[Critique] THE FITS

CRITIQUES | 21 février 2017 | Aucun commentaire
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Titre original : The Fits

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisatrice : Anna Rose Holmer
Distribution : Royalty Hightower, Alexis Neblett, Da’Sean Minor, Lauren Gibson, Makyla Burnam, Inayah Rodgers, Antonio A.B. Grant Jr….
Genre : Drame
Date de sortie : 11 janvier 2017

Le Pitch :
Toni, une petite fille de 11 ans, s’entraîne dans la salle de boxe qu’elle gère avec son grand frère. Dans le même gymnase, les filles apprennent le drill, une forme énergique de hip-hop. Alors que Toni abandonne la boxe et peine à s’intégrer dans le groupe de danse, les jeunes élèves commencent une par une par souffrir de violentes crises d’épilepsie…

La Critique de The Fits :

Il faut remonter à Carrie White prenant sa douche dans le vestiaire des filles pour voir un passage à l’âge de maturité aussi mystérieux et inquiétant que dans ce début de carrière hypnotique de la réalisatrice-scénariste Anna Rose Holmer. Film au sens pur, The Fits n’accorde pas beaucoup de valeur aux dialogues, racontant son histoire presque entièrement à travers le son, le mouvement et l’espace. Parfois inscrutable, il s’enlise dans l’esprit et y reste longtemps après le générique.

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Une grande présence

L’extraordinaire (et l’extraordinairement nommée) Royalty Hightower incarne Toni, un garçon manqué maussade et pré-pubère aidant son grand frère dans son entraînement à la boxe au gymnase après l’école. Une actrice qui possède un regard vigilant et une présence à l’écran naturellement impérieuse. Imaginez si Steve McQueen était une petite fille noire de onze ans et vous avez plus ou moins pigé l’idée. C’est la mascotte minuscule des boxeurs, mais la prestation intériorisée d’Hightower suggère que Toni pourrait probablement mieux encaisser un coup que toute la bande réunie.

Ennuyée par les garçons et leur vantardise, sa curiosité est piquée par les répétitions de l’équipe de danse dans la salle d’en face. On suit alors Toni en train de jeter des coups d’œil hésitants vers leur univers étrange et bruyant d’accessoires fashion et de girations syncopées. Holmer garde la caméra subjective, avec des angles expressionnistes nous laissant partager l’émerveillement et l’intimidation de la jeune fille. Toni finit par trouver le courage de s’essayer au groupe junior ; surnommées Les Morpions. Des gamines dansant sous le règne draconien de l’équipe première, les Lionnes.

L’âge ingrat

The Fits observe ce grand écosystème abracadabrant de jeunes adolescentes à travers les yeux de notre héroïne. Des aperçus saisis derrière des recoins ou à travers de portes entrouvertes, des fragments de conversations entendues par hasard. Les adultes sont des abstractions, filmés soit comme des formes floues ou avec leurs têtes décapitées par le haut du cadre comme chez Snoopy et les Peanuts. C’est un moyen astucieux de nous isoler formellement avec le personnage principal. Toni est toute seule, et on reste à ses côtés.
Une par une, les filles dans l’équipe commencent à souffrir de crises terrifiantes et inexplicables. Au début, les autorités pensent qu’il y a un rapport avec l’eau du centre, mais ils ne se rendent pas compte qu’on a ici affaire à une bonne grosse métaphore. Ce qui fait fonctionner si merveilleusement la chose est qu’Holmer n’essaye jamais d’être trop littérale ou d’expliquer l’affliction du titre. Les convulsions pourraient représenter la menstruation, ou la conformité, ou la perte de la virginité, ou n’importe quel autre rite de passage qui nous foutait la trouille étant gosse. Le film nous laisse assez d’espace pour y ranger notre propre imagination.

Purement sensoriel

Holmer et son chef opérateur Paul Yee font un boulot brillant, réalisant tout dans les termes les plus purement physiques. Souvent, les Lionnes et les Morpions occupent des façades opposées au cadre cinémascope, avec des démarcations visuelles tranchantes les gardant séparées. Le malaise de Toni se manifeste dans du vernis d’ongles écaillé ou des piercings d’oreille infectés, ses coups de poings et de pieds maladroits évoluant vers l’élégance au fur et à mesure que le film progresse. Elle apprend à confronter l’incertain avec confiance, et dans un final aussi beau que déroutant, Toni fait face à l’étrange avec quelque chose qui se rapproche du transcendant.

En Bref…
The Fits est difficile à décrire et parfois mystérieux au point d’être inscrutable. Mais au final, ça n’a pas beaucoup importance quand on parle d’une œuvre aussi phénoménale. Et si une mélodie de Kiah Victoria accompagne le dénouement, il est aussi légitime de penser à un titre de David Bowie: « Turn and face the strange… »

@ Daniel Rawnsley

The-Fits  Crédits photos : ARP Sélection

Par Daniel Rawnsley le 21 février 2017

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