[Critique] PROMETHEUS
Titre original : Prometheus
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ridley Scott
Distribution : Noomi Rapace, Michael Fassbender, Idris Elba, Charlize Theron, Guy Pearce, Patrick Wilson, Rafe Spall, Logan Marshall-Green, Sean Harris, Kate Dickie, Emun Elliot, Benedict Wong, Lucy Hutchinson…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Horreur
Date de sortie : 30 mai 2012
Le Pitch :
Une équipe d’explorateurs embarque dans le vaisseau Prometheus à la suite de la découverte de plusieurs vestiges semblant déterminer l’origine de la vie sur Terre. C’est au terme d’un voyage de plus de deux ans qu’il débarquent sur une planète habitable. Ce qu’ils vont y trouver va dépasser toutes leurs espérances…
La Critique :
Le débat fait rage depuis l’annonce du projet par un Ridley Scott emballé. Des discussions animées qui ont trouvé un nouveau souffle lors de l’apparition des premières images sur la toile il y a de cela quelques mois. Ridley Scott qui ne cesse de diviser les cinéphiles, annonçait une révolution. Prometheus, c’est promis, allait s’imposer comme le nouveau monument d’une science-fiction éreintée par des décennies de navets et d’ersatz de 2011, Odyssée de l’espace, de Star Wars et d’Alien. Alien justement, qui trouve dans ce Prometheus une introduction fastueuse.
Dans le coin rouge, il y a ceux qui jurent que Scott ne peux pas revenir. Le type qui a réalisé Blade Runner et Alien n’est plus. Reste un gars qui court après sa gloire et sa crédibilité et qui est juste bon à filmer les tribulations bucoliques de Russell Crowe dans une France fantasmée (Une Grande Année) et qui s’amuse à revisiter le mythe Robin des Bois avec son acteur fétiche (toujours Crowe). Pour ces derniers, Prometheus est une grosse baudruche prétentieuse tout juste bonne à saccager les restes de la mythologie Alien, déjà bien amochée par Alien vs Predator et sa suite. Des avis durs et tranchés qui, pour certains, étaient déjà bien établis avant même la sortie du film dans les salles.
Dans le coin bleu, il y ceux qui y ont toujours cru. Ceux qui ont pardonné à Scott ses gentilles incartades campagnardes et sa suite moisie du Silence des Agneaux notamment. Ceux qui pensent que le gars qui a réalisé Alien, peut, s’il s’en donne vraiment la peine, accoucher une nouvelle fois d’un classique instantané. Si tant est que Scott s’en donne vraiment les moyens, lui qui donnait l’impression ces dernières années d’enfiler les projets sans parfois trop s’investir.
Deux écoles de pensée donc, qui s’affrontent dans le cyber-space et qui voient aujourd’hui la sortie du film asseoir ou non leurs avis partagés. On lit de tout sur le net. Les octets fusent dans tous les sens à propos de Prometheus qui alimentent bien des échanges. Bien plus finalement qu’Avengers ou que John Carter. Normal quand on touche à un monument sacré comme Alien premier du nom, trésor de la science-fiction horrifique et point de départ de vocations et autres copies carbones plus ou moins méritantes. Alien, c’est la base. La mythologie, le look de la bestiole et l’esthétique propre d’H.G. Riger, l’ambiance, les scènes cultes, Ripley ou l’archétype de l’héroïne badass, etc… Alien se pose plus que jamais comme la pierre angulaire du cinéma contemporain et y toucher revient à prendre le risque de tout saloper. Y-compris pour Ridley Scott, qui a initié la chose. Et donc ?
C’est simple : Prometheus est un chef-d’œuvre. Rares sont les longs-métrages qui, dès la première vision, dégagent ce parfum trop rare du classique instantané. Ridley Scott est bel et bien de retour. Et là, on parle du mec de 40 balais qui a décidé un jour, au crépuscule des 70’s de mettre en image le premier Alien, pas de celui qui a peut-être eu ces derniers temps, tendance à se reposer sur une réputation en voie d’oxydation. Le mec a bien pigé que sa réputation justement allait se jouer sur ce coup. Scott a donc mis les bouchées doubles. Le risque était grand surtout si on prend en compte les éternels insatisfaits bouffis de cynisme et complètement bloqués dans leur fanatisme compulsif pour Alien, au point de ne supporter aucun apport quel qu’il soit.
