[Critique série] HOMELAND – SAISON 4

SÉRIES | 24 mars 2015 | Aucun commentaire
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Titre original : Homeland

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Créateurs : Howard Gordon, Alex Gansa, Gideon Raff
Réalisateurs : Lesli Linka Glitter, Keith Gordon, Michael Offer, Charlotte Sieling, Carl Franklin, Alex Graves, Seith Mann, Dan Attias, Clark Johnson
Distribution : Claire Danes, Mandy Patinkin, Rupert Friend, Tracy Letts, Nazanin Boniadi, Laila Robins, Corey Stoll, F. Murray Abraham, Suraj Sharma, Sarita Choudhury, Raza Jaffrey…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Diffusion en France : Canal Plus
Nombre d’épisodes : 12

Le Pitch :
Plusieurs mois se sont écoulés depuis les événements tragiques qui ont conduit Carrie Mathison à se retrouver seule. Désormais mère d’une petite fille restée au pays, la jeune femme dirige une cellule de la CIA, à Islamabad, où elle supervise des frappes de drones sur des zones occupées par des terroristes. Le dernier bombardement en date, planifié d’après des informations confirmant la présence sur-place d’un chef taliban, aboutit à un terrible incident, qui coûte la vie à plusieurs innocents. Un fiasco retentissant qui déclenche une vive colère parmi la population, et remet en cause le bien fondé de l’intervention américaine au Moyen-Orient. Pris dans la tourmente, devant gérer à la fois sa vie professionnelle et ses conséquences, mais aussi sa vie familiale, qu’elle néglige, Carrie doit faire face à une situation de plus en plus inextricable…

La Critique :
Attention : cette critique de la saison 4 contient des spoilers concernant les trois saisons précédentes.

La troisième saison, avec sa conclusion des plus choquantes, a constitué un tournant pour le moins radical pour Homeland. La disparition d’un des personnages principaux, à savoir Brody, toujours au centre de la problématique du show depuis les débuts, devait forcément amener la série à repenser sa dynamique, sans non plus trahir ses idéaux. Sans forcément rassurer, le premier épisode de cette quatrième saison annonce au moins la couleur et place plus que jamais Carrie, le personnage incarné par Claire Danes, au centre des choses. Seule (presque) contre tous, la jeune femme doit affronter une situation des plus tendues, perdue dans les méandres de la guerre contre le terrorisme au Moyen-Orient et dans ceux d’une vie privée complètement chaotique.
Cela dit, l’élimination de Brody de l’équation a aussi permis à des seconds rôles plus ou moins essentiels de prendre une place plus importante. Peter Quinn en particulier, l’homme d’action joué par Rupert Friend, qui rappelle quand même fortement un certain Jack Bauer, devient alors d’un seul coup le rôle masculin principal. De longues scènes lui sont entièrement consacrées et rien n’est caché quant aux sentiments qu’il entretient à l’égard de sa belle supérieure. Saul, le mentor incarné par Mandy Patinkin, tient pour sa part ses positions, jamais vraiment au premier plan, mais jamais bien loin non plus. Introduisant quelques nouveaux protagonistes, ce nouvel acte s’illustre néanmoins grâce à sa volonté de recentrer le récit sur des personnages que l’on connaît déjà et ainsi de continuer à explorer leurs psychés, afin de nourrir les enjeux de la trame principale.
Autre bonne nouvelle concernant le départ de Brody : la disparition de sa fille, qui n’arrêtait pas de se fourrer dans les pires embrouilles et dont la seule présence avait tendance à freiner la série. Toute la famille de Brody ne fait plus partie de l’équation et si on regrette de ne plus voir la belle Morena Baccarin, alias l’épouse de Brody, force est de reconnaître que les autres n’ont pas laissé un vide difficile à remplir.
Désormais épurée, et vraiment focalisée sur le travail de Carrie, la série se fait plus haletante et sait entretenir une tension qui, épisode après épisode, n’en finit plus de gagner en intensité.

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Alors oui, passé le premier épisode qui installe ce qui sera l’intrigue de toute la saison, ce quatrième acte est un peu long à débuter. Compliquant parfois un peu inutilement son discours, Homeland prend le temps de se poser et de s’intéresser à ses personnages, histoire de permettre à l’empathie de s’installer durablement. Cela dit, ça démarre très vite, pour ne se poser qu’à la toute fin. Organisant un affrontement aussi palpitant que violent entre un chef taliban et la cellule de la CIA dirigée par Carrie, la saison 4 s’impose comme la plus passionnante, depuis la première. La plus axée action aussi. Toujours connectée à l’actualité et toujours caractérisée par sa volonté de prendre des risques et d’éviter tout manichéisme, Homeland, plus que jamais, n’est pas une série patriotique, dédiée à la gloire des États-Unis. Si elle met en scène des actions fictives, elle colle de très près à ce que nous pouvons voir aux infos tous les jours, en se payant le luxe de porter un regard sans concession sur la politique étrangère de l’Oncle Sam, en n’oubliant pas de parler du traumatisme occasionné par des actes soi-disant héroïques sur le papier, mais difficilement supportables dans les faits. Dès le premier épisode, quand Carrie commande un bombardement sur une cible qui s’avère être un mariage, tuant par cela des dizaines d’innocents, Homeland renouvelle son désir de mettre en exergue les conséquences entraînées par les bombardements sur les populations des pays touchés. Si les « méchants » sont clairement identifiés par la série, celle-ci se garde bien de redorer le blason des « gentils », quant à eux torturés, assaillis par les remords et plus ou moins bousillés à jamais, même si souvent, les apparences sont sauves.

Resservant une généreuse poignée de séquences franchement palpitantes, cette quatrième saison monte dans les tours et s’avère aussi pertinente que passionnante. Parfois un peu opaque, elle sait néanmoins concentrer ses efforts sur une action de plus en plus omniprésente, sans sacrifier son identité profonde ou celle de ses personnages. La mise en scène, toujours très lisible et parfois assez ambitieuse, sait mettre en valeur le jeu de comédiens investis, qui parviennent quant à eux à joliment évoluer. Mention à Mandy Patinkin, à l’excellent Rupert Friend, parfait action man accablé par des démons qu’il tente de repousser, en passant par Nazanin Boniadi, vue notamment dans How I Met Your Mother et ici enfin mise en avant, après être passée au second plan dans la saison précédente.
Claire Danes quant à elle, doit aussi composer sans Damian Lewis, ce qui lui réussit plutôt bien tant la relation entre leurs personnages avait clairement atteint ses limites. Moins focalisée sur ses problèmes psychologiques, qui sont quand même ici remarquablement utilisés à un moment clé de la saison, l’intrigue met par contre en valeur les contradictions qui animent cette femme d’action, toujours dévouée mais plus réfléchie et calculatrice qu’auparavant. Pivot central de la saison 4, l’actrice porte le show avec conviction et contribue largement à l’emmener vers des sommets rarement atteints.
Posant de nouveaux enjeux, ayant superbement rebondi à un moment clé de son histoire, Homeland a su se renouveler. Toutes les séries ne peuvent pas en dire autant et forcément, la suite, déterminante, est attendue avec impatience…

@ Gilles Rolland

homeland-saison-4-Claire-DanesCrédits photos : Showtime/Canal +

 

Par Gilles Rolland le 24 mars 2015

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