[Critique] LE DERNIER EXORCISME

STARVIDEOCLUB | 12 mars 2013 | Aucun commentaire

Titre original : The Last Exorcism

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis/France
Réalisateur : Daniel Stamm
Distribution : Ashley Bell, Patrick Fabian, Iris Bahr, Louis Herthum, Caleb Landry Jones, Tony Bentley, John Wright Jr., Shanna Forrestall…
Genre : Horreur/Épouvante
Date de sortie : 15 septembre 2010

Le Pitch :
En pleine crise de foi, le Père Marcus, accepte de se rendre au chevet d’une jeune fille prétendument possédée par le Diable. Entendant prouver par là que les démons n’existent pas et que tout n’est affaire que de superstition, le Père Marcus se fait également suivre par une équipe de tournage.
Une fois sur-place néanmoins, les choses se compliquent quand Nell, la jeune fille en question, adopte un comportement qui déconcerte fortement Marcus. De quoi bousculer ses certitudes…

La Critique :
Il est assez intéressant de constater à quel point la tendance s’est inversée en ce qui concerne ce Dernier Exorcisme. D’habitude, quand on parle d’un found footage comme celui-là, du style du Projet Blair Witch donc, le public adore et la critique déteste. Ici c’est l’inverse. Globalement, les spectateurs qui ont pris la peine de publier une critique sur les sites consacrés et autres blogs, ont massacré le long-métrage, tandis que la presse, toujours dans son ensemble, a plutôt apprécié l’effort.

Autant dire de suite que Le Dernier Exorcisme n’est pas un chef-d’œuvre. Il en est même très loin. Ceci dit, il s’en sort plutôt pas mal si on considère à quel point le genre (le film de possession) est sclérosé, et à quel point le style found footage est lui aussi saturé de navets. Depuis, Devil Inside, lui aussi found footage portant sur la possession diabolique, a prouvé à quel point il était possible de se vautrer en embrassant une telle combinaison. Le Dernier Exorcisme s’en sort mieux. Et ce pour la simple et bonne raison qu’il tire davantage vers quelque chose comme Troll Hunter (qui était excellent), que vers un truc du style de Paranormal Activity.
L’originalité tenant au postulat de départ, où le spectateur fait la connaissance d’un prêtre porté sur le spectaculaire, en plein doute quant à sa vocation spirituelle. Un homme de foi, fils d’un fameux exorciste, qui part, sa bible sous le bras, rencontrer une famille dont la jeune fille est soi-disant aux prises avec le démon. Le but du prêtre étant de prouver par a + b que non, les démons n’existent pas. Pour cela, il s’équipe de tout un attirail sophistiqué visant à mettre en scène un exorcisme fidèle à l’image que le cinéma renvoie depuis le film culte de William Friedkin, le tout sous l’œil d’une caméra. Croix qui fume, bruits inquiétants et lit qui bouge, tout y est pour que la famille croit que la gamine est bel et bien sous l’emprise du malin…
Un procédé narratif de base qui justifie à lui seul l’utilisation des codes du found footage. Caméra à l’épaule, le réalisateur met en scène un reportage comme on en voit tant à la télévision. Il suit le Père Marcus, tranquillement, sans chercher à provoquer une peur en carton, à l’aide de sursauts faciles, disséminés ici ou là. Tout l’inverse de Paranormal Activity en somme, maitre étalon de la grosse arnaque, où rien ne se passe pendant 1h30, alors qu’on fait tout pour nous faire penser le contraire.

On peut alors comprendre pourquoi une partie du public, qui croyait probablement se retrouver devant un ersatz de L’Exorciste, n’a trouvé que déception dans cette introduction, il est vrai assez longue. Car lorsque le prêtre se retrouve face à la gamine, peu d’éléments permettent d’affirmer qui a raison et qui a tort. Est-elle possédée ? Est-elle simplement complètement à la masse ? Qui assassine les animaux de la ferme la nuit venue ? La réponse est évidente depuis le début, mais le récit prend son temps. Se réservant toujours une porte de sortie, via le personnage du prêtre, finalement très dur à convaincre et préférant opter pour un diagnostic terre à terre.
Ce n’est que dans son dernier quart-d’heure, après une séquence d’exorcisme assez efficace, que l’histoire s’accélère. Trop d’ailleurs, car le dénouement apparaît plus que bâclé. D’un seul coup, les pistes se multiplient, les questions pullulent, on sait enfin si démon il y a, puis fondu au noir et fin.
Frustrant ? Carrément ! La mauvaise gestion du temps est l’un des gros soucis de Daniel Stamm. Motivé par de bonnes intentions, qui transforment son navet horrifique annoncé, en thriller plutôt bien emballé, le cinéaste a le cul entre deux chaises. À trop vouloir ménager son suspense, il en oublie d’offrir au public du sensationnel et quand il le fait, le film est déjà fini. Une fin en queue de poisson, vite expédiée, sur laquelle il aurait été intéressant de s’attarder.
Eli Roth (Cabin Fever, Hostel), qui produit le film, a eu bon nez en misant sur ce jeune réalisateur, mais n’a pas pu empêcher ce dernier de mal exploiter ses meilleures idées. Heureusement, les acteurs font le job, en particulier Patrick Fabian, parfait en showman de Dieu, parti en croisade contre les superstitions et Ashley Bell, qui campe l’une des possédées les plus convaincantes de ces dernières années. Le métrage réserve également quelques solides frissons, mais pas de quoi se lever la nuit pour descendre les escaliers à quatre pattes et pisser sur le tapis du salon. En soi, une bonne surprise, surtout compte tenu des craintes initiales…

@ Gilles Rolland

le-dernier-exorcisme-photoCrédits photos : StudioCanal

Par Gilles Rolland le 12 mars 2013

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