[Critique] TOY STORY 4

CRITIQUES | 27 juin 2019 | Aucun commentaire
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Titre original : Toy Story 4

Rating: ★★★★½

Origine : États-Unis

Réalisateur : Josh Cooley

Distribution voix (en V.O.) : Tom Hanks, Tim Allen, Tony Hale, Ally Maki, Wallace Shwan, Keanu Reeves, Joan Cusack, Laurie Metcalf… / (en V.F.) : Jean-Philippe Puymartin, Richard Darbois, Pierre Niney, Angèle, Audrey Fleurot, Barbara Tissier, Jamel Debbouze, Franck Gastambide…

Genre : Animation/Comédie/Aventure/Suite/Saga

Date de sortie : 26 juin 2019

Le Pitch :

Forky, un nouveau jouet fabriqué par la petite Bonnie, fait son entrée dans la chambre. Ce qui ne manque pas de bouleverser les habitudes des jouets. Surtout qu’en l’occurrence, Forky n’a aucune envie d’en être un. Désireux de préserver le bien-être de Bonnie, Woody décide de prendre les choses en main. Il se retrouve alors, entouré de tous ses amis, embarqué dans une folle aventure, découvrant un monde qui lui était jusqu’ici inconnu. De quoi bouleverser ses habitudes mais aussi aussi ses certitudes à propos de sa propre condition…

La Critique de Toy Story 4 :

Pourquoi ? C’est la question qu’à peu près tout le monde s’est posée au moment de l’annonce de la mise en chantier d’un quatrième volet de la saga Toy Story. Bien sûr, la perspective de retrouver Woody, Buzz et tous les autres jouets avait aussi quelque chose d’excitant, 9 ans après l’excellent troisième volet, mais pourquoi justement vouloir risquer de ternir l’image de la franchise alors que celle-ci s’était jusqu’ici distinguée sans jamais faillir. Des doutes légitimes, inhérents à l’intérêt d’ouvrir une nouvelle fois le coffre à jouets. Toy Story allait-il encore pouvoir briller dans le contexte actuel ? Surtout maintenant que John Lasseter, le créateur de la saga, n’est plus de la fête. Est-ce que tout n’avait pas été dit au terme du 3, avec le départ d’Andy à la fac et l’arrivée dans la vie des jouets de Bonnie, une nouvelle enfant ? Bref, ce n’était pas gagné mais Toy Story 4 a tout de même relevé le défi. Alors qu’il a été fait à Pixar le reproche de se réfugier derrière des valeurs sûres et d’enchaîner les suites sans parfois trop de fondements (Cars 2 n’est-il pas le premier vrai faux pas du studio ?), comment un quatrième Toy Story allait-il pouvoir se distinguer et se montrer au moins aussi bon que ses prédécesseurs mais aussi légitime au regard de l’histoire sur laquelle il allait s’appuyer ?

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Monde, nous voilà !

C’est à Josh Cooley qu’est revenu la périlleuse mission d’emballer correctement ce quatrième épisode. Scénariste de Vice-Versa, storyboardeur depuis une quinzaine d’années pour Pixar, Cooley se lance ici dans le grand bain et réalise pour la première fois un long-métrage, prenant donc la suite de Lee Unkrich. Première bonne nouvelle : le metteur en scène nous prouve qu’il était bel et bien l’homme de la situation. Deuxième bonne nouvelle : le script que lui ont tricoté Stéphanie Folson et Andrew Stanton est à la hauteur et démonte minutieusement tous les doutes que le projet a pu à un moment ou à un autre entraîner. C’est ainsi après une brillante introduction, aussi périlleuse que trépidante, que se dessine l’histoire de ce nouveau film, dans lequel il est principalement question d’émancipation. Trouver sa place… Voici le défi auquel le brave Woody est confronté, lui qui redevient pour cet (ultime ?) volet le véritable seul héros de Toy Story. Alors oui, en effet, la thématique était déjà au centre de Toy Story 3 mais malgré tout, ici, si on peut difficilement ignorer l’habille rétropédalage, force est de constater que les choses sont un peu différentes. Car Woody n’a plus le choix : au pied du mur, en plein doute, tiraillé, il doit se lancer pour espérer retomber sur ses pieds et donner à son existence un nouveau sens. Projeté dans un univers qui n’est pas le sien, en manque de repères tangibles, il est au centre d’une aventure où l’émotion prime. Car si les trois films précédents savaient bien sûr toucher au vif, c’est bien ce quatrième épisode qui se montre le plus émouvant. Dès le début, quand Woody s’attache à remplir la fonction qu’il croit la sienne pour sauvegarder le bonheur de la petite Bonnie, puis par la suite, quand tout vole en éclat et que ses efforts pour reconstruire sa réalité, la seule qu’il ait jamais connue, entraîne l’apparition de nouvelles perspectives.

Vers l’infini ou pas loin…

Toy Story 4 parvient donc à avancer sans renier tout ce qui caractérisait jusqu’alors la saga. Parfaitement rythmé, il se montre tour à tour triste, terriblement drôle, ludique et inventif et ne perd jamais ses objectifs de vue. Le tout en déclinant et en développant des thématiques certes attendues mais tellement bien traitées que le spectacle touche en plein cœur. Presque paradoxalement, alors que le cadre s’élargit, avec cette idée omniprésente de « découvrir le monde », au-delà du décors strict de la chambre de Bonnie, l’histoire se resserre, même si bien sûr, Buzz et les autres personnages ont aussi leur rôle à jouer. L’astronaute dont le rôle est ici principalement de faire écho aux doutes et aux espoirs de son ami Woody, mais aussi de faire rire, épaulé par des seconds couteaux très efficaces. Même le « méchant » se montre à la hauteur, convoquant une imagerie directement empruntée au cinéma d’épouvante, soulignant par là-même le côté plus adulte du film. Rappelant le Lotso du 3, le personnage s’émancipe et arrive à exister par lui-même. Et finalement, c’est tout à fait symptomatique de ce que Toy Story 4 accomplit : il n’invente que très peu, reste connecté à ses racines, recycle habilement certaines idées, en propose d’autres, prend plus de risques qu’on aurait pu le penser via l’inclinaison de son récit et va de l’avant, justifiant toujours et encore son existence.

Est-il également utile de préciser que le plaisir de retrouver Woody, Buzz, Rex, Wendy et les autres est immense ? Il semble par contre important de souligner à quel point Toy Story 4 est beau. Le travail sur les textures, les décors, l’animation, est bluffant. Pixar a toujours une longueur d’avance. Le travail accompli ici est ahurissant. Et si on s’attendait à ce que le spectacle soit soigné, car on parle de Pixar après tout, on est donc nettement plus surpris devant l’intelligence de ce dernier qui n’a au bout du compte rien d’opportuniste ou de poussif.

En Bref…

Malgré les doutes qu’il a pu susciter au moment de sa mise en chantier, Toy Story 4 est une éblouissante réussite. Visuellement sublime, drôle, émouvant et malin, ce quatrième volet est celui que méritaient la saga et les fans.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : The Walt Disney Company France
Par Gilles Rolland le 27 juin 2019

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