[Critique] VOISINS DU TROISIÈME TYPE
Titre original : The Watch
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Akiva Schaffer
Distribution : Ben Stiller, Jonah Hill, Vince Vaughn, Richard Ayoade, Rosemarie DeWitt, Will Forte, Mel Rodriguez, Doug Jones, R. Lee Ermey, Billy Crudup…
Genre : Comédie/Fantastique/Science-Fiction
Date de sortie : 12 septembre 2012
Le Pitch :
C’est lorsque le gardien de son magasin est mystérieusement retrouvé mort, qu’Evan décide de créer un comité de surveillance de quartier, avec trois de ses voisins. Le but étant de retrouver l’assassin et de tranquilliser du même coup sa ville. Motivés, mais plus ou moins désorganisés, les quatre veilleurs improvisés vont vite se heurter à une menace venue d’ailleurs…
La Critique :
Bonne nouvelle : Voisins du Troisième Type ressemble davantage à Supergrave, qu’à La Nuit au Musée. Il y avait en effet fort à craindre que cette comédie fantastique soit calibrée pour flatter les zygomatiques des enfants, en allant chasser sur les terres de Super 8 et plus largement, de tous les longs-métrages de science-fiction mettant en scène des aliens de tous bords.
Mais non, ce n’est pas du tout le cas. Tant pis pour les plus jeunes et tant mieux pour les autres, qui ont de grandes chances de bien s’amuser devant cette gaudriole bien fun, centrée sur un humour potache.
Un constat qui coule de source quand on sait que ce sont Seth Rogen et Evan Goldberg (avec Jared Stern) qui sont derrière le scénario du film d’Akiva Schaffer. À savoir, ceux qui ont écrit le script de Supergrave et le mec qui a réalisé Hot Rod, ainsi que de nombreux sketches du Saturday Night Live. Devant la caméra, l’équipe est tout aussi impressionnante avec en première ligne, Ben Stiller, Vince Vaughn, Jonah Hill et Richard Ayoade. La crème de la crème de la comédie américaine à tous les postes de production, pour un long-métrage qui n’a peut-être pas bénéficié directement de la touche de Judd Apatow, mais qui jouit quand même des talents conjugués de quelques-uns de ses plus fameux lieutenants.
Certes, chacun fait ici ce qu’il sait faire. Personne ne prend de véritable risque. Au scénario par exemple. Celui de Voisins du Troisième Type fait de l’œil à L’Invasion des Profanateurs de Sépultures ou à Rencontre du Troisième Type, multiplie les références (le premier contact entre Ben Stiller et l’alien est magique) et rappelle quand même très fortement le postulat de départ du récent et très bon Attack the Block. Les scribes ne se sont pas foulés pour tisser l’intrigue principale de leur film c’est certain. Est-ce mauvais pour autant ? Non !
Le génie est ailleurs ! Dans le fait, par exemple, de cribler de blagues salaces une banale histoire d’E.T. préparant une invasion à partir d’un quartier à la Desperate Housewives. Dans le désir aussi de ne pas avoir tout misé sur les aliens. Grâce à cela, Voisins du Troisième Type est avant tout une bonne comédie et pas seulement un banal trip de science-fiction de proximité. L’équilibre entre les deux genres n’est d’ailleurs pas toujours maitrisé et le métrage souffre parfois d’un gros manque de rythme. Mais à la limite, peu importe tant le ton débridé rattrape souvent le coup.
Qu’on soit d’accord, Voisins du Troisième Type n’est pas un grand film. C’est très con (ce n’est pas forcement un défaut), très gras et très drôle. Certains gags étant vraiment super efficaces. Des scènes qui nous rappellent avec bonheur le génie qui se cache derrière l’équipe responsable du film.
Chacun à son poste donne son meilleur sans pour autant s’amuser à changer de registre. Stiller fait du Stiller, Vaughn du Vaughn , Hill du Hill et c’est finalement de l’excellent Richard Ayoade que vient la surprise. Son flegme briton trouve dans l’humour de ses comparses un réceptacle parfait. Il s’épanouit et apporte un décalage qui fait mouche. Le comédien anglais est alors au centre de beaucoup des séquences les plus réussies, à commencer par celle qui voit le personnage d’Ayoade se présenter à ses nouveaux amis du comité de surveillance.
Voisins du Troisième type remplit largement sa part du marché. Peu importe que l’histoire soit prévisible et que parfois ça pédale un peu dans la choucroute, car c’est drôle. Très drôle si on considère qu’aucun gag ne tombe vraiment à plat. Il y a dans le long-métrage ce goût de la vanne qui tache. De la blagounette qui tourne autour des organes génitaux et de ces scènes qui s’éternisent dans le seul but d’enfoncer superbement le clou d’un humour certes spécial, mais carrément dévastateur. Il faut adhérer comme dirait l’autre, mais lorsque c’est le cas, ça fait plaisir. En somme, l’exemple typique du trip décomplexé qui se moque d’accumuler les tares et qui ne cherche pas à plaire à tout le monde : un sale gosse tout à fait fréquentable, avec des effets-spéciaux, du slime, des aliens bien dégueulasses et une bonne humeur contagieuse.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox