[Critique] DAYBREAKERS

STARVIDEOCLUB | 10 juin 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Daybreakers

Rating: ★★★★☆
Origine : Australie/États-Unis
Réalisateur : Michael et Peter Spierig
Distribution : Ethan Hawke, Willem Dafoe, Claudia Karvan, Michael Dorman, Sam Neill, Vince Colosimo, Isabel Lucas…
Genre : Horreur/Science-fiction/Action
Date de sortie : 3 mars 2010

Le Pitch :
Nous sommes en 2019. Cela fait dix ans qu’une épidémie mondiale a transformé 95% de la population en vampires. L’humanité n’est qu’une minorité, pourchassée par l’armée vampire dans les derniers jours d’une guerre planétaire entre les deux espèces. L’entreprise pharmaceutique Bromley Marks approvisionne la société nocturne des vampires avec leur ressource primaire, le sang des hommes. À seulement un mois de l’épuisement total des réserves mondiales sanguines de sang, l’hématologue Edward Dalton est chargé de trouver un substitut synthétique, pour éviter que ses congénères ne deviennent des mutants cannibales. Mais son travail est interrompu lors d’une rencontre avec des survivants humains qui recherchent un remède. Une nouvelle découverte biologique pourrait tout changer….

La Critique :
Si Daybreakers mérite sa place dans le cinéma vampirique, c’est inévitable qu’il occupe celle de « l’anti-Twilight ». C’est-à-dire, un film de vampires qui sauve « les monstres bien-aimés, dans le purgatoire d’abstinence peuplé de bellâtres brillants de peau avec une ambiance à la Dawson », et les ramène sains et saufs en Transylvanie : là où ils doivent être.

Parmi les vertus de ce retour aux bases façon retro, la plus évidente, celle qui se place au premier rang est : les vampires de Daybreakers sont de vrais vampires. Des vampires avec un grand V – yeux rouges, dents pointues, chauves-souris, pas de reflet, sensibles aux pieux et au soleil, suceurs de sang – dignes de l’époque de Max Schreck, de Bela Lugosi, et de Christopher Lee.

 Ce fait à lui seul est une raison suffisante pour faire la fête. Après tout, par pur effet accidentel de chronologie, le long-métrage est sorti à peine quelques mois après Twilight : Chapitre 2 – Tentation. Mais la plus grande qualité de Daybreakers, c’est qu’après la bouffée d’air frais que représente le retour aux sources des vampires, on découvre que le film lui-même est fascinant, intelligent, parfois effrayant et, chose surprenante, drôle. Tout comme Robocop ou District 9, l’œuvre des frères Spierig est une satire sociale bien sentie qui se donne des airs de blockbuster badass.

Si le duo de réalisateurs australiens a déçu avec la comédie de zombies Undead, il se rachète ici en invitant le spectateur dans un monde futuriste intriguant où l’existence est conçue pour être perpétuellement nocturne. Tout le monde sur Terre est un vampire. Et puisqu’on parle de vampires old-school comme Dracula (et pas des surhommes anodins pour qui l’amour du sang n’est qu’un hobby), cela inclus un mode de vie très particulier. Ce qui signifie un beau paquet d’opportunités financières.

Imaginez : il doit bien exister quelqu’un pour fabriquer des maisons et des voitures anti-solaires, ou des écrans vidéos pour remplacer les miroirs puisque personne n’a de reflet. C’est clair que le vampirisme promet du grand business ! La plus grande affaire étant la capture et l’exploitation sanguine des derniers vestiges de l’humanité. Sauf que les réserves de sang humain sont en train de s’épuiser (oh, la jolie métaphore !), ce qui représente un problème pour les vampires, qui deviennent des sortes de monstres-zombies cannibales lorsqu’ils sont en manque d’hémoglobine.

Alors certes, les paraboles politiques ne brillent pas par leur subtilité (pic pétrolier, entreprises agro-alimentaires), et on imagine que Al Gore aurait deux ou trois trucs à dire à cette société de vampires. Il en va de même pour le personnage d’Ethan Hawke, un vampire appelé Edward (non, pas celui-là…). Edward est un scientifique qui doit inventer un produit synthétique qui remplacera le sang, et bien entendu, c’est le dernier espoir de la société. Comme certains savants atomiques de Los Alamos, il a des remords concernant la valeur morale de son travail, et n’est pas d’accord avec le fonctionnement de la société dans laquelle il vit. C’est un végétarien. Un vampire avec une conscience qui se retournera inévitablement contre les siens et qui rejoindra la résistance, afin de soutenir leur recherche pour trouver un remède. C’est du déjà vu.

Mais lorsque l’aspect cliché et les allégories ne tirent pas trop la couverture à eux et retournent traîner dans le second plan, Daybreakers reste solide et inventif, assez conscient de ses éléments familiers pour avoir l’initiative de former sa propre identité. Accessoirement, Willem Dafoe s’invite à la fête des gentils, et ramène un arsenal d’arbalètes et de bolides vintage pour chasser les vampires (même en le disant, ça sonne cool). C’est rafraichissant de le voir s’éloigner pour une fois du rôle du bad guy. Le fait qu’il se soit déjà aventuré dans le domaine des striges (ayant joué Max Schreck dans l’Ombre du Vampire) est un bonus. En plus, son personnage s’appelle Elvis. La classe !

Tous les éléments cités plus haut, Daybreakers nous les donne en prime, avec en supplément, un acte final complètement déjanté et des litres de sang versés (sérieusement, c’est peut être le film de vampires le plus sanglant depuis Blade II), le tout en 90 minutes bien efficaces et bien senties. C’est un long-métrage malin et bien rythmé, qui ne déconne pas et envoie bien la sauce, ayant suffisamment d’éléments narratifs pour remplir tout un feuilleton, mais qui préfère tracer jusqu’à la fin pour ne pas en faire trop. Les personnages sont intéressants, les acteurs sont superbes, l’intrigue est très convaincante, l’humour ne domine pas la profondeur, les séquences d’action sont excellentes et le niveau de gore est plus qu’abondant.

Alors peut-être est-ce inévitable que le sort de la planète doivent être décidé dans un dernier combat entre une poignée de protagonistes et une armée de figurants et de mitraillettes. Pour sa part, Daybreakers fait le nécessaire. Et il le fait bien.

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : Lionsgate UK

Par Daniel Rawnsley le 10 juin 2012

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