Primo, il est vraiment appréciable de constater à quel point Scott n’est pas tombé dans le même piège que Lucas, quand ce dernier s’est attelé aux préquels de la première trilogie Star Wars. Prometheus est cohérent. Tout en existant par lui-même (comprenez par là qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vu les quatre Alien pour apprécier le film), Prometheus présente une imagerie qui s’intègre immédiatement dans le vocabulaire de son ainé. Que ce soit au niveau de l’architecture du vaisseau spatial ou des combinaisons des protagonistes. Le film jouit ainsi d’un petit parfum vintage vraiment savoureux, pour tout bon trentenaire nourri à la S.F. des années 70/80 qui se respecte. Deusio, Prometheus reste modeste. Pas de gros déferlement de pixels difformes. C’est l’ambiance qui prime sur le spectaculaire (malgré tout on en prend plein les yeux). Une manœuvre aussi fine que pertinente, elle aussi inscrite dans la grande tradition horrifique, qui souligne d’autant plus les moments de tension. En cela, le film de Scott compte bien trois scènes qui sont amenées à rester. Gores, grandioses et lyriques, ces séquences en question impressionnent et contribuent à instaurer une atmosphère oppressante. Une atmosphère imputable à la mise en scène, à l’écriture mais aussi aux performances cumulées d’acteurs formidables.
On en vient au troisième point important : servi par une distribution intelligente, Prometheus achève d’imposer Noomi Rapace. Celle qui se fit remarquer en Lisbeth Salander dans les premières adaptations cinématographiques de Millenium, explose littéralement. Épaulée par un Michael Fassbender impeccable de froideur inquiétante et vecteur de la problématique profonde du film, par un Idris Elba toujours charismatique et impressionnant et par une Charlize Theron tout à fait à son aise dans les basques d’une femme dirigiste et sans état d’âme, Noomi Rapace porte l’intrigue. La nouvelle Sigourney Weaver est là et pas ailleurs, quoi qu’une telle comparaison veuille dire. Vulnérable, guerrière, déterminée, incroyablement charismatique, Noomi Rapace se paye aussi le luxe de conférer à son personnage un sex-appeal parfois troublant.
Véritable pilier de l’histoire, Noomi Rapace se donne à fond dans un film généreux. Un long-métrage qui respecte son ainé et qui prend soin de justifier tous ses choix sans tourner le dos au mythe auquel il s’attaque.
Pour autant, Alien est loin. Comme indiqué plus haut, Prometheus se suffit très bien à lui seul. Seules les dernières minutes servent de trait-d’union. Cinq dernières minutes d’ailleurs assez jubilatoires. Sans vouloir trop en dévoiler et sans prendre le risque de trop s’avancer, il est sûr que nous tenons ici l’un des monuments de la S.F. de ces dix dernières années.
Dommage que la musique ne suive pas tout le temps. C’est un détail, mais parfois, alors que l’action ne le justifie pas, la partition de Marc Streitenfeld se barre dans des contrées héroïques. L’impression d’un collage musical malencontreux persiste quand les notes jurent avec le contexte qu’elles sont censées habiller, mais ce n’est pas très grave. Pas grave mais surprenant vu la bande-son de la bande-annonce qui promettait plutôt une partition sombre.
Mais si la musique n’est pas tout le temps au diapason, il est vraiment rassurant de constater à quel point Ridley Scott et ses scénaristes se sont refusés à verser dans une gaudriole riche en vannes et autres calembours embarrassants. Dans Prometheus, l’humour est très discret et ne désamorce jamais la tension. Le film est sombre et extrêmement dense. Il aborde, comme tout bon trip de science-fiction qui se respecte, des thématiques métaphysiques et philosophiques, avec intelligence et profondeur. Les origines de l’homme, le rôle de Dieu, la foi et la nature de notre condition et des conséquences de nos actes sont interrogés dans une œuvre pertinente à plus d’un titre, qui sonde le genre humain.
