[Critique série] COWBOY BEBOP
Titre original : Cowboy Bebop
Rating:
Origine : Japon
Concept original : Hajime Yatate
Réalisateur : Shin’ichirō Watanabe
Genre : Animation/Manga/Science-Fiction/Comédie/Aventure
Diffusion en France : Canal Plus/Game One/NT1
Nombre d’épisodes : 26
Le Pitch et la Critique :
Si comme moi vous avez grandi dans les années 90 et que vous regardiez Canal+ étant jeune, le générique ci-dessous devrait vous rappeler quelque chose…
Oui, avant de devenir une chaîne en fin de vie nous vendant ses séries à grands coups de violence primaire et de séquences érotiques racoleuses, Canal, c’était pas mal de mangas, et des bons. En effet, à l’instar d’Evangelion et plus tard de Monster, la cultissime série Cowboy Bebop fut diffusée sur la chaîne cryptée.
Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, il s’agit d’une série de S.F., où l’humanité a réussi à coloniser le système solaire grâce à des Gates (des portes reliant divers points dans le système). L’une d’elles a détruit la Lune suite à un incident. Dans ce contexte de conquête et de colonisation rappelant le Far West, le crime organisé et les corporations sans états d’âme contrôlent non nombre de choses, au mépris d’une police peu efficace. C’est là qu’interviennent les chasseurs de primes, au nombre desquels se comptent nos héros. Nous avons donc Spike Spiegel, personnage principal (bien que les rôles soient bien répartis), jeune homme cachant un lourd passé qui se trouve au cœur de l’intrigue. Jet Black, un ancien flic portant un bras cybernétique reconverti en pilote/mécano du vaisseau spatial Bebop. Vaisseau où l’on retrouve aussi Faye Valentine, une jolie jeune femme sujette au jeu, au mensonge et à l’endettement qui s’en suit, Ed une jeune hackeuse pleine d’énergie et imprévisible et Ein, un chien qui a fait l’objet d’expériences le rendant plus intelligent, (bien qu’il se comporte normalement le plus souvent). On suit donc cette fine équipe au fil des contrats qui lui sont confiés, et on découvre leur histoire personnelle.
Ce qui risque de surprendre les plus jeunes, ou ceux qui ne connaissent les mangas qu’à travers Naruto, c’est que ce manga se veut plus mature et très bien écrit. Il s’agit d’une série animée composée de 26 épisodes d’environ 20 minutes. Chacun d’eux a une intrigue propre tournant autour d’un contrat ou d’un personnage. Ils portent tous un titre en lien avec la musique (Sympathy For the Devil, Toys In The Attic ou encore Jupiter Jazz) ou le cinéma (Pierro le Fou). La musique et le cinéma ont justement toute leur importance. La B.O. de la série est interprétée par les Seatbelts (oui, les ceintures de sécurité), un groupe de jazz/rock fusion japonais qui s’en donne à cœur joie. On visite quasiment toute la musique populaire du XXème siècle au fil des épisodes : jazz, blues, rock, heavy metal… L’OST ne joue pas seulement le rôle d’accompagnement musical, elle rythme l’action et ne fait qu’un avec l’intrigue. Versatile et élégante, elle se démarque de la production actuelle, carrément plan-plan. De nombreuses références au cinéma, à la BD et autres, ne cessent d’apparaître et réjouiront les amateurs, donnant un sacré cachet pop culture à la série.
Pour ce qui est de l’intrigue, nous sommes gâtés, celle-ci est fort versatile, tantôt drôle, tantôt mélancolique, elle swingue et ne cesse de progresser et de s’épaissir. Le passé des personnages les rend touchants et attachants, sans être cucu la praline pour un rond. Sans cesse en évolution, elle swingue et se révèle élégante en diable, tout en étant bourrée d’un humour accessible aux non amateurs de japoniaiseries. Elle est fort bien structurée et dotée d’une vraie fin, ce qui la met à l’abri des tares habituelles des mangas en anime.
Niveau réalisation et aspect visuel, la série vieillit très bien et tient la dragée haute à beaucoup de séries postérieures. Certains effets font leur âge, mais dans l’ensemble, ça se regarde avec plaisir. Le design futuriste est très bien fichu rendant la chose crédible.
Bon, il faut voir qui se cache derrière ce projet. Shin’ichirō Watanabe a beau avoir un nom imprononçable, il est connu pour son travail acharné et sa haute exigence artistique. Il a bossé sur une autre grosse série, Gundam, crée Samurai Champloo et a travaillé sur deux Sketches d’Animatrix (film à sketches donc, sur l’univers culte des Wachowsky frère et sœur).
À noter que celle-ci a eu droit à un film à l’intrigue originale baptisé Knocking On Heaven’s Door (décidément…) en 2001, dont j’espère pouvoir vous parler prochainement. Une version live a été, un temps, en projet avec Keanu Reeves dans le rôle titre.
@ Sacha Lopez