[Critique] REWIND THIS
Titre original : Rewind This
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Josh Johnson
Distribution : Atom Egoyan, Mamoru Oshii, Frank Henenlotter, Lloyd Kaufman…
Genre : Documentaire
Date de sortie : indéterminée
Le Pitch :
Flashback sur l’avènement de la VHS dans les années 80. Grandeur et décadence d’un âge d’or aujourd’hui révolu…mais pas totalement mort.
La Critique :
L’équipe de L’Étrange Festival est vraiment sympa. En guise de clin d’œil, c’est avec un énorme sac rempli de VHS que se pointera un des cadres du festival pour distribuer à l’intégralité des spectateurs présents une VHS d’époque….royal au bar les mecs.
Au cours de cette foire « fourre-tout », votre serviteur se verra remettre l’excellent House, tandis que sa dulcinée repartira avec Abattoir 5. Vraiment à propos, cette initiative pleine de gentillesse sera un tremplin parfait à l’excellent documentaire Rewind This.
Émaillé de multiples interventions de passionnés, de fous furieux et de réalisateurs aussi divers que Lloyd Kaufman, Atom Egoyan ou Mamoru Oshii, ce documentaire est une véritable cure de jouvence pour ceux qui comme moi, ont vécu l’avènement de la VHS. Que les plus jeunes se rassurent et continue la lecture, Rewind This est tout aussi intéressant pour ceux qui n’ont pas connu la fièvre des vidéo clubs où les jaquettes « Do It Yourself » dévoraient l’espace visuel des vidéophages que nous étions alors.
Notre rédacteur en chef bien aimé aurait adoré ce documentaire. Avec lui, j’ai connu les longues minutes d’errances où nos choix des films se faisaient sur des critères très différents de ceux qui sont en vigueur aujourd’hui. Une jaquette soignée et percutante, deux trois phrases choc et le film était loué ! Évidement, les mauvaises surprises faisaient partie du jeu mais les découvertes « royales » étaient à ce prix.
Nous nous ne doutions pas alors du formidable essor qu’était en train de prendre la VHS à travers de le monde. Au fur et à mesure que les réseaux de distribution se sont organisés, certains producteurs et artistes indépendants ont commencé à produire, tourner et distribuer des films aujourd’hui devenus cultes. Un film comme Elvira Maitresse des Ténèbres a connu sa véritable ascension en vidéo club et n’aurait jamais été aussi connu si la VHS n’avait pas existé. La location de VHS a fait la fortune de petits malins qui ont fait le pari que louer des films deviendrait quelque chose d’habituel et de très régulier pour des millions de familles (et de passionnés) à travers le monde.
La véritable révolution est venue cependant du concept « Regardez-moi quand vous voulez ». C’était cette possibilité de voir ou revoir ses films préférés quand on le désirait qui était vraiment nouvelle et qui a inauguré un véritable raz de marée.
Les collectionneurs ont commencé à acheter, amasser et cajoler des millions d’heures de films allant des classiques aux nouveautés à posséder et des films introuvables aux punitions cinématographiques devenues pour certaines au fil des années carrément indispensables.
C’est à cette époque que les ribambelles de pastiches à trois francs six sous ont commencé à voir le jour, essayant de ramasser les miettes des Rambo & consort. On a donc assisté à l’éclosion de la Ninja Exploitation et de bien d’autres thématiques originales à la base mais rapidement pourries par la masse de films ridicules uniquement destinés à tromper le client lambda.
Aujourd’hui, beaucoup de ces films ne sont pas réédités en DVD….et lorsque les VHS disparaitront (car les bandes ont une durée de vie limitée), ces films cesseront d’exister tout simplement….triste hein ?
Heureusement, les passionnés de VHS existent toujours et font encore vivre leurs collections en continuant à les alimenter de bonnes vieilles VHS pas piquées des vers. La galerie de passionnés interviewés est très intéressante car pétrie d’une nostalgie touchante et d’une passion qu’on sent pointer à tout instant. Peu importe dès lors que les gus (et les filles !) aient l’air d’hurluberlus ou de ringards dépassés, on rit autant qu’on essuie sa petite larme.
Bien agencé, le documentaire propose une musique typé 80’s par moment à la limite du supportable mais qui participe grandement à l’ambiance vintage du film. Du collectionneur de slashers aux réalisateurs amateurs, et des distributeurs professionnels aux derniers vendeurs de VHS, le voyage est parfaitement mené, très bien documenté et shooté aux hormones vidéophiles. Passionné, ce documentaire est un véritable régal qui fait vraiment plaisir à voir et qui sous ses aspects un peu rétrograde renferme des pépites de vérités vraiment bien senties. Je laisse à un des protagonistes du documentaire le mot de la fin :
” Vous vous rappelez des petits autocollants « Soyez sympa Rembobinez ! » qui étaient collés sur les VHS ? Aujourd’hui, on peut en tirer un sens différent de celui qu’ils avaient à l’époque : « Soyez sympa et essayez d’être cool avec votre prochain en essayant de faire ces petits gestes sympa qui font toute la différence…et n’hésitez pas à revenir en arrière pour garder en mémoire les choses qui sont vraiment importantes et qui méritent de ne pas être oubliées…. »
Moi ça m’assoit ce genre de phrase.
@ Pamalach