Rajoutez à cela, une photographie et des effets-spéciaux à tomber, une mise en scène lisible, pleine d’ampleur et de souffle et une 3D aux petits oignons super immersive et pas de doute, on tient là l’un des sommets de l’année.
Ridley Scott is back ! Vivement la suite !
Si vous avez encore un doute, je vous invite à lire la critique de l’ami Bruno Matéï sur son excellent site Strange Vomit Dolls ! C’est ICI !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox
Heuuu, je suis pas franchement d’accord avec ta dithyrambique critique; on a pas dû voir le même film ( ou alors les jolies images suffisent à ton bonheur)… ” Critiquer”, ça signifie “aller au fond des choses”; dans ce film on y arrive assez facilement: doit y avoir dix centimètres de profondeur maximale à l’intrigue et le reste est dans la déco. On va faire simple: bons points: l’intro déroutante ( moins le mini-slip: semblerait que nos ancêtres soient très timides, même au moment de se suicider!)les visuels de la planète, l’envol et le crash du vaisseau alien. Mauvais points: pas de personnages, que des caricatures ou des pions: Charlise est MÉCHANTE, Noomi est GENTILLE ( et elle a la Foi, avec une Grande Croix, ce qui fait qu’elle est même mieux que ça: elle est MAINSTREAM comme aiment les producteurs à qui le film a coûté bonbon) ce qui donne un aspect TRÈS suspicieux au message véhiculé. Si on y ajoute la vision homo-phobique qui colore le destin funeste des deux ahuris qui s’égarent (?!) dans le vaisseau alien, on se retrouve avec un sacré background pas du tout subliminal. Le minimum de réalisme qu’on était en droit d’attendre d’un film estampillé Science-Fiction ne résiste pas au fameux: » … L’air est respirable, on peut ôter nos casques… » ! Mais ils arrivent déjà PILE là où il faut… C’est peut-être un tout petit planétoïde ? Et leur absence totale de respect/dignité/fascination pour leur découverte: ils se contentent d’être déçus ou à peine intrigués. Je passe sur la césarienne improvisée ( un poulpe! on aurait pu croire qu’ils avaient retenus la leçon principale du premier film: c’est sa beauté qui fait que l’Alien est terrifiant !) Mais fallait bien une nouvelle séance de » Face-Hugging » pour contenter les foules avides de pseudo sex-scenes ! Sinon il y a aussi la mise en scène poussive : les flash-back inutiles sur le passé de Noomi ( le vilain david – aussi grimaçant que dans « X-Men First Trash »mais c’est très subjectif !- espionne ses rêves !! Ils n’ont pas les réseaux de renseignements dont nous jouissons de nos jours, à leur époque ? Celle-là de vision futuriste utopique !). Et ce côté « je me la pète », il paraitrait que le « pipeau » du culturiste extraterrestre serait une référence à Michel-Ange… pardon! Mon esprit mal tourné l’avait automatiquement ajouté à la liste des objets contondants qui, dans ce film, s’acharnent à envahir les divers orifices de nos joyeux CosmoSchtroumpfs: mea culpa! Mais je pencherais plutôt pour Goliath que pour David, en ce qui concerne l’origine du look des Ingénieurs. Mon grain de sel personnel: l’hercule de foire qui se shoote aux acides ribonucléiques les premiers instants du film, je gage qu’il le fait sans autorisation ( vous avez vu le beau mais triste regard de cocker qu’il lance à la soucoupe amirale ? Trop craquant!). C’est sans doute pour ça qu’ils veulent nous exterzigouiller: on est comme eux mais en mieux ( la preuve: on a des Stephen Sondheim et des Kon Satoshi -entre autres bien sûr!). La suite logique de notre évolution voudrait qu’on supplante leur hégémonie au sein de la galaxie et c’est pour ça qu’ils sont colère! Après, je crois que l’un d’eux, un sénateur, va vouloir renverser la république, mais un jeune choux-fleur à bure de laine va tenter de l’en empêcher… Mais c’est une autre histoire ( pour enfants, aussi.). Passons les références lourdingues : Charlise raide comme un piquet, au détour d’un couloir, hommage à Ash… ou bien à Hannibal Lecter ?! ( mais fallait bien UNE tête d’affiche: on peut pas dire qu’ »il(s) » se soi(en)t foulé(s) pour l’intégrer utilement au « scénario ». Si ÇA c’est pas franchement clair comme positionnement commercial!); le crâne, au sommet de la « colline », c’est bien le même que celui de: » La Nouvelle Arche » dans Ulysse 31 ?! Quitte à décevoir Scott ( qui doit s’en taper grave!), ce n’est pas sur le film proprement dis qu’on s’interroge, c’est sur le ratage complet ( scénario, mise en scène, montage, élaboration des personnages…) de l’exploitation de son sujet à l’origine plein de prétentions. Là il y a matière à réflexion. Et ce qui m’apparaît comme typique de la franche médiocrité de l’entreprise, c’est que ceux qui aime ressortent mot pour mot les critiques de la presse, elle-même complètement vautrée aux pieds du réal: » Vous comprenez, c’est Ridley Scott, quand même! Si ça vous plaît pas, c’est que vous avez pas compris les VUES du MAITRE !!… Nous aussi on s’est ennuyés, mais on lui fait la grosse confiance: c’était sûrement voulu… ». En résumé: point de S-F ici, juste un petit blockbuster simpliste, mais il faut bien relancer la franchise vers de nouveaux horizons… rentables à défauts d’être artistiques.
Je respecte ton point de vue, même si je ne suis pas du tout d’accord. je n’ai rien pompé du tout sur la presse. Ma critique reflète mon ressenti par rapport au film, que j’ai vu deux fois. Ce film déchaine la polémique et ce que tu ne sembles pas comprendre c’est que des personnes puissent voir dans Prometheus autre chose que ce que toi tu y as vu. C’est comme ça pour tous les films. Les goûts, les couleurs, notre vécu et notre sensibilité reflètent notre perception de certaines œuvres. Ta vision des choses est argumentées, je respecte, mais tout comme toi qui souligne mon manque de discernement, je ne manque pas de relever ton trop plein de cynisme.
Je n’ai pas aimé Prometheus car c’est le reboot d’Alien ni parce qu’il s’agit de Ridley Scott. J’aime beaucoup de ses films mais je suis loin de lui vouer un culte. C’est un réalisateur qui s’est beaucoup égaré et qui aujourd’hui revient avec un film qui selon moi dénote simplement que le bougre a encore quelques belles cartouches en réserve. Prometheus n’est pas un film parfait, mais il tire pour moi justement sa force de ses imperfections. Et puis, avec un sujet pareil, il était prévisible qu’il ne parle pas à tout le monde.
