[Critique] KILLING FIELDS

CRITIQUES | 22 janvier 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Texas Killing Fields

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisatrice : Ami Canaan Mann
Distribution : Sam Worthington, Jeffrey Dean Morgan, Chloe Moretz, Jessica Chastain, Annabeth Gish, Sheryl Lee, Jon Eyez, Maureen Brennan, Corie Berkemeyer, Trenton Perez…
Genre : Thriller
Date de sortie : 28 décembre 2011

Le Pitch :
Deux policiers enquêtent sur une série de meurtres mystérieux. Si les pistes sérieuses se font rares, les indices semblent mener droit vers Killing Fields, un terrain marécageux objet de toutes les rumeurs les plus malsaines…

La Critique :
Ce n’est pas parce qu’on est la fille d’un génie (en l’occurrence Michael Mann), qu’on est soi même un génie. Bien sûr, il y a des cas où le talent semble faire partie intégrante de l’héritage ADN. Comme chez les Mann. Car à l’instar de Sofia Coppola, qui avait assis son monde avec son superbe Virgin Suicides, Ami Canaan Mann démarre fort ! En témoigne ce deuxième film (le premier étant très confidentiel), qui doit rendre le paternel drôlement fier.

Ainsi, sans chercher à se démarquer à tout prix du style de son père, Ami Canaan Mann fournit un bel effort. Un long-métrage aux qualités évidentes et aux textures palpables qui aurait tendance à vous saisir à la gorge, pour ne relâcher son étreinte que lors du fondu au noir final. Poisseux et malsain, Killing Field charrie un marasme qui aurait, à ce que l’on dit, rebuté Danny Boyle (un temps approché pour tenir le poste de réalisateur), mais que Mann embrasse à bras le corps. Pas effrayée pour deux sous, la cinéaste fait preuve d’un aplomb formidable et dépeint avec justesse une galerie de personnages perfides et malsains, touchés de plein fouet par toute une ribambelle de perversions extrêmes. Surnagent quelques gardiens de la morale dont nos deux héros (ainsi que le personnage de Jessica Chastain et celui de Chloe Moretz), seuls garants d’une justice sans cesse entravée par des assauts meurtriers sauvages. Sans pour autant avoir recours à un sensationnalisme casse-gueule assorti d’images cradingues et d’effets gores, la réalisatrice trouve le ton juste dès les premières images. Elle prend le temps de poser son décors, mise tout sur la suggestion et accorde une belle importance aux moindres détails.

C’est ainsi que les protagonistes de Killing Fields jouissent d’une authenticité rare. Si Jeffrey Dean Morgan et Sam Worthington trouvent ici leurs meilleurs rôles, on peut saluer également les performances de Chloe Moretz et de Jessica Chastain, investies chacune à leur manière dans des compositions exigeantes (mention à la jeune et décidément surdouée Chloe Moretz). Des protagonistes brossés avec soin par le scénariste Don Ferrarone. Ceci dit, on peut reprocher à ce dernier d’avoir un peu négligé la lisibilité d’une intrigue souffrant de trop de raccourcis et qui apparait au final comme un peu brouillonne. Un peu plus de clarté aurait en effet conféré encore plus d’impact à cette histoire ô combien prenante.
Néanmoins, si cette petite lacune plombe un poil la clarté, elle n’entrave pas la puissance du propos. Dans Killing Fields on croise de vraies pourritures et la rédemption est difficile. Les âmes innocentes sont souillées, à l’image de la petite Anne (Chloe Moretz), ou encore de Brian (Jeffrey Dean Morgan), garant d’une morale religieuse discrète et touchante (on est loin du bigôt). Un îlot sans cesse mis à mal car submergé par des vagues de violence aigre.

Au final, si la copie d’Ami Canaan Mann n’est pas parfaite, elle s’illustre par contre par sa méticulosité et par le soin apporté aux ambiances. Le parti-pris d’avoir considéré l’environnement si particulier de Killing Fields comme un personnage à part entière fait ses preuves et confère à la globalité de l’œuvre une personnalité forte. De quoi attendre avec impatience le prochain film d’une réalisatrice à suivre…

A noter la présence au générique de Sheryl Lee, mythique Laura Palmer dans Twin Peaks (David Lynch) et proie des Vampires de John Carpenter, dans un rôle certes mineur, mais marquant.

@ Gilles Rolland

 

Par Gilles Rolland le 22 janvier 2012

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