[Critique] ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE

CRITIQUES | 10 avril 2021 | 2 commentaires
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Titre original : Zack Snyder’s Justice League

Rating: ★★★½☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Zack Snyder

Distribution : Ben Affleck, Gal Gadot, Henry Cavill, Jason Momoa, Ezra Miller, Amy Adams, Ray Fisher, Jeremy Irons, Diane Lane, Connie Nielsen, J.K. Simmons, Jesse Eisenberg, Joe Morton, Amber Heard, Billy Crudup, Willem Dafoe, Jared Leto…

Genre : Fantastique/Science-Fiction/Adaptation/Suite/Saga

Durée : 4h02

Date de sortie : 18 mars 2021 (VOD)

Le Pitch :

Déterminé à donner du sens au sacrifice de Superman et sentant la menace d’une nouvelle attaque imminente, Bruce Wayne décide de former une équipe de super-héros capable de protéger le monde. Rapidement rejoint par Wonder Woman, il parvient non sans mal à également fédérer Aquaman, Cyborg et Flash. Pendant ce temps, le redoutable Steppenwolf multiplie les attaques afin de mettre la main sur les trois mother boxes. Des artefacts magiques qui, une fois réunis, lui permettront de mettre à exécution les plans de son maître, le puissant Darkseid…

La Critique de Zack Snyder’s Justice League :

Quand Zack Snyder initia le DC Universe, avec son flamboyant Man of Steel, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Le public fut au rendez-vous et les plans de la Warner allaient bon train, provoquant même quelques sueurs froides du côté de Marvel. Puis Snyder mit en scène Batman v Superman : L’aube de la Justice, qui lui, n’a pas autant convaincu. On passe rapidement sur les autres projets pour se concentrer sur Justice League, que Snyder prit également en main, avec toute la bonne volonté dont il est capable. Un projet qu’il fut néanmoins contraint d’abandonner en cours de route suite au suicide de sa fille… Ni une ni deux, la Warner appella Joss Whedon qui, on le sait maintenant, s’empressa de traiter tout le monde ou presque comme de la merde sur le tournage, s’appropriant le long-métrage sans vergogne et s’arrangeant pour faire sa tambouille sans grande considération pour les désirs de Snyder. Résultat, le Justice League qui sortit chez nous le 15 novembre 2017 fut non seulement assez bancal mais aussi moins sombre que prévu et bizarrement assez anecdotique. De quoi mettre les fans en colère, qui petit à petit, se sont mis à faire pression pour que Zack Snyder revienne au charbon et livre sa version. Ce qui tombait bien car le réalisateur avait justement envie de faire entendre sa voix pour peut-être parvenir à faire oublier ce qu’il avait depuis le début considéré comme un affront à sa vision. On vous passe les détails mais le cinéaste finit par recevoir une enveloppe de 70 millions de dollars pour bosser sur un nouveau montage, retravailler beaucoup de plans et même tourner des scènes supplémentaires en pleine pandémie. Montage qui s’est longtemps fait désirer avant de débouler aux États-Unis sur HBO Max et chez nous en VOD. Verdict…

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Séance de rattrapage

Si vous vous souvenez de notre critique de Justice League, vous savez que le film ne nous avait pas non plus super convaincu. Une sorte de rendez-vous manqué. C’est donc avec une certaine appréhension que nous nous sommes assis devant cette nouvelle mouture. Surtout qu’en l’occurrence, le Snyder Cut, comme les fans se sont mis à l’appeler, dure en tout et pour tout 4 heures. Un gros morceau. Néanmoins, le morceau en question rassure presque dès le début. Oubliez cette affreuse intro tournée avec un iPhone tout pété, avec Henry Cavill et sa moustache grossièrement effacée. En quelques minutes, Snyder rattrape le coup et introduit toute l’histoire des trois mother boxes d’une façon bien plus convaincante. Ça commence bien. Puis vient la séquence chez les Amazones, les présentations avec Cyborg, qui devient véritablement important, alors que Whedon l’avait relégué au second plan, la rencontre avec Aquaman, etc…

Ce que l’on remarque aussi, c’est le changement de ton. Snyder a considérablement assombri l’image, faisant la jonction avec ses choix dans Batman v Superman. Whedon lui, avait tenté de faire de Justice League une aventure plus légère, se rapprochant du ton d’Avengers, avec des blagounettes et pas trop de violence. Ici, chez Snyder, la violence et la brutalité sont de mise. Wonder Woman éclate des mecs contre les murs, Batman tire à vue et Aquaman embroche ses opposants. Non, Le Snyder Cut n’est pas non plus ultra sauvage mais force est de reconnaître que le spectacle est plus ténébreux et donc plus adulte. Forcément.

