[Critique] SUPERMAN RETURNS

STARVIDEOCLUB | 18 juin 2013 | 1 commentaire

Titre original : Superman Returns

Rating: ★★★½☆
Origines : États-Unis/Australie
Réalisateur : Bryan Singer
Distribution : Brandon Routh, Kate Bosworth, Kevin Spacey, James Marsden, Sam Huntington, Frank Langella, Eva Marie Saint, Kal Penn, Parker Posey, Marlon Brando, Tristan Lake Leabu, Stephan Bender, David Fabrizio…
Genre : Fantastique/Action/Adaptation/Suite/Saga
Date de sortie : 12 juillet 2006

Le Pitch :
Cinq ans après avoir déserté la Terre pour partir sur les traces de ses origines, aux confins de l’espace, Superman est de retour. En cinq ans, pas mal de choses ont changé à Metropolis : Lois Lane notamment, est devenu maman et le monde semble avoir oublié le super-héros. Pourtant, certaines choses ne changent pas. Lex Luthor par exemple, toujours machiavélique, vient de sortir de prison et s’apprête à mettre à exécution son nouveau plan des plus terrifiants…

La Critique :
Tout le monde ou presque s’accorde à reconnaître que le premier Superman, réalisé par Richard Donner en 1978 est le meilleur Superman. Le deuxième bénéficie également d’une bonne réputation, même si la querelle qui opposa Richard Donner à la production, déboucha sur un film étrange et bancal. Tout le monde ou presque s’accorde également à dire que Superman 3 et 4 sont de vieux navets. De bonnes vieilles purges, certes très sympathiques au trentième degrés, mais bien loin des idéaux des débuts de l’Homme de Fer au cinéma. Concernant Superman Returns, bizarrement, c’est celui qui semble être le plus mal-aimé du lot. Malgré ses 391 millions de dollars récoltés au box office mondial, le Superman de Bryan Singer est tricard. Oh, bien sûr, le film a ses fans, mais de l’avis d’une opinion globale, il s’agit d’une espèce de tentative ratée d’introduire le kryptonien dans notre espace temps. Le fait que depuis, Brandon Routh soit tombé dans l’oubli et que la Warner ait décidé de refuser à Bryan Singer une suite pour tout reprendre à zéro avec le Man of Steel de Zack Snyder, n’ayant fait qu’enfoncer un peu plus le film, qui reste dans l’esprit de nombreux spectateurs, un échec cuisant, autant artistique que commercial.

Pourtant, loin de démériter, Superman Returns bénéficie de nombreuses qualités. Pourquoi donc le film se paye toutes ces salles critiques ? Tentatives d’explication…

