[Critique] JANE GOT A GUN

CRITIQUES | 28 janvier 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : Jane Got A Gun

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gavin O’Connor
Distribution : Natalie Portman, Joel Edgerton, Ewan McGregor, Noah Emmerich, Boyd Holbrook, Rodrigo Santoro, James Burnett…
Genre : Western/Drame
Date de sortie : 27 janvier 2016

Le Pitch :
Bill Hammond, un ancien bandit, revient auprès de sa femme, Jane. Gravement blessé, il l’informe que les membres de son ancien gang ne vont plus tarder à venir le chercher. Au pied du mur, la jeune femme décide de résister et se rapproche pour cela de Dan, son ex-fiancé, auquel elle demande de l’aide. Alors que la menace gronde, Jane compte bien faire le maximum pour protéger sa famille…

La Critique :
Retour sur une genèse chaotique… En 2011, Jane Got A Gun fait partie de la fameuse Black List, qui, à l’Hollywood, regroupe les meilleurs scripts encore non portés à l’écran. Alors que la production est enfin lancée, la mise en scène est confiée à Lynne Ramsay, à qui on doit le glaçant We Need To Talk About Kevin. Michael Fassbender est alors rattaché au projet, tout comme Joel Edgerton et Natalie Portman. Très vite pourtant, les problèmes s’accumulent. Lynne Ramsay finit par quitter le tournage avant même le premier coup de manivelle. Un départ précipité qui donna d’ailleurs lieu à une plainte, qui força la réalisatrice à rembourser son salaire et à payer des dommages et intérêts. Les détails, on vous les épargne, étant assez sordides. C’est ensuite Fassbender qui abandonne, puis le chef opérateur Darius Khondji, tous les deux solidaires de Lynne Ramsay. Finalement, Gavin O’Connor accepte de reprendre les choses en main, Joel Edgerton change de rôle et Ewan McGregor déboule après une nouvelle série de péripéties du côté du casting… Loin d’être isolé, le cas de Jane Got A Gun est particulièrement symptomatique de la façon dont les événements peuvent tourner à Hollywood. Dans le jargon, on appelle ça un « film malade » et souvent, une telle appellation n’augure rien de bon quant à la qualité du long-métrage. Par miracle pourtant, ce western fait le job. À vrai dire, il fait bien plus que cela…

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Connu pour avoir emballé le furieux Warrior, Gavin O’Connor retrouve ici Joel Edgerton à l’occasion d’un western dont l’intrigue se situe dans la stricte lignée de quelques classiques du genre. Jouant sur la dangerosité du Far West, Jane Got A Gun ne cherche pas l’originalité, mais l’efficacité. Ainsi, le scénario ne perd pas de temps. Le film entre dans le vif du sujet très rapidement et revient ensuite, au cours de flash-backs particulièrement pertinents et bien intégrés, sur le passé des personnages, expliquant ainsi leurs relations et venant progressivement épaissir le récit et nourrir l’émotion. Des allers-retours dans le temps qui ponctuent la préparation du siège que se préparent à tenir Natalie Portman et Joel Edgerton, face à une escouade d’immondes salopards venus réclamer vengeance. Une structure scénaristique quelque peu éclatée, mais toujours limpide, car parfaitement claire concernant les enjeux. Co-écrit par Joel Edgerton, Jane Got A Gun impose un classicisme loin des néo-westerns modernes et parvient, avec un certain brio, à se montrer tout aussi pertinent dans l’action que dans le drame, en brossant un portrait de mère courage. Le fait de ne pas avoir sabordé, en l’effleurant avec une grande sensibilité, le triangle amoureux central, témoigne également du soin apporté aux personnages, qui, si on fait exception du caractère un peu prévisible du méchant joué par Ewan McGregor, sont tous travaillés et incarnés avec conviction par des acteurs charismatiques.

En première ligne bien sûr, il y a Natalie Portman. Au centre de la dynamique de ce western féministe frondeur, l’ex-cygne noir se montre une nouvelle fois parfaitement à son aise. Avec un naturel toujours confondant, celle qui a souvent brillé dans des registres radicalement opposés, incarne la puissante thématique centrale d’un scénario dont elle est la pièce maîtresse. Déterminée, courageuse, Jane ne lâche rien dans un monde d’hommes et lorsqu’elle est se voit contrainte d’aller chercher de l’aide auprès de son ancien amant, ce n’est pas pour s’y reposer totalement, mais bien pour, dans un sens, lui prouver à lui aussi, qu’elle peut se montrer à la hauteur. En cela, l’ultime scène illustre parfaitement la volonté du long-métrage de faire de Jane sa seule héroïne et non une énième victime. On pense alors à The Homesman, à Shérif Jackson, et surtout à Mort ou Vif de Sam Raimi, qui quand on y pense était sacrément précurseur sur le sujet, et si bien sûr Jane Got A Gun se montre plus simple dans sa structure, force est d’y reconnaître ce farouche désir de mettre en avant un personnage de femme forte ambiguë, moderne et ainsi, franchement appréciable. Natalie Portman tient la dragée haute à Joel Edgerton et à Ewan McGregor dans cette fresque burinée violente, où chaque minute est exploitée sans temps mort, pour organiser une montée en puissance qui trouve son point culminant dans un affrontement final épique.

Prenant, Jane Got A Gun l’est plus qu’à son tour. Avec modestie, il reste droit dans ses bottes et tient fermement ses positions, en faisant preuve d’une prestance assez inattendue, compte tenu de sa production difficile et des multiples rebondissements qui n’ont cessé de mettre en péril sa fabrication.Et puis franchement, voir Natalie Portman tenir tête à toute une troupe d’immondes raclures, a quelque chose d’exaltant. Et c’est justement aussi quand Jane Got A Gun n’oublie pas qu’il est aussi un vrai film d’action, qu’il finit de convaincre !

@ Gilles Rolland

Jane-got-a-gun-Natalie-Portman Crédits photos : Mars Distribution

Par Gilles Rolland le 28 janvier 2016

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