[Critique série] EASY – Saison 1

SÉRIES | 4 octobre 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : Easy

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Créateur : Joe Swanberg
Réalisateur : Joe Swanberg
Distribution : Jane Adams, Dave Franco, Malin Ackerman, Andrew Bachelor, Orlando Bloom, Marc Maron, Emily Ratajkowski, Zazie Beetz, Hannibal Buress…
Genre : Comédie/Drame
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 8

Le Pitch :
À Chicago, plusieurs personnages aussi différents que parfois complémentaires, vivent leurs vies, entre problèmes de couple, désir de donner corps à leurs passions et à leurs fantasmes, et questionnements existentiels plus ou moins profonds…

La Critique :
Qu’est ce que le mumblecore ? Non ce n’est pas sale. Il s’agit en fait d’un courant cinématographique relativement récent dont Joe Swanberg, le showrunner, producteur, réalisateur et scénariste de l’anthologie Easy, est l’un des fers de lance (avec des mecs comme Mark Duplass). En gros, le genre se caractérise par des œuvres à petits budgets axées sur des sujets de société qui donnent lieu à des joutes verbales parfois interminables, entre des personnages portés sur ce genre de choses. C’est parfois super et parfois assez poussif. Et quand c’est le cas, c’est en général car la personne qui a fait le film est tombée dans le piège facile de la prétention, en pensant à tort qu’il suffisait de filmer des comédiens en train de parler de végétalisme pour faire un long-métrage digne d’intérêt. Mais heureusement, Joe Swanberg ne tombe pas dans les pièges comme celui-là. Pas avec Easy en tout cas…

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Ironiquement, dans Easy, rien n’est facile. Parce que finalement, tous les personnages de la série se débattent d’une façon ou d’une autre avec des problèmes. Des soucis du quotidien dans lesquels il est facile de se reconnaître. Il y a ce couple qui cherche à donner un coup de fouet à sa vie sexuelle et celui qui veut tenter des trucs inédits, cette fille qui essaye de se forcer à devenir végétarienne pour plaire à sa nouvelle conquête, ces deux frères armés d’un ardent désir de monter leur propre brasserie, ce dessinateur ringard attiré par les filles beaucoup plus jeunes, ou encore ce couple prêt à sauter le pas et à avoir un enfant.
Dans Easy, chaque épisode raconte une histoire différente. Certaines sont liées les unes aux autres par de petits détails mais toutes, à l’exception d’une, peuvent se suivre indépendamment des autres. Cela dit, on remarque bien sûr une vraie unité dans la tonalité et dans la localisation géographique, étant donné que c’est la ville de Chicago qui accueille tout ce joyeux monde. Seul maître à bord, Joe Swanberg a largement, et c’est normal vu qu’il a tout fait, imprimé de sa patte tous les épisodes, qui se positionnent dans la stricte lignée de ses films, comme Drinking Buddies. Oui ça cause beaucoup mais c’est globalement très intéressant. Plus encore, ici, c’est le rythme qui compte et la pertinence des échanges et des situations, qui ont tendance à rendre les protagonistes très attachants, en quelques minutes seulement (30 minutes maximum par épisode).

De part son format particulier, Easy ne peut pas vraiment esquiver une inégalité néanmoins très mesurée. Des épisodes sortent du lot et d’autres apparaissent moins flamboyants. En cela, l’histoire qui tourne autour des deux frangins et de la brasserie (avec Dave Franco) est peut-être la meilleure du lot. Swanberg s’en est manifestement aperçu lui-même vu que c’est la seule qui a droit à deux épisodes. Si on devait absolument élire la moins bonne, ce serait celle avec Marc Maron et Emily Ratajkowski, qui de part son sujet, soit les nouveaux mécanismes de la célébrité et tout ce que cela sous-entend au niveau de la vie privée, peut apparaître un peu vaine. Mais ce serait chercher la petite bête parce jamais Easy ne mord la poussière. La série prend un certain nombre de risques, ne change pas son fusil d’épaule et reste intègre face à son cahier des charges. On est loin des sitcoms un peu farfelues. Ici, malgré tous les petits artifices sympathiques, c’est le réalisme qui prime. Ce désir de capturer l’essence des relations entre les gens du XXIème siècle sans céder au manichéisme ou à une quelconque forme d’excès. Et puis c’est drôle. Pas tout le temps mais régulièrement. Drôle et agréable à suivre. Pas abusif, ou si peu parfois, et totalement dans l’air du temps sans tomber dans la hype ultime comme souvent dans ce genre de série ou film. Les bonnes idées sont nombreuses et les acteurs s’amusent, visiblement très à l’aise, encouragés par leur réalisateur, qui on le sait, aime laisser à ses comédiens la liberté nécessaire à un bon épanouissement.
C’est valable pour les têtes d’affiche mais aussi pour les autres. Le show, très théâtral, repose beaucoup sur les performances de Dave Franco et de ses amis, qui en plus de brillamment porter les scripts, leur confèrent une dimension, on insiste, très humaine et accessible.
Alors si il fallait vraiment souligner un défaut, on pourrait dire que face à des séries comme Louie, Easy apparaîtra toujours un peu plus opportuniste, à chercher LE sujet qui va faire mouche quand Louie ne semble jamais essayer de mettre en évidence des thématiques porteuses. Mais ce serait vraiment chercher la petite bête…

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En Bref…
Les 8 épisodes de cette anthologie sur la vie, l’amour, le sexe et Chicago, se suivent avec plaisir tout du long. On se reconnaît ici ou là, au détour de l’une des 7 histoires que nous raconte Joe Swanberg, on rigole, on s’émeut et quand vient la fin, la belle évidence de l’ensemble s’impose d’elle même.

@ Gilles Rolland

easy-malin-ackerman-orlando-bloom  Crédits photos : Netflix

Par Gilles Rolland le 4 octobre 2016

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