[Critique] BLACKTHORN

CRITIQUES | 22 janvier 2012 | 1 commentaire

Titre original : Blackthorn

Rating: ★★★★½
Origine : France/États-Unis/Espagne/Bolivie
Réalisateur : Mateo Gil
Distribution : Sam Shepard, Eduardo Noriega, Stephen Rea, Magaly Solier, Nikolaj Coster-Waldau, Dominique McElligott, Padraic Delaney, Daniel Aquirre…
Genre : Western
Date de sortie : 31 aout 2011

Le Pitch :
Alors que tout le monde le croit mort depuis 1908, le légendaire hors-la-loi Butch Cassidy se cache en Bolivie depuis 20 ans. Vieux et fatigué, celui qui se fait désormais appeler James Blackthorn n’aspire plus qu’à rentrer au pays pour rencontrer enfin un fils qu’il n’a jamais connu. Sa retraite va pourtant être interrompue par Eduardo, un jeune ingénieur lui-même en cavale. Poursuivi pour avoir dérobé l’argent de la mine d’un riche propriétaire, Eudardo demande de l’aide à Blackthorn en échange d’une coquète somme. Commence alors la dernière chevauchée de Butch Cassidy…

La Critique :
Connu pour avoir longtemps collaboré avec Alejandro Amenabar, notamment sur les scripts de Tesis, Ouvre les yeux ou encore Mar Adentro, Mateo Gil est lui-même un réalisateur qui monte. Pour preuve, ce Blackthorn, projet crépusculaire ô combien ambitieux en forme de retour aux sources d’un genre aussi désuet que casse-gueule.
Difficile de ne pas penser à Impitoyable de Clint Eastwood devant cette chronique sépia qui voit une ex-légende de l’Ouest revenir au charbon après s’être faite oublier du monde. Et si Blackthorn partage en effet plusieurs points communs avec son ainé, il serait injuste de le décrire uniquement comme une resucée.

Mateo Gil revisite la légende, s’approprie des figures mythiques américaines et tisse par cela la réalité alternative d’un patrimoine qu’il respecte infiniment. C’est en effet au terme de recherches poussées, que le réalisateur a opté pour une approche la plus fidèle possible du caractère de Butch Cassidy. Souvent décrit, par la pensée collective, comme un homme sans foi ni loi, ce dernier trouve chez Gil, une humanité touchante. Respectueux, posé et relativement pacifique, le Cassidy de Blackthorn se démarque par une personnalité à part. Une personnalité qui prend d’un premier abord à rebrousse poil, mais qui contribue au final à conférer au film une aura vraiment particulière. Là où le héros d’Impitoyable restait bougon et violent malgré les années, celui de Blackthorn se laisse attendrir, se refuse à tuer et craint la solitude, qu’il cherche à fuir. En cela, Mateo Gil réalise un merveilleux film sur l’amitié. Un bien décrit comme infiniment précieux par Butch Cassidy, comme thème central d’un long-métrage doux-amer, qui interroge l’humain dans sa capacité à offrir son soutien et son amour aux autres.
Un parti-pris qui donne lieu à des scènes extraordinaires, qui analysent les rapports entre les êtres humains. Qu’ils soient amis, ennemis, partenaires, ou amants. Une approche originale pour un film qui sait aussi faire parler la poudre.
Si Butch Cassidy est vieux, il n’est pas rouillé (du moins pas trop). Mateo Gil se refuse à démystifier par la faiblesse la légende de l’Ouest. Toujours réactif, Cassidy cache un instinct redoutablement aiguisé, qui ne demande qu’à ressurgir. De quoi offrir au film de superbes séquences où la maestria du chef d’orchestre s’impose.

Au cœur des superbes paysages de la Bolivie, l’aventure de James Blackthorn ne manque pas de souffle. On ressent l’environnement à travers l’écran car celui-ci est carrément un personnage à part entière. La survie dépend aussi du contexte géographique. Gil transpose les codes du western U.S. ailleurs. Il glorifie la nature et ceux qui vivent en harmonie avec elle. Prend le temps de poser les décors, sait observer et s’avère être d’une précision absolue quand il s’agit d’accélérer un tempo imprévisible. Gil prend aux tripes et ses acteurs sont tous admirables.

Comment ainsi ne pas souligner le travail exceptionnel de celui qui semble être né pour incarner Butch Cassidy. Sam Shepard a tout. Un visage buriné qui semble porter en lui toute l’essence d’une époque, un regard d’acier, pénétrant et porteur d’une solide émotion, une démarche… tout en ce type sent le western à plein nez. Il trouve ici l’un des rôles de sa vie. Eduardo Noriega est aussi remarquable dans la peau du Kid de substitution, incarnant à lui seul une certaine idée de modernité dans la façon d’entrevoir les rapports humains ainsi que le concept global de fraternité.
A noter aussi l’excellente prestation de Stephen Rea, ou encore de Nikolaj Coster-Waldau,(connu pour incarner Jaime Lanister dans Game of Thrones), qui lui aussi est parfait en Butch Cassidy jeune. Seul Padraic Delaney peine à donner de l’épaisseur à son personnage. Du coup, le Sundance Kid, compagnon de toujours de Cassidy parait un poil transparent. C’est dommage, mais finalement sans trop d’importance.

Gonflé par un lyrisme touchant, Blackthorn se place dans la lignée des derniers grands westerns. Hommage avoué à La Horde Sauvage (et, c’est plus surprenant, assez éloigné du Butch Cassidy & Le Kid de George Roy Hill), le long-métrage de Mateo Gil impose une vision à la fois référentielle, moderne et profondement personnelle.

@ Gilles Rolland

 

Butch Cassidy fait mouche

 

Par Gilles Rolland le 22 janvier 2012

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[…] notera les présences des excellents Sam Shepard (Blackthorn) et Brendan Gleeson (28 jours plus tard, L’Irlandais…) ainsi que celle de la toujours […]