Alors non les jolies images ne suffisent pas à mon bonheur, je pense être assez clair dans ma critique. Si j’ai mis 5 étoiles, c’est que le film m’a transporté, m’a passionné et que je trouve la démarche sincère et pas aussi putassière que d’habitude quand on aborde la délicate question du préquel. Je ne suis pas le seul et même si c’était le cas, ce ne serait pas très grave. C’est subjectif tout ça et finalement, le simple fait de déclencher à ce point le débat prouve bien qu’il n’est pas aussi creux que ses détracteurs veulent bien l’affirmer. Sur ce, comme je te dis je respecte ton point de vue. En matière d’art, personne ne détient la vérité ultime. Ni moi, ni toi, ni Ridley Scott, ni James Cameron et j’en passe. Sur ce…
Heu non, point de subjectivité dans ma critique ( acerbe, je te l’accorde: c’est les prétentions annoncées du film qui commandent ça). Tu ne soulèves aucun des points qui divisent l’opinion et parles “d’ambiance”, de ” scènes gores qui resteront”… C’est pas des arguments, ça, c’est ton avis personnel, un parti-pris qui dépend de tes goûts. Il n’est pas ici question de “point de vue” ou “goûts personnels”, il est question d’un film annoncé comme un évènement et qui cumule les incohérences, tant au niveau de sa réalisation que de l’exploitation de son sujet ( et il y avait de quoi faire!). Voilà des arguments, des “faits” tirés du film: il ne s’agit pas de ma perception, il s’agit de ce qu’on me montre. D’autres exemples du “je m’en foutisme” de Scott avec cette petite troupe de scientifiques bardés de diplômes qui n’a à aucun moment un comportement “scientifique”: les géologues se perdent ( et ce malgré de super-gadgets qui flottent dans les airs et cartographient instantanément l’environnement !), des biologistes qui, face à une sorte de cobra extraterrestre ( j’imagine que c’est ce que ton esprit d’humain moyen aurait perçu après 100 000 ans d’expérience inscrite dans tes gènes!) ont comme réaction primaire d’aller lui caresser la tronche! Une autre qu’on nous présente à grand coups de flash-back laborieux et d’euillades humides comme une espèce de gentille pétrie de foi qui, juste après avoir perdu son compagnon de manière assez traumatisante, accouche en catastrophe ( après avoir mis K-O ses deux infirmiers/geôliers d’une manière aussi réaliste que le reste!), se shoote et débarque dans l’indifférence générale à la sortie d’hibernation d’un Guy Pearce au maquillage plus qu’improbable! Quid du calamar enfanté ? Tout le monde s’en fout, David n’a même pas un mouvement de curiosité et zou, on passe à autre chose. Et que fout la méchante ( MÉCHANTE!) Charlize dans cette affaire alors qu’elle pourrait, comme elle le dit si bien elle-même, être tranquillement installée aux commandes de la société, bien à l’abri sur Terre ?! Et Weiland a monté toute l’affaire dans le but de devenir immortel ?! rien que ça, c’est ridicule: il lui suffisait de rester gentiment en hibernation le temps que l’expédition se fasse et que ses mandataires creusent la question: on arrive pas à sa supposée position de pouvoir en s’exposant en première ligne. Le géologue re-débarque transformé en Hulk et on l’incinère puis on l’oublie lui aussi: personne ne s’interroge sur ce qui l’a transformé et si, le cas échéant, ils n’ont pas été exposés aussi. Après tout, ils passent leur temps à patauger dans ce goudron génétique ( qu’ils doivent avoir trimballé jusque dans leurs quartiers puisse qu’ils se baladent AVEC leur scaphandre sur le dos dans les zones de vie de leur vaisseau!). Ce vaisseau, d’ailleurs, dont la soute SANS sas de décompression s’ouvre directement sur l’extérieur! Et ça, ce n’est que le scénario. On m’annonce un film de Science-Fiction, je suis en droit d’attendre un minimum de réalisme: j’en conclu qu’on se moque de moi dans le cas présent. Mais il y a aussi “Le Message” !! Il me semble très inquiétant que la foi pour le moins simpliste de l’héroïne soit à ce point étalée sur l’écran ( on avait compris son “ingénuité” dés le début, merci au voyeurisme sans fondement de David). Surtout quand on nous présente (lourdement) une théorie créationniste vu et corrigée maintes fois depuis l’invention de l’anticipation, et qu’on y ajoute le