L’aspect christique :
Venu des tréfonds de l’espace, envoyé par son père dans une capsule au moment ou Krypton, sa planète, se meurt, Kal-El est recueilli par deux terriens au grand cœur. Rapidement, quand le jeune Kal-El, rebaptisé Clark Kent prend conscience de ses pouvoirs, sa vie prend un sens tout particulier. Il devient alors Superman, l’Homme de Fer, protecteur de la veuve et de l’orphelin et principal défenseur de l’humanité face à ses agresseurs (qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs).
Difficile de ne pas faire le lien avec Jésus Christ, envoyé sur Terre par son père, Dieu, pour sauver l’humanité. Dieu qui plaça son fils unique au sein d’un couple de mortels. La trajectoire de vie de Jésus, dans ses premières années, est comparable à celle de Kal-El. Comme Kal-El, Jesus prend peu à peu conscience de sa position dans la hiérarchie des hommes et progressivement, il met en œuvre un plan divin pour venir en aide à ses congénères, grâce à des aptitudes particulières bien connues de tous.
Le Superman Returns de Bryan Singer exploite à fond l’aspect christique du héros vertueux, via notamment la voix de Jor-El, le père de Superman (incarné grâce à la magie des effets-spéciaux par Marlon Brando, qui tenait déjà ce rôle dans le film de 1978). Ce dernier explique à son fils, en voix off, à travers les âges, que les hommes sont bons et qu’il suffit que quelqu’un leur montre la direction à suivre et l’attitude à adopter pour qu’il soit sauvés. Par sa faculté à fédérer et à répondre aux nombreuses attentes d’une espèce en péril constant, Superman est le sauveur parfait. Il ne ment jamais, est toujours sympa, toujours serviable et possède des aptitudes fantastiques idéales pour mettre en œuvre un plan à l’échelle mondiale visant à rétablir la paix et l’ordre sur le globe.
Particulièrement soulignée ici, la facette christique de Superman a dérangé pas mal de monde, alors qu’au fond elle est présente dès les débuts. Peut-être exprimée de manière moins brute et naïve, cette facette du héros fait bel et bien partie de ses origines. Pour ses capacités à agir avec efficacité et à incarner un idéal de vertu, Superman n’est définitivement pas humain. Cependant, il l’est assez pour que ses derniers puissent s’y identifier et le suivre pour sortir des impasses qui jalonnent l’existence pleine de dangers que constitue la vie d’un être humain lambda.
« Vous croyez que le monde peut se passer d’un sauveur… Mais chaque jour, l’homme supplie qu’on lui en envoie un… » raconte Superman à Lois Lane, en réponse à son article Pourquoi le monde n’a-t-il pas besoin de Superman ?. Le héros justifie là sa fonction première et déplore dans un certain sens en même temps son incapacité à vivre une vie qu’il aurait choisie. Comme Jésus, son destin est tracé à l’avance. Il est inscrit dans ses super-gênes et caractérise tous ses actes.
Une observation à plus forte raison valable si on prend en compte que dans Superman Returns, Superman, comme le titre du film l’indique, revient ! Alors que les hommes avaient appris à se passer de lui, se complaisant dans la violence et la haine et ayant appris à vivre avec des problèmes autrefois solubles mais désormais inévitables, le voilà de retour. Et avec lui l’espoir, à nouveau. Par cela, Bryan Singer ressuscite d’une certaine façon le mythe. Au début du film quand il revient sur Terre et à la fin, quand l’humanité se mobilise pour insuffler de la vie dans le corps d’un héros malade. Naïf, Superman Returns l’est assurément, mais seulement quand il embrasse le côté noble de son protagoniste principal. Sans chercher la subversion, et donc d’une certaine façon l’originalité. Et si on peut trouver manière à critiquer cette fameuse scène ou le peuple se range derrière Superman quand celui-ci est en danger, n’oublions pas que Sam Raimi a fait la même chose avec Spider-Man dans le brillant deuxième volet de sa trilogie. Les super-héros, en tout cas, ceux qui ont suffisamment de bouteille pour avoir vu défiler un paquet de présidents, ont tous ce côté naïf et premier degrés. Superman plus que tous les autres. Parce qu’il est LE super-héros ultime et parce oui, il est la métaphore de la pop culture d’un Christ rédempteur venu sauver l’humanité de ses maux.

