[Dossier] Les 10 films de Fantasia 2015

FANTASIA 2015 FOREIGN CORRESP. | 10 août 2015 | Aucun commentaire

Trois semaines de festival et forcément, à l’intérieur, du bon et du moins bon. Dans ce dernier papier consacré à l’édition 2015 de Fantasia, que du TRÈS BON à noter dans ton petit agenda et à ne surtout pas manquer quand ce très bon arrivera à toi.

Dans la liste ci-dessous, Sea Fog est déjà sorti en France. Quant à Combat Sans Code d’Honneur et l’Enfant Miroir, ce sont des rééditions projetées dans une nouvelle copie restaurée en 2K.

1. Port of Call, de Philip Yung – Rating: ★★★★★

Port-of-call

Récemment, ce sont les Coréens qui nous surprennent le plus, spécialistes des genres revisités, déstructurés avec des codes réinventés. Dans le polar, on pense à des films comme The Chaser ou Memories of Murder, chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvres. Ce chinois de Port of Call suit la même trajectoire. Le pitch du film sur le papier ressemble à un « whodunit ». Un flic mène une enquête pour retrouver le tueur d’une jeune femme dont le corps a également disparu. Dans les faits, on s’en fout royal de qui a fait quoi. C’est le pourquoi qui compte. Le puzzle à recomposer est complexe pas à peu près. Dans un mélange de présent et de passé entremêlés, on passe du rire aux larmes, de la légèreté à l’horreur, un véritable tourbillon des émotions qui font le yo-yo en permanence. Eprouvant mais salutaire. Grand film.

2. Ryuzo and the Seven Henchmen, de Takeshi Kitano –Rating: ★★★★½

Ryuzo-and-the-seven-Heshmen

Kitano n’aime pas la jeunesse. Paresseuse, ne respectant rien ni personne, pas même ses ainés. Le propos est présent dans nombre de ses films. Et particulièrement dans son petit dernier. Mais là où il nous cueille à chaque fois, c’est qu’il arrive toujours à rééquilibrer la balance en cours de route. Les vieux cons finissant souvent par rejoindre les plus jeunes. Dans Ryuzo and the Seven Henchmen, on sent qu’il a pris beaucoup de plaisir à en fabriquer une bien jolie brochette : une bande de yakuzas à la retraite, mais au code d’honneur resté intact. Seulement, ces vieux grincheux s’emmerdent. Et surtout, ils n’acceptent pas d’avoir été remplacés par une nouvelle génération de bracass’ sans principe, ni morale. Totalement improvisé, leur retour aux affaires va faire des étincelles, enchaînant les situations rocambolesques, toutes plus hilarantes les unes que les autres. Faut dire, l’histoire est bien soutenue par son cast, mené par un désopilant Tatsuya Fuji (L’Empire des sens, Jellyfish) absolument divin. Chaque perso est un bonbon à lui tout seul. Et ensemble, ils forment la plus gourmande des sucreries. Ryuzo and the Seven Henchmen est tout simplement l’un des films les plus drôles de Kitano. Voilà, c’est dit.

3. Cop Car, de Jon Watts – Rating: ★★★★½

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Deux enfants trouvent une voiture de flic abandonnée dans une clairière et décident de s’amuser à l’intérieur. Plus chouette encore, son propriétaire a laissé la clé. Tout est dans le titre. Court, précis, à l’essentiel, sans fioriture. Une tonalité à la Frères Coen, une intrigue parfaitement nouée, un super rythme, pas un pet de graisse. La photo et la musique qui collent pile bien dessus. Et à l’intérieur, un joli petit cast au poil autour d’un Kevin Bacon plus que génial. L’indep’ parfait !

4. Miss Hokusai, de Keiichi Hara – Rating: ★★★★½

Miss-Hakusai

L’histoire du célèbre peintre japonais, Katsushika Hokusai (mais si vous connaissez La Grande Vague de Kanagawa), à travers le regard de sa fille O-Ei, jeune femme indépendante et éprise de liberté. Ce qui fascine, c’est de constater à quel point les estampes japonaises, particulièrement pendant le mouvement Ukiyo-e (terme japonais signifiant « image du monde flottant »), avaient une importance considérable sur les consciences. Des œuvres fortes qui témoignent encore aujourd’hui de toute la richesse de la culture japonaise. Du réel à l’imaginaire, Miss Hokusai est un rêve éveillé. Sublime et envoûtant. Le film sort en France le 2 septembre prochain.

5. The Hallow, de Corin Hardy – Rating: ★★★★☆

The-Hallow

Un couple avec un bébé décide de passer des vacances dans une vielle maison à la campagne. Mal accueillis par les gens du coin, ils vont rapidement comprendre que le problème vient surtout de la forêt. Celui-là, je ne le voyais pas venir. Encore un film de « boogeyman » qui va retomber aussi vite qu’il est monté, après trois « bouh ! », une porte qui claque et deux branches frappées par le vent. Vingt minutes plus tard, je suis prêt à me diriger doucement vers un assoupissement assumé quand le film commence à me picoter. C’est vrai qu’il y a quelques bonnes idées, que c’est plutôt bien éclairé, et que oui, l’ambiance n’est pas trop rassurante. À cause de cet innocent bébé notamment, baladé à droite, à gauche, par des parents un peu déboussolés au fil des événements. Et puis le picotement devient plus insistant, pour finir par me réveiller totalement. C’est alors que le film va devenir vraiment généreux. Je ne veux pas en dévoiler plus, mais les amateurs de mythologie fantastique et de beaux maquillages à l’ancienne vont apprécier. Gros gros plaisir.

