[Critique] VERÓNICA

CRITIQUES | 25 janvier 2018 | Aucun commentaire
Verónica-poster

Titre original : Verónica

Rating: ★★★★☆
Origine : Espagne
Réalisateur : Paco Plaza
Distribution : Sandra Escacena, Bruna González, Claudia Placer, Ana Torrent…
Genre : Horreur/Épouvante
Date de sortie : 24 janvier 2018

Le Pitch :
À Madrid, en 1991, Verónica, une adolescente, se laisse tenter par une partie de Ouija avec deux amies. Rapidement, la séance prend une tournure des plus inquiétantes. Le début d’un véritable cauchemar pour Verónica, qui est alors assaillie par une entité démoniaque qui semble également en vouloir à ses sœurs et à son frère…

La Critique de Verónica :

Verónica est inspiré du seul cas d’activité paranormale reconnu par la police espagnole. Un fait divers très étrange qui a laissé perplexe les enquêteurs qui s’y sont penchés, à commencer par celui qui s’est rendu sur les lieux, ce fameux soir de mars 1991, à la suite d’un appel sortant de l’ordinaire. Une histoire dont Paco Plaza, l’un des deux réalisateurs de [Rec] a néanmoins tenu à s’éloigner pour tisser son propre récit. Et si, quand on connaît un peu l’affaire qui a donné naissance au film, on reconnaît des similitudes ici ou là, force est de voir en Verónica une interprétation très libre, qui malgré tout, tient à se terminer sur une touche voulue « réaliste » afin de tenter de prolonger chez le spectateur le malaise que le long-métrage s’est efforcé d’instaurer 1h45 durant.

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Spanish Conjuring

Si le seul fait que Verónica se déroule à Madrid, sans faire appel à des acteurs célèbres (si on fait exception d’Ana Torrent, qui n’est pas non une superstar), suffit à lui conférer une identité propre, ce dernier n’est pourtant pas vraiment original. Des histoires de possession, le cinéma en regorge. Depuis que William Friedkin a lancé la mode, avec L’Exorciste (lui-même inspiré d’un fait divers), beaucoup lui ont emboîté le pas pour tenter d’égaler ce classique du septième-art. Sans y parvenir. Paco Plaza lui, semble s’en moquer même si il est difficile de ne pas y penser quand on assiste au lent processus de possession qui débute dans Verónica, un peu de la même façon que dans L’Exorciste. Plaza donc, trace sa route comme si il était le premier à tenter le coup, et si ça ne l’aide pas à gagner en originalité, cela lui permet de proposer quelque chose qui sonne paradoxalement avec force, malgré (ou grâce, c’est selon) un petit côté désuet. Mais finalement, cela aussi joue en sa faveur. Si on fait exception de quelques effets numériques modernes, assez réussis dans l’ensemble, Verónica, qui se déroule dans les années 90, donne également l’impression d’avoir été filmé à l’époque. Pour le meilleur la plupart du temps…
En d’autres termes, non Verónica n’est aussi efficace ou perturbant que L’Exorciste, mais il l’est quand même, à sa façon, lui qui prend soin d’instaurer une ambiance à laquelle il donne toutes ses chances afin d’envelopper le spectateur jusqu’au final glaçant…
Et en plus, ce n’est pas tout…

Possession insidieuse

Verónica est aussi une sorte de violente réflexion sur le deuil et sur le passage à l’âge adulte. L’héroïne, une jeune fille fascinée par les pratiques occultes se débat déjà avec un quotidien pas super évident et tous les problèmes inhérents à l’adolescence, tandis qu’elle doit s’occuper de ses frères et sœurs, composant avec une mère absente, qui l’oblige à grandir plus vite, assaillie de responsabilités qui au bout du compte, pèsent dans la balance quand il s’agit de se libérer de l’emprise d’un démon qui cristallise tout ceci avec une brutalité qui ne fait pas dans la demi-mesure. Parfaitement campée par la jeune Sandra Escacena, l’adolescente confère au film une âme et lui permet de ne pas avoir uniquement à tabler sur les quelques jump scares qui parsèment le récit (pas opportunistes) et plus globalement sur tous les éléments horrifiques. C’est donc avec un supplément d’âme et d’émotion que Verónica déroule son intrigue, en prenant soin de nous prendre par la main, amplifiant du même coup l’empathie. Et c’est également pour cela que le long-métrage, malgré une durée assez importante compte tenu du caractère de l’histoire, n’ennuie jamais et fait preuve d’une bonne tenue du début à la fin sans démériter.

Verónica fonctionne donc remarquablement bien. De plus en plus effrayant, il accorde plus d’importance à ce qu’il raconte et à ses personnages qu’aux effets de manche et c’est justement pour cela qu’il parvient à se démarquer de la concurrence américaine et à se hisser au-dessus de la masse de toutes les productions opportunistes qui inondent le marché tous les ans. Avec une vraie sincérité et un amour flagrant pour le genre, Paco Plaza arrive à nous faire adhérer à son propos, grâce à une écriture pertinente, qui en dit plus qu’elle n’en a l’air de le faire, sur l’adolescence, la famille, la place des femmes dans une société pilotée par les hommes, et sur la société espagnole de l’époque, mais qui prend aussi soin de construire une horreur calibrée pour toucher au vif, quand bien d’autres échouent notamment sur ce plan-là. Sa mise en scène étant au diapason de ses intentions, dans la mesure, exploitant des idées pour la plupart efficaces sans en faire des caisses.
Paco Plaza qui prouve, même si au fond, on le savait déjà, qu’en matière de cinéma de genre (mais pas que), l’Espagne n’a de leçon à recevoir de personne…

En Bref…
Un peu sorti de nulle part, Verónica se montre plus qu’à son tour tétanisant, anxiogène, maîtrisé et même parfois émouvant. Un film d’épouvante, un vrai, qui s’approprie les vieilles recettes pour les faire siennes et qui, à défaut d’être vraiment original, se montre réellement efficace, tout en étant suffisamment dérangeant pour marquer sur la durée. Une réussite indéniable.

@ Gilles Rolland

Verónica   Crédits photos : Sony Pictures Releasing France

Par Gilles Rolland le 25 janvier 2018

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