[Critique] UNIVERSAL SOLDIER : LE JOUR DU JUGEMENT
Titre original : Universal Soldier : Day of Reckoning
Rating: 
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Hyams
Distribution : Jean-Claude Van Damme, Scott Adkins, Dolph Lundgren, Andrei Arlovski, Kristopher Van Varenberg, James Rawlings, Mariah Bonner, Sigal Diamant…
Genre : Action/Science-Fiction/Suite/Saga
Date de sortie : 23 janvier 2013 (DTV)
Le Pitch :
En pleine nuit, des hommes s’introduisent dans la maison où John vit avec sa femme et sa petite fille. Au terme d’une violente lutte, John voit sa femme et sa fille se faire exécuter. À son réveil, il n’a plus qu’une obsession, se venger. Au fur à mesure de son investigation, il met à jour le plan de Luc Devreux et de d’Andrew Scott, deux Universal Soldiers dissidents, décidés à monter une armée dans le but de prendre le pouvoir. Devreux, qui est précisément le responsable de la mort de la famille de John…
La Critique :
Parfois, il ne faut pas trop chercher à comprendre. C’est effectivement mieux, car dans le cas présent, en ce qui concerne la franchise Universal Soldier, la logique elle-même n’a pas lieu d’être. Autrefois gentil comme tout, Luc Devreux, le super soldat interprété par Jean-Claude Van Damme, est désormais un immonde salopard. Le crâne rasé, l’attitude calquée sur celle du Colonel Kurtz d’Apocalypse Now, Devreux est méchant, c’est comme ça, il faut s’y faire. Dolph Lundgren, lui aussi de nouveau de la partie, est par contre toujours un gros bourrin sadique. Les deux font la paire et c’est Scott Adkins qui se charge d’incarner le héros vertueux. Une belle promotion pour le premier rôle d’Un seul deviendra invincible 2 et 3 (les meilleurs) et plus récemment bras droit de Van Damme dans Expendables 2. Adkins est au centre du pitch. C’est sa famille qui se fait zigouiller par Van Damme et par ses sbires, et c’est lui qui va réclamer vengeance à grand coups de tatanes.
Alors qu’il avait tout pour prendre la poussière dans les bacs des supermarchés, pour finir par se voir brader à 2€, un jour de soldes pluvieux, Universal Soldier : Le Jour du Jugement créé la surprise. Sans être une grosse claque, il s’apparente pourtant à une étrange expérience qui ne manquera pas de flatter la cinéphilie déviante de tous les fans de Jean-Claude, ceux de la franchise Universal Soldier, et plus largement, les amateurs de films d’action violents et décomplexés.
Une surprise inhérente à la présence de John Hyams, un réalisateur aux ambitions étonnamment auteristes, qui expérimente au taquet à l’occasion des retrouvailles de nos super-soldats aux intentions louches.
Au final, le film s’apparente à un trip hallucinatoire où les gerbes de sangs et autres coups de boules dans la tronche côtoient les épisodes sous LSD. John Hyams organise dans un grand bordel un peu bâtard il faut le dire, le mariage improbable de David Lynch et des codes du cinéma d’action bis.
Dès le début, le ton est donné et on sait simultanément que non, Universal Soldier 4 ne sera pas un chef-d’œuvre, mais que oui, il ne sera pas pour autant un simple truc bête et méchant, filmé par dessus la jambe par un mec qui s’en fout, avec des acteurs en quête d’un petit chèque bienvenu pour payer les traites de leur Hummer.
Parcouru de morceaux de bravoure, en terme de mise en scène, comme d’étonnant plans séquences barbares où la violence explose, Universal Soldier : Le Jour du Jugement réserve son lot de surprises. Au-delà du pitch à la ramasse, il propose un véritable spectacle jouissif. Un maelström puissant, dont les seules limites se situent au niveau du budget riquiqui. On imagine alors ce que le long-métrage de Hyams aurait pu donner, si le réalisateur s’était vu confier un budget à la hauteur de ses ambitions…
Mais comme ce n’est pas le cas, les scènes d’action sont plutôt rares. Séparées par d’étranges moments de flottements ambitieux et courageux, mais assez incongrus, où Van Damme apparaît comme dans un rêve, la boule à zéro, les combats s’avèrent par contre puissants. Filmés avec un grand sens du rythme, les affrontements envoient du lourd. Les coups portent et font des dégâts. De quoi se réveiller après de longues plages, où l’histoire en carton et les tentatives audacieuses du réalisateur de nous amener vers des sommets de psychédélisme, n’arrivent pas à éloigner bien longtemps une certaine somnolence.
Au rayon des regrets, on déplorera aussi le peu d’apparitions de Dolph et de Jean-Claude, finalement assez rares. Une absence bien heureusement compensée par un Scott Adkins limité dans l’acting pur, mais complètement crédible quand il s’agit d’envoyer valser avec style et brutalité les bad guys.
À la fois un peu aux fraises et complètement furieux et courageux, Universal Soldier : Le Jour du Jugement est toutefois suffisamment bon pour ressusciter une saga qui avait sombré assez tôt dans un marasme Z gênant. Si on nous annonce demain que les trois drilles (Van Damme, Lundgren et Adkins) décident de rempiler, on y reviendra alors le sourire aux lèvres. Espérons que le succès d’estime de ce Jour du Jugement, ait encouragé les producteurs à renouveler le CDD de John Hyams, en lui laissant cette fois-ci les coudées libres pour orchestrer sa vision burnée d’un univers sclérosé sur lequel on n’aurait pas mis un copec.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Wild Side