6. Sea Fog, de Shim Sung-bo – Rating: ★★★★☆

Sea-of-Fog-

Sur un chalutier en Corée du Sud. La pêche est de plus en plus difficile, contraignant son capitaine à changer de cap vers une activité plus lucrative : le transport de clandestins en provenance de Chine. Bien sûr, ça va partir en suc’ mais impossible de deviner à quel point. Même si on connaît bien les auteurs. Le réal est le scénariste de Memories of Murder. Quant au coscénariste et producteur, nul autre que le génie du cinéma actuel, Bong Joon-Ho (Memories of Murder, The Host, Mother, Snowpiercer). Le film est sorti en France le 1er avril de cette année, mais en Amérique du Nord, walou. Très belle surprise, donc, de le retrouver à la programmation de Fantasia cet été. Pour ceux qui ne l’ont toujours pas vu, je n’ai pas envie d’en dévoiler trop. Moins on en sait, mieux c’est. Simplement confirmer que les thématiques sont fortes et que la maîtrise formelle est au rendez-vous. Ames sensibles, en revanche, s’abstenir. Gros poisson.

7. Assassination, de Choi Dong-hoon – Rating: ★★★★☆

Assassination

L’occupation de la Corée par le Japon au début des années 1900. Et une résistance contrainte de s’installer en Chine pour échapper aux autorités nippones. C’est le dessous des cartes de cette résistance qui nous intéresse ici. Shanghai, en 1933. Soldats, civils, espions et assassins s’affrontent dans une mission des plus périlleuses.

Son réalisateur, Choi Dong-hoon, ne m’avait pas trop convaincu dans ses précédents : Woochi et The Thieves. Mais ici, quel festin. Du gros badaboum en veux-tu en voilà sur le fil d’une intrigue vraiment bien ficelée, avec des persos extras. On reconnaîtra notamment Ha Jung-woo, le psychopathe de The Chaser ou encore l’excellent Oh Dal-soo, aperçu chez Park Chan-wook dans Old Boy et Thirst. C’est historique, ça a le souffle de l’aventure, ça bombarde dans tous les sens et c’est aussi super drôle. Du pur cinéma du dimanche soir.

8. Wild City, de Ringo Lam – Rating: ★★★★☆

Wild-City

Une histoire prétexte, un aspect un peu vidéo cheap, quelques CGI foireux, mais dans l’ensemble, ça bastonne bien. Et c’est ça qui compte. Ringo Lam, le réal de City on Fire, Full Contact (pas celui avec Van Damme), Double Dragon (avec deux Jackie Chan à l’intérieur) et Replicant (celui-là avec deux Van Damme dedans) n’a rien perdu de son énergie et de son sens du rythme. Huit ans qu’on ne l’avait pas vu derrière une caméra. Et quel plaisir ! Enfin des vraies courses de caisses à Hong-Kong qui déglinguent avec des collisions bien assumées, du défouraillage qui défouraille et de la castagne qui cogne dur. Le tout dans un style très classique du polar HK des années 80-90. Tout pile celui qu’on aime. Ringo Star !

Hors Classement – Nouvelle copie 2K

Combat Sans Code d’Honneur, de Kinji Fukasaku – Rating: ★★★★★

Combat sans honneur

La séance privilège. Moins de 50 personnes dans l’immense salle du Théâtre Concordia Hall pour profiter de la sublime restauration en 2K de l’un des chefs-d’œuvre du cinéma japonais des années 70. La ville d’Hiroshima après la bombe, gouvernée par un paquet de clans yakuza qui sèment la terreur et le gros dawa. Sur une musique jazzy, ça swingue, ça coupe et ça flingue de partout et dans tous les sens. Caméra à l’épaule, embarquée, déportée, désaxée, focusée sur des gros plans nerveux hyper beaux. Magique. Mon plus gros kiff de Fantasia 2015.

L’Enfant Miroir, de Philip Ridley – Rating: ★★★★★

l'enfant miroir

Dans l’Amérique rurale des années 50, un petit garçon traduit par le fantastique une série d’événements traumatisants. Inquiétant à mort, fascinant tout le temps. Mais comment ai-je pu passer à côté d’une telle bombe ? Tous ces superlatifs qui explosent à la gueule : thématiques démentes, ambiance hallucinante, musique envoûtante, une image à tomber à la renverse et que des plans de fou. Enfin le cadre, ces fermes isolées par les champs de blé, presque aussi beau que dans Les Moissons du ciel. Merci Fantasia d’avoir projeté ce film devant mes yeux.

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@ Nicolas Cliet-Marrel

Par Nicolas Cliet-Marrel le 10 août 2015

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