traitement pour le moins réactionnaire infligé à l’improbable couple formé du géologue et du biologiste ( les scènes de drague du premier par le second sont parmi les rares moments réalistes de tout le film d’ailleurs: le scabreux de leur trépas n’en est que plus discutable…). Alors que leur plan sexe se finit par la mort, l’autre couple caricatural ( la patronne blanche qui a tout le pouvoir et le petit employé noir qui n’a que le prestige de sa fonction -il est capitaine, d’accord, mais c’est quand même le seul noir de l’équipe- arrivent à conclure malgré la situation ( et en laissant Roméo et Roméo sans surveillance: si ÇA ça te parait crédible… Surtout que le-dit capitaine n’a rien d’un amateur: il ira quand même se jeter sans aucune hésitation contre le Dérelict… Quelle conscience professionnelle!). Mais si on a pas compris que la foi ( chrétienne !) et une sexualité “normale” ( comprendre hétérosexuelle ET surtout hygiénique, hein! Il n’est pas question de sentiments: ils ne sont ni du même milieu, ni surtout de la même COULEUR !) garantissent une forme de “salut” face à l’adversité, alors c’est qu’on a pas compris le film parce que, en dehors de cette morale à deux balles, qu’est-ce qu’il reste ? Des monstres qui s’introduisent en vous sans demander la permission et des androïdes au comportement ambigu qui fonctionnent encore une fois décapités , déjà vu 20 000 fois, sauf que d’habitude c’est le ” clou” du spectacle alors il y a un peu plus de suspense. Scott n’assure même pas cette partie-là. Il est alors d’autant plus regrettable que le reste du sujet du film, annoncé comme un exercice “philosophique”, se révèle un simple matraquage idéologique de plus au service d’une idéologie franchement néfaste. Cette conclusion EST mon point de vue personnel, mais que penses-tu des arguments qui l’étayent ? Suis-je de parti-pris ou es-tu resté vraiment trop à la surface des choses ? Qu’entend-tu par ” Prométhéus n’est pas un film parfait mais il tire sa force de ses imperfections.” ?? C’est la périphrase employée par quasiment TOUS les articles dans la presse spécialisée qui rechigne à admettre l’échec flagrant de Scott et n’en finit plus de noyer le poisson. J’avoue que ça me laisse dubitatif, mais je suis prêt à entendre tes explications.
Je vais te dire un truc :
Apparemment, tu as l’air de croire dur comme fer que c’est toi qui détient la vérité. Que c’est toi qui a raison : “il ne s’agit pas de ma perception, il s’agit de ce qu’on me montre”. Et comment tu appelles le fait d’interpréter ce qu’on te montre ? C’est ça la perception. Chacun à la sienne. Et toi, tu penses que la tienne vaut mieux que la mienne.
Je lis tes arguments et je lis les arguments qui ressortent sur toutes (ou quasiment) à les critiques acerbes envers le film.
Ça marche dans les deux sens.
“Tu ne soulèves aucun des points qui divisent l’opinion et parles « d’ambiance », de » scènes gores qui resteront »… C’est pas des arguments, ça, c’est ton avis personnel, un parti-pris qui dépend de tes goûts” : Pourquoi je soulèverai des points qui divisent l’opinion ? J’ai vu le film le matin du jour de sa sortie et je m’étais refusé à lire des critiques pour ne pas influencer ma “perception” du film. Je suis rentré chez moi et j’ai écrit mon article. Voilà. Je ne pouvais pas anticiper et je ne voulais pas le faire. Après tout, il y a toujours des gens qui ne sont pas d’accord. Des gens qui trouvent pourris Apocalypse Now, Casablanca ou encore Les Affranchis. Qu’est ce que j’y peux ? Parfois, moi aussi j’hallucine quand certains films sont portés au pinacle alors que je les ai trouvé nazes. C’est comme ça.
Donc oui, je parles de l’ambiance, des scènes gores et de tout ce qui m’a marqué. Une critique traduit par définition l’avis de son auteur. Alors oui ma critique est un parti-pris, comme doit être une critique. Je ne dévoile pas trop de l’intrigue pour ne pas pourrir le suspense de ceux qui ne l’ont pas vu et j’essaye de retranscrire au mieux mes ressentis. Encore une fois c’est une critique. C’est ça le principe. Je vais pas raconter que j’ai pas aimé alors que oui, juste parce que certaines personnes n’ont pas aimé et qu’il est de bon ton de ne pas avoir aimé Prometheus ?
