[Critique série] HOMELAND – SAISON 3

SÉRIES | 25 avril 2014 | Aucun commentaire
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Titre original : Homeland

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Créateurs : Howard Gordon, Alex Gansa, Gideon Raff
Réalisateurs : Lesli Linka Glitter, Clark Johnson, David Nutter, Carl Franklin, Seith Mann, Jeffrey Reiner, Keith Gordon, Daniel Minahan.
Distribution : Claire Danes, Damian Lewis, Mandy Patinkin, Marena Baccarin, Morgan Saylor, Rupert Friend, F. Murray Abraham, Tracy Letts…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Diffusion en France : Canal Plus
Nombre d’épisodes : 12

Le Pitch :
L’attentat du siège de la CIA à Washington a causé de nombreuses victimes. Forcé de quitter le pays, Nicholas Brody se retrouve à Caracas, tandis que Carrie Mathison essuie les plâtres pendant l’enquête qui accuse clairement Brody d’être le responsable de l’explosion. Une explosion qui a également remis en question la crédibilité de la CIA. Pendant que Brody est activement recherché, Saul Berenson tente de remettre les choses en ordre…

La Critique :
C’est dans un climat chaotique que débute ce troisième acte. Le virage à négocier pour toutes les séries qui ont cartonné dès leur mise à l’antenne est serré car il s’agit avant tout de maintenir le cap mais aussi de savoir se renouveler un tant soit peu pour ne pas tomber dans la routine. En gros, il faut savoir se mettre en danger. Sortir de sa zone de confort pour créer de nouveaux ressorts dramatiques et ainsi faire progresser des personnages bien installés sur des fondations solides. Et justement, Homeland a pour le moment toujours essayé d’aller de l’avant, en construisant sa propre mythologie, quitte à se rapprocher un peu plus de 24, son aîné qui est d’ailleurs de retour à la télévision. Un rapprochement qui se fait notamment via le personnage incarné par Rupert Friend, qui s’impose au spectateur comme une version alternative de Jack Bauer, en prenant part à des scènes d’action régulièrement mises en avant, comme pour prouver que quand il faut, le thriller géopolitique sait aussi faire parler la poudre.
C’est donc dans un climat chaotique que nous retrouvons Carrie, Brody et Saul. Tout va mal et personne ne semble n’être plus sûr de rien. Dans son premier tiers, la troisième saison prend son temps pour installer les nouveaux enjeux et ainsi mieux rebondir sur l’incroyable fin de la saison précédente. Une mise en place un peu laborieuse, surtout si on suit les épisodes d’une semaine sur l’autre, lors de leur diffusion à la télévision. Pour résumer, Carrie est au fond du seau, Saul est plus mystérieux que jamais et Brody en prend plein la tronche. Même si tout se met en place au bout de quelques épisodes, cette progression pédale un peu à tel point que lorsqu’intervient ce fameux twist qui est censé remettre les choses en perspective, la puissance n’est pas celle escomptée. C’est d’ailleurs le plus grand défaut de cette saison : louper le coche lors de son introduction et se complaire dans un certain schéma. Celui qui consiste à frapper le plus fort et le plus longtemps possible sur des personnages qui encaissent. On tape sur Carrie, sur Brody, sur Saul et même sur Dana, la fille de Brody, qui cristallise certes les dommages collatéraux des actes de son géniteur, mais dont le rôle se résume plus ou moins à celui de la victime parfaite, que l’on intercale entre les scènes importantes (celles qui font progresser le fil principal de l’histoire) et qu’on laisse en plan après. Idem pour certains autres protagonistes qui passent carrément à la trappe. Le traumatisme de Dana est largement souligné mais quid de celui du fils de Brody dont les seuls interventions se résument à des plans gentillets où on le voit sourire ou compatir la plupart du temps en silence ? Il est où le Mike qui aidait Brody et qui couchait avec la femme de ce dernier ? Et l’épouse du soldat, alias Jessica Brody, pourquoi la condamner à n’être que celle qui subit les actes de sa fille et qui finalement, n’existe qu’en tant que mère courage et plus en tant que femme ou épouse comme c’était le cas auparavant ? L’étau se resserre sur le triangle Carrie-Brody-Saul et finalement, tous les autres personnages en pâtissent d’une façon ou d’une autre.
Pour autant, si il est regrettable de voir la série abandonner certains arcs secondaires intéressants auparavant amorcés et développés, il est par contre appréciable de voir qu’elle va au bout de ses idées. Quand le cap est fixé, il est maintenu. Il faut quelques épisodes pour rentrer dans le vif du sujet, mais quand c’est fait, plus personne ne recule. En cela, le dénouement est des plus surprenants, même si il est finalement moins touchant que prévu vu ce qui se joue. Pas de spoiler ici, mais sachez que désormais, dans Homeland, c’est quitte ou double et rien ne sera jamais comme avant. C’est du moins ce qu’il faut espérer.

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Le coup de théâtre final annonce également un tournant plus brutal et malgré tout un rapprochement encore plus prononcé vers des enjeux jusque là propres à des séries axées action, comme 24 et son Jack Bauer. Surtout si les showrunners décident -et finalement on l’espère- de donner plus d’importance à Peter Quinn, le soldat du lot, suffisamment solide pour amener la série dans des contrées plus sauvages et ainsi diluer ces longues plages purement géopolitiques dans lesquelles se perdent parfois les personnages.
Le troisième acte d’Homeland ferme une porte et en ouvre potentiellement plusieurs. Reste à savoir laquelle la série franchira et où ce choix la mènera.

Dans tous les cas, il faut reconnaître le dévouement des comédiens. Tous négocient le virage avec brio, même si ceux qui ressentaient une certaine irritation à voir Claire Danes souffrir à grand renfort de mimiques (elle a d’ailleurs souvent été parodiée) risquent de tiquer à un moment ou deux. Cela dit, elle aussi se refuse à trop stagner. Damian Lewis arrive pour sa part toujours à traduire le dilemme et la souffrance soutenue qui caractérisent son personnage, et Mandy Patinkin tient la baraque tout en retenue sourde.
À un tournant de son histoire, Homeland reste l’un des shows les plus ambitieux et couillus de la télévision américaine. Au fond, c’est toujours le principal. Difficile d’ignorer les petites sorties de route qui entravent l’intensité de l’émotion et la puissance de la portée des événements, mais le tout reste cohérent. La troisième saison clôt un cycle. Toujours en osant. En progressant. Toujours en mouvement, Homeland multiplie les coups de poker et reste, pour cette seule et unique raison, une série à suivre de près. Paradoxal mais vrai.

@ Gilles Rolland

Homeland-saison-3-cast-promoCrédits photos : 20th Century Fox France

Par Gilles Rolland le 25 avril 2014

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