Superman Returns : apologie du premier degré ?
En choisissant de se baser sur la mythologie de base du héros et donc de plus ou moins raccrocher les wagons avec le Superman 2 de Richard Lester (mais réalisé en grande partie à partir d’images tournées par Richard Donner pour le premier), le film de Singer prenait un risque énorme. 26 ans plus tard, il prenait pour acquises les connaissances du public au sujet de la trajectoire de Superman. Mais 26 ans c’est long et depuis, Superman est un peu tombé dans l’oubli. Entre temps, les séries Lois et Clark et Smallville ont raconté leur propre Superman. Des Superman qui tout en restant assez fidèles aux idéaux du comics, ont mis pour les jeunes générations le Superman de Donner au second plan, rendu de toute façon un peu obsolète par ses effets-spéciaux démodés. Alors oui, Superman Returns s’arrange pour raconter en filigrane l’histoire de Superman, de son arrivée sur Terre, aux raisons de son départ à la recherche des fragments de la planète Krypton, mais pour autant, il ne réinvente rien. Un pari risqué qui demandait une rigueur à toute épreuve dont Singer ne fait pas toujours preuve. Brandon Routh (impeccable) a beau ressembler comme deux gouttes d’eau à Christopher Reeves, il est parfois ardu de considérer le Superman de Routh et celui de Reeve comme une seule et même personne.
Quand on se tourne vers la théorie qui veut que Superman Returns ne soit pas la suite de Superman 2 (il prendrait dans ce cas pied dans une mythologie digérée par la culture pop, mais n’appartenant pas à un film en particulier) c’est pire. Dans ce cas précis, le film de Singer est jugé bancal, bordélique et anecdotique. Dès le départ, si on prend cela en considération, Singer partait perdant, alors que celui-ci était armé de la plus noble intention, à savoir rester le plus fidèle possible à la précédente adaptation (jugée comme étant la meilleure on le rappelle).
Demandant un certain effort dans un premier temps, Superman Returns se dévoile au fur à mesure comme étant un Superman extrêmement noble, y-compris avec ses nombreux petits défauts. Noble au point d’adopter le premier degré propre aux premiers comics. Clark Kent est maladroit tandis que Superman incarne la perfection à l’état pur. Certes, il se questionne, pour coller un peu plus à son époque troublée, mais reste en toute circonstance fidèle à l’image qu’on se fait de lui.
Plus largement, si on zieute vers les autres personnages, c’est la même histoire. Lex Luthor est le méchant excentrique typique, incarné avec toute la grandiloquence nécessaire par un Kevin Spacey en roue libre, et Lois Lane est la journaliste rebelle parfaite, grâce à la superbe Kate Bosworth, particulièrement à son aise dans les tailleurs de la terreur sexy du Daily Planet.
Avec son humour vintage et ses petits moments où la musique appuie bien le propos, Superman Returns, tout en tentant la sobriété, reste léger. Pas encore bouleversés par la vision crépusculaire de Christopher Nolan et de ses Batman, les super-héros au cinéma sont, en 2006, à l’aube d’un changement, que Superman Returns a du mal a incarner. Mais doit-on pour autant le condamner parce qu’il s’attache à redonner vie à un idéal certes dépassé, mais encore tout à fait viable si tant est que la personne aux commandes connaisse son boulot et soit animée d’une passion fédératrice ?

Dans Superman Returns, Superman revient dans un monde qui a appris à se passer de lui. Le public aussi, l’avait peut-être un peu oublié, habitué à l’image donnée par la télévision qui, faute de budget, ne pouvait pas exploiter pleinement le côté spectaculaire du personnage. Attendu comme le messie (c’est le cas de le dire), Superman Returns a déçu et dans un sens c’est compréhensible. Mésestimé, le long-métrage de Singer mérite, à l ‘heure de la sortie de Man of Steel, une réévaluation.
Riche en morceaux de bravoure (le crash aérien, le final en plein océan…), humaniste et souvent vibrant, le film de Singer démontre des grandes compétences et de l’investissement de ce dernier. En optant pour une approche riche en clins d’œil, Singer accouche d’un film certainement un poil trop référentiel pour se démarquer comme il aurait du. Du moins dès la première vision, car il ne peut , de par sa condition, vivre sans ses prédécesseurs. Il fait constamment appel à eux, ne prend pas trop de liberté . La présence de Lex Luthor, méchant emblématique est une preuve à elle-seule, quand il était aisé d’opter pour un bad guy plus original. Même les motivations de Luthor sont à peu près les mêmes que celle du Luthor de 1978. Bryan Singer a fait de son Superman, un hommage. Une mise à jour aux effets-spéciaux grandioses, qui permettent de donner toute l’ampleur nécessaire aux facultés du héros. Même la musique fait la part belle au légendaire thème de John Williams (sans parler du générique adoptant le même modèle que son ainé). Un hommage donc, avant tout. Et finalement, pourquoi serait-ce une mauvaise chose ?

@ Gilles Rolland

Superman-Returns-promoshootCrédits photos : Warner Bros. France

Par Gilles Rolland le 18 juin 2013

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Karl Libus
Karl Libus
9 années il y a

Moi j’aime assez ce Superman…