Pour répondre à ta question “Suis-je de parti-pris ou es-tu resté vraiment trop à la surface des choses ?” : non je ne suis pas resté à la surface des choses. Ma critique est une critique, destiné à tout le monde y compris ce qui n’ont pas vu le film. Ce n’est pas une analyse poussée. Et oui tu es parti-pris. C’est ton avis. Certes il est partagé par d’autres personnes. Mais le mien également.
Tout ça à l’air de salement t’énerver en tout cas. Je ne te connais pas mais depuis le temps où les studios en font des caisses sur la promo des films en nous promettant monts et merveilles, tu devrais apprendre à te méfier. La déception est toujours envisageable.
… Pas lu UN argument dans ta réponse. Et oui, quand on m’annonce une chose ( un film de SF à priori “consistant” ET par le sujet, ET par les moyens mis en œuvres ), j’ai le droit d’être contrarié quand ce que j’obtiens a tout d’un épisode de Stargate avec just’un peu plus de dollars pour les effets spéciaux ( et surtout quand “l’histoire” se révèle un message aussi réactionnaire que bancal!). D’accord avec toi: ton analyse est light mais, dans ce cas-là, a-t-elle une utilité quelconque ? Qu’est-ce qui transparaît de ton point de vue si tu ne l’argumentes pas SINON juste ton “avis” ? pourquoi ne pas te contenter d’écrire:” J’ai aimé” ? Soulève des points qui te paraissent tenir la route, sinon l’exercice est vide de sens ( il me semble, mais ça c’est TRÈS personnel…). Je répète que les fans de cet opus tiennent tous les mêmes discours SANS fondements. prouve-moi le contraire ( si tu y tiens, bien sûr: je suis juste un accroc de l’échange quand le sujet me motive!).
Donc. J’aimé Prometheus parce que :
Le film se propose clairement d’explorer une nouvelle mythologie, qui, si elle se rattache à celle d’Alien, aborde de front des thématique métaphysique jusque là à peine effleurées. Des questions sur les origines de l’homme et un questionnement par ce biais de la foi. Le personnage de Noomi Rapace incarne la croyance en Dieu et les épreuves qu’elle subit sont amenées à éreinter et à tester ses croyances. On peut en effet trouver le fait qu’elle ne puisse pas enfanter et que c’est pourtant elle qui donne naissance au monstre, un peu bancal et plein d’un mysticisme de pacotille mais c’est sujet à débat. Moi j’ai aimé ce détail.
Tout comme j’ai particulièrement apprécié le personnage de Fassbender qui renvoi au caractère perfide de celui du premier Alien incarné par Ian Holm. Ses motivations sont passionnantes car elle mettent en abime les questions de ses créateurs, les humains.
Prometheus pose beaucoup de questions qui pour certaines restent sans réponse. Le truc qu’il ne faut pas oublier c’est que des suites (au moins une) sont prévues. C’est un film ambitieux qui repose sur une série d’interrogations. On reconnait d’ailleurs la patte de Lindelof qui a bossé sur Lost. Série que j’adore, ce qui explique peut-être cela…
Tu soulignes le comportement bizarre de certains persos comme quand il caresse l’anguille dans la grotte. Oui c’est pas faux, c’est un comportement étrange, mais ça ne m’a pas dérangé. Le personnage de Charlize Theron aurait pu être plus travaillé c’est vrai mais finalement, elle ne personnifie que la direction de la mission et de par son caractère, symbolise le scepticisme face à l’inconnu.
Idéologie néfaste ? Je ne vois pas les choses comme ça. Au pire je peux concevoir qu’elle soit un peu grossière mais les acteurs font passer la chose avec brio.
Mais j’ai surtout pris le film comme un très bon divertissement.