L’union fait la force

On pourrait s’étendre sur 10 pages pour lister toutes les différences entre le Justice League de Joss Whedon et celui de Zack Snyder mais ce serait un peu ennuyeux. Disons simplement qu’en récupérant les plans qu’il avait déjà tournés, en modifiant les effets-spéciaux (Steppenwolf n’a plus la même tronche ni la même armure, un exemple parmi d’autres), et en emballant de nouveaux plans, Snyder a globalement fait les choses correctement. Ce qu’il faut comprendre par là c’est que même si son Justice League n’est pas parfait, les principaux défauts de la première version ont été gommés. Ici, tous les personnages principaux ont enfin leur place. En 4 heures, Snyder a largement le temps de les développer et de les rendre ainsi plus crédibles et moins superficiels. Ce qui est particulièrement flagrant pour Cyborg, l’une des pièces maîtresses du Snyder Cut.

Plein de petits détails arrondissent aussi les angles : la résurrection de Superman est beaucoup mieux agencée et amenée, le combat final largement plus lisible, l’humour mieux dosé et l’émotion plus présente.

Alors après, malgré tout, le Snyder Cut, comme son prédécesseur, et comme Batman v Superman, reste assez problématique visuellement parlant. Ici plus que jamais, toutes les scènes d’action semblent avoir été tournées dans un hangar sous fond vert (c’est probablement le cas). Parfois, quand les choses s’emballent, le film ressemble toujours à une gigantesque cinématique de jeux vidéo avec tout ce que cela sous-entend. Le show sonne un peu artificiel et manque de substance. Il est indéniable que Snyder ne manque pas de savoir-faire, certaines séquences sont vraiment puissantes (l’arrivée de Superman à la fin), mais voilà… Son Justice League paraît parfois trop artificiel pour pleinement convaincre. Un peu trop bordélique aussi. Que ce soit d’un point de vue narratif ou visuellement parlant. Soucieux de néanmoins préparer le terrain à une ribambelle de suites qui ne verront probablement jamais le jour, Snyder s’embourbe sur des chemins hasardeux, tentant de donner du corps à une vision dont nous avons bien du mal à identifier les contours. L’intention est louable bien sûr mais le résultat manque souvent de tenue.

La musique également, pose problème. À vrai dire, le film ne parvient qu’à ne faire qu’un avec sa bande son que quand retentit le thème de Wonder Woman. Du coup, presque fatalement, c’est elle qui tire le plus son épingle du jeu. Noyé dans une série de compositions assourdissantes mais jamais mémorables, le film en fait souvent trop mais n’arrive que rarement à vraiment canaliser ses forces pour faire preuve de l’unité si recherchée.

L’heure de la revanche a sonné

Mais finalement… Grâce aux acteurs, tous très bons, à la générosité et à l’enthousiasme de Snyder, Justice League 2021 touche quand même au but. Malgré ses défauts, des plus grossiers aux plus discrets, ce spectacle XXL, revenu de loin, inespéré pour beaucoup, sonne avec sincérité et met en avant une audace qui fait défaut à bien des productions du même genre.

Il faut aussi souligner que tout compte fait, les 4 heures passent comme une lettre à la poste. Paradoxalement, le Snyder Cut s’avère mieux rythmé, plus fluide et donc bien moins lassant que le Justice League de Whedon. Un petit exploit en soit…

En Bref…

Malgré un côté trop artificiel et un scénario trop touffu, le Snyder Cut de Justice League remplit ses objectifs. Un peu écrasé par le poids de ses propres ambitions, il propose néanmoins un spectacle plein de fougue, sincère et généreux. Au point qu’à la fin, on en vient à regretter que les plans de la Warner ne prévoient pas de donner suite aux aventures de l’équipée sauvage de Bruce Wayne…

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Warner Bros. France
Par Gilles Rolland le 10 avril 2021

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[…] idées. Remonté à bloc après avoir fait plier la Warner, qui a accepté de sortir sa version de Justice League, le réalisateur a fait son nid à Netflix, où il a mis en scène Army of the Dead, un trip […]

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[…] il manque de caractère. On pourra reprocher tout ce que l’on veut à Zack Snyder, mais son Justice League porte sa marque. Ici, tout semble pompé ailleurs. Même les personnages d’ailleurs : Pierce […]