

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