[Critique] PAS SON GENRE

CRITIQUES | 3 mai 2014 | Aucun commentaire
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Rating: ★★★½☆

Origine : France
Réalisateur : Lucas Belvaux
Distribution : Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkake, Charlotte Talpaert, Anne Coesens, Daniela Bisconti, Didier Sandre, Martine Chevallier…
Genre : Romance/Comédie/Adaptation
Date de sortie : 30 avril 2014

Le Pitch :
Clément, un jeune professeur de philosophie vivant à Paris, se fait muter à Arras, où il rencontre une jeune et jolie coiffeuse prénommée Jennifer. Ils vont alors vivre une histoire d’amour sincère, mais les barrières sociales qui existent entre eux vont créer des conflits…

La Critique :
Au-delà des clichés que peut susciter son sujet, Pas son genre s’impose avec aisance et force dès les premières minutes. Et malgré ses presque 2h, jamais l’on ne s’ennuie. Alors forcément dès le départ, on peut se demander pourquoi une coiffeuse ne pourrait-elle pas lire Dostoïevski ou Kant ? Et pourquoi un professeur de philosophie parisien ne croit forcément pas à l’amour durable ? Mais on se laisse vite prendre au jeu et entraîné dans une histoire loin d’être déplaisante ! Et cela est dû principalement au jeu d’Emilie Dequenne qui interprète Jennifer. Rayonnante et solaire, elle livre une interprétation parfaite, et chante aussi très bien. Elle n’interprète peut-être pas tous les morceaux musicaux mais en ce qui concerne quelques-uns, c’est certain.

Dans les stéréotypes, on observe aussi le fait que Jennifer coiffeuse de son métier, aime la musique et les romans populaires, ne comprend rien à Kant et s’habille hautement coloré, alors que Clément interprété par Loïc Corbery, professeur de philosophie, qui ne supporte pas d’être loin de Paris, n’a jamais entendu parler de Jennifer Aniston. Cela dit, ces éléments qui peuvent paraître réducteurs et qui dans un sens le sont en partie, servent ici à installer l’histoire, et ils ne sont d’ailleurs jamais présomptueux ou insultants, loin de là. En réalité, les personnages sont sympathiques et cette histoire de romance est plutôt attendrissante. Attendrissante et aussi profondément sensuelle. En effet, la sensualité qui se dégage de bout en bout du long métrage est très palpable, offrant des instants de complicité authentiques, accès sur les sens. Loïc Corbery, dans la peau du parfait dandy calme, froid mais tendre, qui n’hésite pas à faire la lecture à sa bien aimée lors de moments intimes, offre également une prestation adéquate. Et c’est tellement bien joué qu’on croit sincèrement à l’histoire d’amour entre les deux protagonistes.

Le film de Lucas Belvaux, acteur et réalisateur belge, est doté d’une mise en scène entraînante et jamais ennuyeuse. À noter que les nombreux passages musicaux sont éclatants. L’histoire racontée n’est pas simpliste car le but est d’explorer la thématique de l’amour et de l’attachement, sous deux angles différents et sur fond de différences sociales. Le réalisateur qui adapte ici un roman de Philippe Vilain publié en 2011, dit avoir voulu traiter l’histoire sous les perspectives des deux personnages principaux, contrairement au roman où Clément est le seul narrateur. Et pour le coup, on peut dire que c’est réussi ! Il n’y a pas de narrateur direct dans le métrage, mais les angles de vue de Jennifer et Clément sont observés à parts égales et avec clairvoyance. On parvient aisément à se mettre dans la peau de l’un et de l’autre en s’insérant dans leur quotidien.

Le but ici est noble, et le rendu est non seulement beau mais aussi empreint de tendresse. Une tendresse qui cependant, ne va pas sans une certaine amertume, car loin de certaines comédies romantiques à l’eau de rose, le film de Lucas Belvaux expose des situations de tristesse concrètes.
Les différences entres les personnages qui sont vecteurs de curiosité et de partage, sont aussi source de conflits. La froideur et le caractère stoïque de Clément ne tarde pas à s’opposer à la jovialité et l’entrain de Jennifer, puis les barrières sociales s’affrontent. On passe d’une famille parisienne plutôt austère et d’une ambiance nocturne parisienne plutôt surfaite, au folklore régional des fanfares et du carnaval.

Pas son genre est un mélange doux-amer qui sait savamment doser les émotions, en mêlant plusieurs atmosphères différentes. Ces composantes font de lui un film très intéressant, mais avant tout un film agréable et sincère, bien interprété et bien rythmé, qui se regarde avec plaisir.

@ Audrey Cartier

pas-son-genreCrédits photos : Diaphana Distribution

Par Audrey Cartier le 3 mai 2014

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