[Critique] THE BOY

CRITIQUES | 2 février 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : The Boy

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : William Brent Bell
Distribution : Lauren Cohan, Rupert Evans, Ben Robson, Jim Norton, Diana Hardcastle…
Genre : Épouvante/Horreur
Date de sortie : 27 janvier 2016

Le Pitch :
Greta, une jeune américaine, se fait engager par un couple de personnes âgées pour garder leur petit garçon. À son arrivée dans la lugubre demeure de ses employeurs, elle découvre que l’enfant est en fait une poupée de porcelaine. Décontenancée, Greta accepte néanmoins de jouer le jeu jusqu’au départ des parents. Et c’est lorsqu’elle se retrouve seule avec la poupée que des phénomènes étranges ne tardent pas à se produire…

La Critique :
Le cinéma d’épouvante nous a largement abreuvé par le passé de poupées tueuses de toutes sortes. La plus célèbre, Chucky, a carrément eu droit à plusieurs films (ce n’est pas terminé) et récemment, c’est une certaine Annabelle, que nous avons découverte dans Conjuring, qui a relancé la tendance. Aujourd’hui, c’est avec Brahms, cette poupée de porcelaine aux traits angéliques, qu’il va falloir composer. Un challenger pas spécialement engageant car porté par le réalisateur de l’atroce (dans le mauvais sens du terme) Devil Inside, soit l’un des films d’horreur les plus nuls de ces 3 dernières décennies.

Brahms est un petit garçon d’une dizaine d’années. Il est brun, se fringue comme un vieux et aime bien que ses journées soient régies par une série d’habitudes chiantes comme la pluie. Brahms aime la musique classique (avec un nom pareil c’est logique). Il se couche toujours à la même heure, se lève comme les poules, aime la poésie et ne supporte pas que sa baraque soit le théâtre de visites impromptues. Brahms est de la vieille école et Brahms, accessoirement, est une poupée. Ses parents, qui le traitent comme si il était vivant, donnent l’impression d’avoir complètement perdu la boule, et c’est quand ils se barrent en laissant la baby-sitter toute seule que l’on découvre en fait leurs véritables motivations. Bref, à priori, rien de nouveau dans le petit monde plutôt tranquille des poupées monstrueuses. Beaucoup moins fun que Chucky, moins drôle aussi, Brahms tient plutôt d’Annabelle, à cause notamment de sa fâcheuse habitude à ne bouger qu’hors champs et à ménager ses effets jusqu’à l’extrême. Pourtant, on découvre, alors que se dessine le dénouement, que The Boy a plus d’un tour dans son sac… Et c’est ce twist aussi inattendu que bienvenu qui permet d’un coup d’un seul au long-métrage de gagner ses galons et sa légitimité.
Bon, il convient tout de même de relativiser. Oui, The Boy arrive finalement à prendre un peu à revers, mais non, il n’y a pas non plus de quoi se taper le cul par terre. Si on fait exception du caractère un peu roublard du scénario, rien de tout ce qui nous est montré ici, n’a pas déjà été fait en beaucoup mieux ailleurs. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant.

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Tout en haut de l’affiche, dans le rôle de celle qui doit se coltiner le sale gosse en porcelaine, Lauren Cohan porte pour la première fois un film sur ses épaules. Principalement connue pour poutrer des zombies avec son boy friend Glenn et ses amis Rick et Michonne dans The Walking Dead, la comédienne, vue également dans Death Race 2 et dans Reach Me, ne lésine pas pour donner du corps à sa performance. Armée d’une partition que beaucoup ont joué avant elle, elle fait néanmoins montre d’une bonne volonté à toute épreuve, y compris quand le scénario lui joue de sales tours, en lui faisant interpréter des émotions qui échappent parfois à la logique et au bon sens. Effrayée, fascinée, elle est de ces scream queens qui cachent un lourd passé et qui, par la résolution de l’énigme morbide à laquelle elle sont confrontées (comment réagir face une poupée vivante?) vont aussi faire fi du passé et pourront enfin aller de l’avant. Épaulée par un beau gosse au charme rural, interprété ici par Rupert Evans, la belle américaine vient se placer dans la longue lignée de ces personnages hyper balisés, dont les cris, les sursauts et les poses sexy ont façonné tout un pan du cinéma de genre. Belle à tomber, Lauren Cohan fait donc de son mieux, sans jamais se départir d’une énergie qui fait beaucoup, y compris quand le script ne le mérite pas franchement. Elle est de tous les plans, son charisme sauve les meubles quand ils ont besoin de l’être et globalement, sa présence confère à la fois de l’émotion mais aussi une certaine constance au long-métrage.

Plutôt sympathique car mu par une volonté de sortir un peu des sentiers battus en mélangeant les styles, The Boy est également suffisamment rythmé pour garder l’ennui à une distance respectable. On ne sursaute jamais vraiment, mais parfois, quelques bonnes idées font mouche. Jamais vraiment opportuniste, il ne cède pas à l’appel du gore, préfère se concentrer sur l’ambiance, tente d’exploiter au mieux ses décors aux accents gothiques et ne fait jamais trop longtemps du surplace. Derrière la caméra, pas très inspiré, William Brent Bell tient pourtant bon, et emballe mine de rien son meilleur film. Ce qui, quand on a mis en boite The Devil Inside, prend un sens tout relatif. Lui aussi est plein de bonnes intentions et au final, si ce n’est pas flagrant, ses efforts payent. Et au fond, la plus grande qualité de The Boy est certainement d’arriver à faire mieux que ce que nous redoutions lors de l’annonce du projet.

@ Gilles Rolland

The-Boy-Lauren-Cohan Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 2 février 2016

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