[Critique] HAUNTER

CRITIQUES | 15 janvier 2014 | 1 commentaire
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Titre original : Haunter

Rating: ★★★½☆
Origine : Canada
Réalisateur : Vincenzo Natali
Distribution : Abigail Breslin, Sarah Manninen, David Hewlett, Stephen McHattie, Michelle Nolden, Peter Outerbridge, Samantha Weinstein…
Genre : Épouvante/Drame
Date de sortie : 15 janvier 2014 (DTV)

Le Pitch :
Lisa, une adolescente, vit prisonnière d’une boucle temporelle. Ses journées se répètent inlassablement et jamais le lendemain ne vient. Avec ses parents et son petit frère, elle semble également prisonnière de sa maison, alors qu’au dehors une étrange brume interdit toute vision du monde. Petit à petit néanmoins, une série d’événements étranges mettent Lisa sur une piste pour le moins macabre. Sa maison semble avoir été le théâtre d’une série de meurtres non élucidés…

La Critique :
C’est en brandissant son fameux Cube que Vincenzo Natali fit son entrée dans le box office mondial. Auréolé quasi-immédiatement d’une réputation de petit génie aux idées révolutionnaires, Natali n’a pourtant pas eu beaucoup l’occasion de la ramener depuis, lui qui n’a jamais vraiment réussi à retrouver le même succès. Pour preuve, son nouveau film, le bien nommé Haunter, ne sort même pas en salle chez nous… Bon, on ne va pas ressortir le sempiternel couplet qui consiste à dire que c’est bien dommage parce qu’il sort tous les ans des dizaines de bouzes indignes et que des petits films bien ficelés comme celui-ci mériteraient amplement leur place. C’est un fait et on commence à avoir l’habitude de cette certaine injustice qui consiste à jouer à la roulette russe avec un certain cinéma d’auteur (et de genre) pour accélérer sa chute, afin que celui-ci se retrouve les soldes venues dans les bacs des revendeurs de France et de Navarre. On ne ressortira pas cette rengaine mais sachez qu’elle aurait pourtant toute sa place dans une chronique consacrée à Haunter.

Haunter est donc le nouveau film du réalisateur de Cube. Un mec qui a fait de son obsession de l’enfermement, la matrice de son cinéma. Un cinéma anxiogène qui pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements en leur interdisant toute possibilité de fuite. Du moins quand on parle de Cube, de Nothing (où le héros était carrément agoraphobe) et de Haunter. Cypher et Splice s’éloignant un peu de cette thématique même si les personnages évoluent d’une certaine manière eux aussi dans une sphère limitée par le secret et donc dans une prison aux murs invisibles mais bien présents et tout aussi étouffants.
Dans Haunter, Lisa, l’héroïne interprétée par la jeune Abigail Breslin (qui a explosé voilà quelques années avec Little Miss Sunshine) est prisonnière de sa propre maison. Il y a son petit frère, sa mère et son père. Une famille qui ne semble pas se rendre compte qu’elle vit sans cesse la même journée. Lisa par contre, en a tout à fait conscience et se désole d’une telle situation. À l’instar de Bill Murray dans Un Jour sans Fin, elle se réveille et doit continuer à feindre une normalité qui aurait tendance à se distordre, afin de suivre les sillons d’un disque salement rayé. Le truc, c’est que sa situation n’a rien de drôle. Elle n’entend pas Sonny & Cher tous les matins et elle n’en profite pas non plus pour apprendre le piano ou la sculpture sur glace, vu que sa baraque est entourée d’une brume en apparence impénétrable. Et comme si cela ne suffisait pas, Lisa voit des choses pas franchement rassurantes. Sa maison serait-elle hantée ? On vous laisse la surprise, mais sachez que Haunter tente à plusieurs reprises de faire monter en flèche le trouillomètre et que souvent, il y arrive plutôt bien.
Tout particulièrement quand intervient cette vieille brute burinée de Stephen McHattie, l’une des gueules les plus charismatiques du cinéma américain (vu dans l’excellent Pontypool) et avec lui un revirement de situation un poil téléphoné et convenu mais pour autant efficace comme il se doit. Assez efficace en tout cas pour croire à la détresse de cette adolescente affublée d’un t-shirt de Siouxsie and The Banshees qui témoigne donc du bon goût de sa propriétaire. Bref, on s’égare.

Haunter s’apparente alors à une version horrifique d’Un Jour sans fin. Une comparaison assez réductrice certes, mais qui définit pourtant bien un pitch évolutif qui sait explorer sans trop en faire, les différentes pistes mises à sa disposition. Maitre des espaces clos, Natali met à profit un talent certain pour un rythme qu’il fait ici monter au fil des scènes.
En première ligne, Abigail Breslin fait du bon boulot et confirme non seulement une présence certaine, un talent assuré et un naturel assez épatant, mais aussi un goût pour les choses qui touchent au cinéma de genre (et ça on aime). Après Zombieland et avant de fritter du morts-vivants aux côtés de tonton Schwarzie dans Maggie, elle affronte des esprits frappeurs, prise dans une boucle temporelle vicieuse qui n’est pas sans convoquer une ambiance assez proche de celle de certains écrits de Stephen King, The Mist en tête.

Mieux vaut ne pas trop en savoir avant de pousser la porte de la maison où le temps se répète. La découverte n’en sera que plus belle. Ici, Natali ne promet pas une révolution mais offre un long-métrage honnête et plus original qu’il n’y paraît. Un film qui se hisse avec toute la bonne volonté qui le caractérise, au dessus de la masse des trucs du genre Don’t be afraid of the dark, où il manque chaque fois un je-ne-sais-quoi pour faire la différence.
Grâce à une ambiance prégnante, à une photographie accentuant le côté claustrophobique du scénario et à des acteurs charismatiques et tous droits dans leurs bottes, Haunter parvient à exister et à faire son bout de chemin une fois le générique de fin achevé.

@ Gilles Rolland

haunter-abigail-breslinCrédits photos : Wild Side

Par Gilles Rolland le 15 janvier 2014

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paulus
paulus
10 années il y a

il doit faire peur ce film en tout cas bien détaillé par tes commentaire gilles