[Critique] ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND

STARVIDEOCLUB | 14 décembre 2013 | Aucun commentaire
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Titre original : Eternal Sunshine of the Spotless Mind

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Michel Gondry
Distribution : Jim Carrey, Kate Winslet, Kirsten Dunst, Tom Wilkinson, Mark Ruffalo, Elijah Wood, David Cross, Jane Adams…
Genre : Romance/Drame/Science-fiction
Date de sortie : 6 octobre 2004

Le Pitch :
Sur un coup de tête Clementine décide d’effacer de sa mémoire l’histoire d’amour qu’elle a vécu avec Joel. Ce dernier l’apprenant, il décide de faire de même en contactant la société Lacuna, qui se charge de l’intervention. Cependant, en pleine procédure et revivant tous les souvenirs de son histoire avec Clementine, Joel change d’avis et tenter d’interrompre le processus. S’engage alors une course contre la montre…

La Critique :
Ce qu’il convient de dire en premier lieu est qu’Eternal Sunshine of The Spotless Mind est une œuvre cinématographique particulièrement originale, qui sort des sentiers battus. Dans ce long-métrage qui est l’un des meilleurs de Michel Gondry, le ton est donné dès le début. On sent très rapidement une mélancolie bien ancrée qui sera présente tout le long. Cette dernière traitée avec intelligence et finesse, est interrompue quelquefois par des passages comiques, tout à fait salutaires.

La morosité est également au rendez-vous dès les premières images. Elle est tout d’abord personnifiée par la gare et les trains, ces derniers qui retranscrivent une routine âpre et ennuyeuse. Elle sera également palpable par le biais de scènes intelligentes et éloquentes, qui traduisent la banalité du quotidien dans lequel sont plongés les gens par habitude. L’hiver et le froid très présents, viennent alourdir une atmosphère déjà bien cafardeuse. Ce climat fait d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind un film profondément réaliste car les moments du quotidien sont saisis et rendus dans leur vérité.

Et au milieu de cette grisaille, une fantaisie des plus agréables vient pointer le bout de son nez. L’une des grandes qualités du film est d’être parvenu à ce mélange doux-amer savamment dosé, qui ne penche jamais complètement d’un côté ou de l’autre. En effet l’équilibre est toujours trouvé entre le beau et le laid, la douceur et l’agressivité ou encore le pétillant et le monotone. Tout ceci nous offre un magnifique clair-obscur, qui ne tombe pas dans la facilité ou dans le « surfait », mais qui toujours transpire l’amour, et surtout la tendresse des sentiments. Paradoxalement, cet amour est également accompagné d’une profonde détresse, formidablement rendue dans la réalisation. Tout ceci grâce à une mise en scène puissante et prodigieuse qui porte haut les sentiments humains.

Ce mélange d’atmosphères est sublimé par un jeu d’acteur époustouflant qui sert magnifiquement le long-métrage. La fantaisie est merveilleusement incarnée par la pétillante Clementine, jouée par une Kate Winslet en grande forme. Cette dernière comparée à une météorite, tente de briser la froideur et l’ennui des vies humaines, parfois empêtrées dans la routine des automatismes. Cette légèreté vient s’opposer frontalement et se mêler à une dure réalité, parfois glaciale. Le côté terre à terre est représenté par Joel, interprété par un Jim Carrey méconnaissable dans un rôle à contre-emploi. À la fois pudique, juste et sobre, il explose ici dans un rôle de composition. Touchant à souhait, il parvient à retranscrire avec authenticité la puissance des sentiments, avec la thématique de la perte en tête. Jim Carrey est certainement ici dans l’un de ses plus beaux rôles. Le casting général est de toute façon tout bonnement bluffant.

Eternal Sunshine of The Spotless Mind est un film infiniment poétique. Une poésie poussée au paroxysme lors de certains passages, offrant un lyrisme vibrant qui touche parfois à la magie. C’est également une ?uvre de science-fiction tout à fait singulière. L’histoire est une course poursuite contre le temps, mise en abîme par une mise en scène prodigieusement originale. Le temps n’est plus linéaire, les images sont désordonnées, ce qui contribue au chaos ressenti. Un chaos finalement hautement symbolique du bric-à-brac qui peut résider dans les têtes, souvenirs et pensées confondus. Tout autrement symbolique cette métaphore de la tête qui voudrait contrôler le cœur, mais qui échoue à plate couture.

Mais avant toute chose, Eternal Sunshine of the Spotless Mind est une romance au sens large. Nous avons là un long métrage mené d’une main de maître, celle d’un réalisateur habité et passionné, mais surtout honnête, qui illustre un scénario prodigieux du maître Charlie Kaufman (Dans la peau de John Malkovich, Adaptation…). Un film qui invite à la réflexion, la tolérance et l’écoute, et qui sert brillamment un propos profondément humain. Le moment présent est chéri et le souvenir est vu comme un trésor inaliénable et inébranlable. Au final, jamais l’on ne s’ennuie devant cette perle. Eternal Sunshine of the Spotless Mind est absolument sublime de bout en bout, avec un final servi sur un plateau d’argent par une scène d’acteurs somptueuse. Le tout rythmé par une bande son complètement raccord, signée Jon Brion. Du sordide au sublime, entre spleen et légèreté, c’est un ovni qui ne ressemble à aucun autre.

On peut même dire que le cinéma n’a certainement rien produit d’aussi romantique au sens noble du terme, depuis un paquet d’années.

@ Audrey Cartier

eternal-sunshine-carrey-winsletCrédits photos : United International Pictures (IUP)

Par Audrey Cartier le 14 décembre 2013

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