[Critique] WINTER’S BONE

STARVIDEOCLUB | 15 avril 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Winter’s Bone

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Réalisatrice : Debra Granik
Distribution : Jennifer Lawrence, John Hawkes, Garett Dillahunt, Sheryl Lee, Lauren Sweetster, Dale Dickey, William White…
Genre : Drame
Date de sortie : 2 mars 2011

Le Pitch :
Ree et sa famille ont été abandonnés par un père dealer de méthamphétamine. Lorsqu’elle apprend que celui-ci a été libéré sous caution en mettant sa maison en gage, elle part à sa recherche à travers les bois voisins et les réseaux criminels qu’ils abritent…

La Critique :
Le cinéma indépendant est, depuis les années 90, une véritable ”école” ; une usine à talents et surtout à bons films. On y trouve souvent des thèmes et des éléments communs à l’ensemble de ses œuvres : la pauvreté, la marginalité, l’envers du rêve américain… Winter’s Bone suit cette ligne mais le fait de façon assez originale. Ce qui caractérise le film, c’est la retenue, la suggestion… Tous ces éléments sont suggérés mais, du coup, en imprègnent encore mieux la pellicule. On est plongé dans ce petit monde, contenu dans la forêt. Il est assez sombre et effrayant, tous les personnages que l’on croise se classent en deux catégories : les paumés, les accidentés de la vie traînant leur misère dans des pubs et la noyant dans l’alcool et d’autres substances, et les autres, rares, qui s’en sont sortis. L’héroïne, Ree, est à la croisée de ces deux catégories. Elle veut s’en sortir, elle est le cœur d’un foyer brisé qui essaie de se reconstruire. Elle s’occupe de ses petits frères et sœurs alors que sa mère a fui devant la dure réalité. La précarité est présente, à chaque instant du film. Le sort de toute la famille est en sursis, il faut trouver de l’argent, de quoi manger… Il faut apprendre aux jeunes à s’en sortir au cas où, etc…

Cette dureté âpre et rêche est parfois dominée par de brefs moments de douceur, de ceux auxquels on se raccroche quand on est au plus mal. Le réalisme du film est impressionnant mais guère racoleur. Il convient de dépeindre l’odyssée borderline d’une jeune femme empreinte de dignité, qui traverse les épreuves avec un aplomb incroyable. Blessée, mise à l’écart, elle paraît invincible dans sa volonté de s’en sortir. Plusieurs fois, elle sera exposée à la tentation de tout abandonner en rejoignant l’armée, mais jamais elle n’y cédera. Une figure presque christique, qui finira par avoir le dessus, face à une bande de rednecks particulièrement coriaces et assez effrayants. Dans cette galerie, le personnage de Teardrop est particulièrement intéressant, tout en rage et menace contenue, il semble complètement imprévisible même s’il n’est en soi pas entièrement mauvais… L’ambiance pesante est renforcée par le rythme quasi-lymphatique du film, distillant peu à peu un sentiment étrange et assez indéfinissable, mais particulièrement fort.

Le casting insuffle beaucoup de vie à l’intrigue imaginée au départ par Daniel Woodrel dans son roman éponyme. Jennifer Lawrence livre une très belle performance, avec un jeu très mûr et intériorisé à l’image de John Hawkes. Tous les deux seront nominés pour leur travail épatant. La scénographie naturelle est un gros point fort au même titre que la photographie qui crée une étrange poésie à partir d’endroits laissés à l’abandon, au cœur d’une Amérique profonde particulièrement sauvage et rustre. La musique est principalement faite de thèmes ambiants très discrets et parfois de musiques de pub.

En conclusion, un excellent film indépendant au style affirmé et à l’ambiance unique.

@ Sacha Lopez

Crédits photos : Anonymous Content

Par Sacha Lopez le 15 avril 2012

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