[Critique] STONE
Titre original : Stone
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Curran
Distribution : Robert De Niro, Edward Norton, Milla Jovovich, Frances Conroy, Peter Lewis…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 11 mai 2011
Le Pitch :
Jack, agent de probation dans une prison, s’apprête à prendre sa retraite mais doit avant traiter du cas de Stone. Condamné à 15 ans de prison pour incendie criminel, l’homme est éligible à la liberté conditionnelle. Prêt à tout pour sortir, Stone va demander à sa femme, l’incandescente Lucetta, de prendre contact avec Jack, dans l’espoir de faire pencher la balance dans le bon sens. Un jeu de manipulation va alors se mettre en place…
La Critique :
En 1986, Alan Parker dirigeait Bob De Niro dans l’excellent Angel Heart. Une scène de ce dernier voyait De Niro comparer l’œuf à l’âme humaine devant un Mickey Rourke sidéré.
En 2011, c’est Milla Jovovich qui offre un œuf à De Niro, dans le fadasse Stone.
Y-aurait-il un rapport de cause à effet ? Pas de tout. Rien à voir, à part peut-être que dans Stone, Bob ne mange que le blanc et que ce dernier est censé représenter le fruit interdit. L’œuf n’est certes pas un fruit et en plus, il est riche en cholestérol, et dans le cas présent… oh et puis non, rien à cirer !
C’est en substance ce qui ressort de l’imbroglio scénaristique du dernier film de John Curran. Cinéaste certes audacieux, mais qui se prend ici, royalement les pieds dans le tapis. Pourtant, rien ne pouvait laisser présager un tel sac de nœuds. Un mec dépend d’un autre pour sortir de taule et décide donc de mêler sa bombasse de femme à l’équation. Rien de compliqué là-dedans pour un produit qui aurait pu déboucher, non sur un grand film, mais au moins sur un sympathique petit thriller sulfureux. Au lieu de ça, Stone déclenche irrésistiblement le désintéressement croissant d’un spectateur victime d’une incompréhension tout aussi grandissante.
C’est un fait, Stone préfère brouiller les pistes et confronter la bigoterie vacillante de son héros à la vulgarité et au machiavélisme de son double sombre. De Niro, en pilotage automatique, est toujours convaincant mais peine à faire vivre de trop longues tirades, vraiment laborieuses. Ed Norton continue de son côté d’illustrer par ses choix un égarement incompréhensible et livre une performance tout juste digne de ses anciens faits de gloire. Au milieu de cet affrontement verbal et catatonique, Milla Jovovich tire, ô surprise, son épingle du jeu. Mise à nu (au propre comme au figuré), l’ex muse à Besson brille par la finesse de son jeu et incarne à merveille l’objet du désir de ses partenaires masculins. C’est finalement assez vain, mais notable.
Pour autant, Stone ne vient tout compte fait que confirmer l’importance du script dans la bonne tenue d’un long-métrage. Ce scénario là ressemble à un brouillon tant il brasse les thématiques (l’adultère, les relations familiales, le couple, le désir, la religion) sans essayer d’y mettre un quelconque ordre. Du coup, le film s’enfonce par moment dans un marasme assez glauque, entre vulgarité suintante et épiphanie en toc.
Pour conclure, reconnaissons quand même à Curran un excès de zèle démontrant d’une volonté d’utiliser ses prestigieux acteurs au mieux dans ce qui reste un film très mineur et franchement dispensable. Les minutes passent, tout en emportant au large l’espoir de voir quelque chose de consistant se dérouler sous nos yeux endormis.
Et ce n’est pas la mise en scène hésitante d’un réalisateur méritant mais qui a irrémédiablement le cul entre plusieurs chaises, qui arrange la sauce…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport