[Critique] BLACK SNAKE MOAN
Titre original : Black Snake Moan
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Craig Brewer
Distribution : Samuel L. Jackson, Christina Ricci, Justin Timberlake, S. Epatha Merkerson, John Cothran Jr. , David Banner…
Genre : Drame
Date de sortie : 30 mai 2007
Le Pitch :
Étrange histoire entre une jeune femme aux pulsions incontrôlables délaissée par son soldat de petit-ami et un vieux bluesman aigri, délaissé quant à lui par sa femme infidèle. Le tout dans le Sud moite des États-Unis…
La Critique :
Black Snake Moan est, à la base, une chanson écrite en 1927 par Blind Lemon Jefferson. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, il s’agit d’une légende du blues qui a eu une grande influence sur le genre (il serait le premier à avoir utilisé un bottleneck). Voilà pour le contexte, vu qu’il s’agit du titre du film, vous pensez bien que le blues y tient un grand rôle. Et en effet, il est au cœur du film. On pourrait même dire que le long-métrage est une mise en image (en scène) d’un morceau de blues. Il émane quelque-chose de brut, de franc et de cru de ce film qui repose sur une ambiance moite et un peu crade. Il y a bien sûr cette étrangeté particulière du couple Jackson/Ricci, l’un bluesman déprimé se réfugiant dans l’alcool et la foi et l’autre, une femme tourmentée par un sombre passé (habillement suggéré). Ajoutez à cela le petit-ami de cette dernière, soldat victime de graves crises d’angoisse. Pour incarner tout ce beau monde un excellent casting, assez inhabituel pour un film indépendant. Ricci et Jackson trouvent deux rôles fort intéressants et collent à mort à leurs personnages, de même que Timberlake (qui est décidément bien meilleur acteur que chanteur). Alors bien sûr, Black Snake Moan, a se petit côté improbable, notamment du côté de ce duo, via la méthode qu’emploie Lazarus, le personnage de Jackson, pour endormir les pulsions de Rae, la nymphomane incarnée par Chrisitina Ricci. On pourrait aussi trouver le film racoleur à la vue du pitch, mais il apparaît clairement qu’il ne se limite pas juste à une opposition entre deux êtres enfermés dans leurs tourments respectifs et n’existe pas dans le seul but de laisser les spectateurs se rincer l’œil. Non, il est clair qu’il s’agit d’un film qui s’interroge sur la rédemption de ces deux marginaux. Le blues y joue un rôle essentiel, il leur sert de lien, il les apaise quand la tempête est à leur porte, au propre comme au figuré (voir une très belle séquence où le morceau-titre est interprété par un Jackson habité). Il donne toute leur vie à ces âmes en peine lors d’une fête dans un bar… Il est l’essence même du film. La musique est au centre du travail de Brewer, qui avait réalisé Hustle and Flow précédemment et qui a plus récemment ressuscité Footloose. C’est en partie par elle que la rédemption est possible, mais aussi à travers un amour qui surmonte certaines épreuves, sans jamais être cliché. Le happy end n’est alors pas vraiment neuneu et bien amené.
Alors oui, c’est un film improbable, qui paraît ”gros” mais il est étrangement bien fait et dégage une atmosphère unique et rare dans le petit monde du cinéma indépendant américain.
@ Sacha Lopez
Crédits photo : Paramount Vantage