[Critique] THE BATTERY

CRITIQUES | 19 août 2014 | Aucun commentaire
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Titre original : The Battery

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jeremy Gardner
Distribution : Jeremy Gardner, Adam Cronheim, Niels Bolle…
Genre : Horreur/Comédie/Drame
Date de sortie : 5 août 2014 (DTV)

Le Pitch :
Deux anciens joueurs de base-ball parcourent l’Amérique après l’effondrement de la civilisation. Désormais sous la coupe d’une horde de morts-vivants, la Terre ne compte que très peu de survivants. De maisons à l’abandon en petits coins de campagne reculés, les deux amis doivent non seulement repousser les attaques des zombies, mais surtout faire face à une solitude envahissante…

La Critique :
Le film de zombies est un genre désormais sclérosé. Une multitude de films, à la qualité relative, sortent tous les mois, et la télévision, par le biais de The Walking Dead, n’est pas épargnée. On met le mort-vivant à toutes les sauces. On tente encore et toujours de surfer sur la vague Romero en refaisant, en moins bien, La Nuit des Morts-Vivants et Zombie, ou sur celle initiée par Shaun of the Dead, en mixant le sang et les tripes avec un humour irrévérencieux. Dans la majorité des cas, rien à signaler, c’est au mieux du déjà vu, au pire pitoyable et vain. Seuls quelques films arrivent à imposer leur point de vue. Les films animés d’une vision. En soi, des films comme The Battery

Jeremy Gardner débute. Son premier film, il le réalise, l’écrit et joue dedans. Doté d’un budget de 6000 dollars, il n’a pas vraiment droit à l’erreur et doit économiser dans tous les sens. Le tournage de The Battery dure 15 jours. Il traite d’une invasion zombies, mais au fond, des zombies, le film n’en montre qu’une poignée. Tel Romero, qui a tourné La Nuit des Morts-Vivants pour 114 000 dollars, Gardner a tenté d’optimiser au mieux ses ressources. Avec moins de la moitié du budget du premier long-métrage de Romero, il a lui aussi opté pour une chronique zombie et s’attache non pas aux goules elles-mêmes, mais plutôt à leurs effets secondaires sur les survivants.

L’idée est bonne, même si elle appelle automatiquement une certaine patine. Impossible de jouer sur le gore, du moins en permanence. Difficile de miser sur le sensationnel également. Quand on ne peut pas passer par la porte, on passe par la fenêtre. The Battery s’inscrit donc à l’opposé des codes du film d’horreur et raconte une chronique mélancolique, tantôt drôle, tantôt triste, dans laquelle deux potes subsistent comme il le peuvent parmi les ruines d’une société dévastée. La contemplation et la poésie sont rameutées en lieu et place des poursuites sauvages entre humains apeurés et monstres avides de chair fraiche. Certes, il y a bien quelques échanges brutaux, après tout on est tout de même dans un film d’horreur, mais peu.
Le contexte est utilisé pour sa capacité à installer la solitude. Il n’y a que deux personnages, qui se connaissaient avant le catastrophe. Leur amitié est avérée en début de métrage et ce que cherche Jeremy Gardner, est précisément de mettre à l’épreuve cette amitié de longue date.
Il livre une observation plutôt fine du devenir de deux types un peu glandeurs et curieusement détachés du contexte apocalyptique. Du moins en apparence tant peu à peu, telle une gangrène, les effets de l’isolement se font sentir. Sur un des deux potes en particulier, ce qui laisse les coudées franches à une opposition croissante entre les idées de l’un et les envies de l’autre.

Formellement, The Battery fait excellente figure. Son budget n’affecte pas la photographie légèrement désuète et patinée, tout comme les effets-spéciaux et les maquillages, rares, mais de très bonne facture. Rattaché à aucun gros producteur aux poches pleines de biftons, le réalisateur a dû opter pour ce bon vieux système D cher aux pionniers du septième-art. Il fait preuve d’inventivité et arrive finalement à instaurer une ambiance bâtie sur les restes d’une société morte.
Malheureusement, The Battery, aussi méritant et louable soit-il, pédale un peu dans la semoule. L’écriture principalement, s’essouffle régulièrement. Peut-être lucide à ce propos, Gardner multiplie les pauses musicales, et dilue en beauté, comme pour tirer son métrage vers la durée « réglementaire ». Il joue sur les non-dits également et ces derniers, il faut bien l’avouer en disent plus que la plupart des dialogues, qui pour leur part, n’arrivent jamais à retranscrire l’émotion nichée dans le jeu à fleur de peau des deux comédiens.

Rien ne grave, mais au final, The Battery a du mal à décoller. La curiosité laisse la place à l’ennuie qui lui-même s’estompe alors que se profile l’acte final. C’est là que le film surprend vraiment. En huis-clos (n’en révélons pas trop). Quand les survivants doivent vraiment survivre, sans possibilité d’évasion, alors que l’influence des morts-vivants se fait sentir. Lancinant, le fléau s’immisce par le moindre interstice d’une amitié face à la mort. Dans sa dernière demi-heure, The Battery touche au vif. C’est un peu tard, mais il convient néanmoins de parler de petit exploit, vu les circonstances. Émouvant et sincère, ce film existe par lui-même. Il n’a besoin de personne et avec trois fois rien, fait mieux que beaucoup d’autres.

@ Gilles Rolland

The-Battery-Jeremy-Gardner

Par Gilles Rolland le 19 août 2014

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