Concernant (je prends les choses dans le désordre désolé) la césarienne d’Elizabeth, non personne ne semble s’étonner de la voir débouler dans la pièce où se trouve Weiland (son maquillage est moyen tu as raison) car tout ceci était prémédité et sa vie n’a clairement aucune valeur pour Weiland et David. David a volontairement utilisé le boyfriend de Shaw car il se doutait que les deux allait avoir des relations sexuelles et donc que Shaw serait fécondé par l’alien. C’est une expérience qui rentre dans les desseins de Weiland. Un peu comme lorsque l’androïde d’Alien veut ramener la bête alors qu’elle massacre tout le monde dans le Nostromo.
Pour le sas de décompression j’ai supposé qu’il se trouvait avant la rampe de lancement des véhicules. Personne ne s’inquiète de la mort du geologue car tout s’enchaine très vite et ils pensent d’abord à la propre survie et (en ce qui concerne Weiland et consort) au bon déroulement de leur mission. Pour Weiland, les autres ne sont que des outils, y compris sa fille biologique Charlize Theron ( la tronche de Charlize lorsque l’hologramme de Weiland parle de David comme du fils qu’il n’a jamais eu).
Oui c’est vrai qu’on peut considérer Prometheus comme un film prétentieux. C’est selon les sensibilités. En tout cas, c’est certainement un film naif ce qui pour moi ne rime pas forcement avec navet. Star Wars aussi était naïf après tout.
Voilà, quelques éléments. Mais je vais te dire : j’ai écris comme je te le disais ma critique en sortant du film. C’est comme ça que je vois le fait d’écrire une critique, à chaud. Mon avis va peut-être évoluer mais une chose est sure : pour moi Prometheus est un bon film. Je me suis régalé et je ne parle même pas de la prouesse visuelle. Je n’en parle pas car au fond, un film peut etre beau et nul. Selon moi, ce n’est pas le cas ici.
Encore une fois, je respecte ton point de vue. Je multiplie les discussions avec des amis qui ont aimé et d’autres qui n’ont pas aimé depuis la sortie du film. Au moins, il fait réagir 🙂 Au plaisir cher cinéphile.
Heben merci pour ta réponse détaillée: j’apprécie l’effort. tous les antagonistes auxquels j’ai soumis ma critique pour le moins “tranchée” ne m’ont jusqu’à présent proposé qu’une reformulation de leur avis et aucun exemple, ce qui fatalement me conforte dans ma vision négative. Je trouve primordial d’être honnête vis-à-vis de son premier ressenti ( en règle générale le plus authentique) et ta critique à chaud devient du coup bien plus intéressante à la relecture ( d’ailleurs je vais la copier pour mes archives sur le sujet). Je comprends mieux aussi ton avis quand tu emploies des termes comme:” … je me suis régalé…”: ça en dit long sur ton état d’esprit en allant voir le film et ça m’éclaire sur les raisons qui te l’ont fait aimer. Je te confesse que je m’étais “seulement” ennuyé à la projection, mais que c’est les commentaires outrageusement complaisants des internautes ( à mon avis) qui ont nourris mon questionnement personnel:” pourquoi n’avais-je pas aimé ?”. Et VLAN! J’ai aligné les arguments ( sans trop d’effort, je dois dire !). En tous cas, merci encore pour ta réponse et je te dis pourquoi pas à la prochaine si un autre film me contrarie ( ou m’enthousiasme, sait-on jamais: Watchmen m’a directement envoyé au septième ciel alors tout reste possible!).
Avec plaisir. Je dois t’avouer que depuis la sortie du film, je multiplie les échanges passionnés au sujet du film et que du coup la lassitude commence à s’installer lol ! Mais c’est toujours constructif d’échanger des avis dans un bon état d’esprit. Je suis toujours partant ! Et je recommencerai avec plaisir quand l’occasion se présentera. Et en effet on peut aussi discuter autour d’un film qui nous a mis d’accord ha ha !
En parlant de Watchmen il faut que je le revois car la première fois j’étais pas emballé mais je viens de terminer le bouquin donc mon regard peut évoluer 🙂 Au plaisir et merci pour tes commentaires !