[Critique] LES CINQ LÉGENDES

CRITIQUES | 1 décembre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Rise of the Guardians

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Peter Ramsey
Distribution voix : En V.O. : Chris Pine, Isla Fisher, Hugh Jackman, Alec Baldwin, Jude Law, Dakota Guyo… / En V.F. : Gaspard Ulliel, Nolwenn Leroy, Jérémie Covillaut, Miglen Mirtchev, Boris Rehlinger, Henri Bungert…
Genre : Animation/Comédie/Action/Adaptation
Date de sortie : 28 novembre 2012

Le Pitch :
Après une longue disparition, Pitch Black le croque-mitaine refait surface pour plonger le monde dans les ténèbres. Seuls les Gardiens, protecteurs magiques des enfants et sentinelles de paix et d’espérance, font obstacle à sa victoire. Le Père Noël, la Fée des Dents, le Lapin de Pâques, et le Marchand de Sable font équipe avec un Jack Frost amnésique pour vaincre un ennemi commun. Les aventures de Jack viennent seulement de commencer, mais son impopularité l’a rendu invisible aux enfants, et après des siècles d’isolation, il espère pouvoir restaurer la foi des plus jeunes en lui et déterrer quelques réponses sur son passé, pour le meilleur ou pour le pire…

La Critique :
En voilà une idée qui a du provoquer un facepalm chez tous les scénaristes du business et les emmener à s’écrier : « Pourquoi est-ce qu’on n’a pas eu cette idée avant ?! », tandis que les gens du marketing poussaient un soupir unanime et se demandaient : « On n’a rien de mieux, comme titre ? ». Dans Les Cinq Légendes, il se trouve qu’en plus de remplir leurs fonctions habituelles, le Père Noël, la Fée des Dents, le Lapin de Pâques, Jack Frost et le Marchand de Sable constituent une équipe d’élite de personnages imaginaires, appartenant au domaine public. Ensemble, ils luttent contre les forces du mal qui menacent l’innocence des enfants du monde à la demande d’un Homme de La Lune tout-puissant. Donc, en gros, Avengers pour la mythologie enfantine. Pourquoi pas ?

Ceci dit, le titre désespérément bancal du film est un peu trompeur : le long-métrage tire son univers d’une série de livres de l’écrivain William Joyce, qui jusqu’ici, a raconté en détail les origines de chacun des personnages principaux. Le film lui-même, cependant, s’ouvre sur un récit qui se passe de nos jours, les Gardiens ayant déjà acquis leurs pouvoirs et ont vaqué à leurs occupations pendant un bon bout de temps. L’intrigue du film se concentre principakement sur les origines et le recrutement d’un nouveau Gardien, Jack Frost. C’est ce genre de petits détails qui enrichissent et élargissent la portée du film.

On nous informe assez tôt qu’il existe beaucoup de créatures mythiques tapies dans l’ombre à travers le monde, et seuls quelques privilégiés sont sélectionnés comme Gardiens. Cela change un peu les choses et donne au film une longueur d’avance, pour qu’il entre pleinement dans le feu de l’action en ce qui concerne la construction et le développement de son univers, au lieu de passer trois piges à expliquer au spectateur comment ça marche. Même si Les Cinq Légendes mise quand même beaucoup sur la familiarité de son public avec l’iconographie générale de ses personnages pour combler les quelques lacunes. Et c’est finalement assez logique de prendre Jack Frost vs. Pitch Black (le méchant du film, aussi connu sous le nom du Croque-mitaine) pour le conflit central, puisque leurs personnalités et leurs motivations ont beaucoup en commun.
Pour ce qui est du film en lui-même, on s’amuse beaucoup. Après tout, on parle d’un film d’animation pour enfants signé DreamWorks, alors à certains égards, le spectateur sait déjà plus ou moins ce qui l’attend : de grosses scènes d’action délirantes qui virevoltent dans tous les sens comme une montagne russe parce que c’est le meilleur moyen de faire frimer la 3D. Cela serait sympa si le film prenait plus de temps pour décompresser, retrouver sa respiration et laisser les personnages interagir entre eux, étant donné que leurs conversations sont les meilleures scènes du film. Mais Les Cinq Légendes ne fait que suivre les codes de son genre, et Dieu merci, y’a presque aucune blague lourdingue sur la pop-music ou la culture people à l’horizon. Il était temps : cette mauvaise habitude de DreamWorks d’approcher les récits pour enfants de cette façon était vite devenue insupportable. Vous vous souvenez des posters de Shrek 4 ?

L’autre agréable surprise est le niveau d’action, et là, ça envoie du lourd. Ce genre de films a souvent tendance à mettre l’accent sur la non-violence en insistant sur les facultés plus ésotériques de leurs personnages magiques, mais arrivé aux moments où les Gardiens doivent affronter Pitch, le combat à mains nues devient leur hobby préféré. Pourquoi pas ? Avis aux méchants : n’allez pas chercher des noises au Marchand de Sable…
Et quel cadeau de voir le mannequin vivant Chris Pine enfin faire preuve d’un peu d’émotion en prêtant sa voix à Jack Frost dans la version originale ! C’est trop tard pour le remplacer avec un personnage en images de synthèse dans le prochain Star Trek pour qu’il crève l’écran, là aussi ?

Sur un plan moins positif, toute la vitesse et l’efficacité du film l’empêche néanmoins d’arriver à atteindre l’importance qu’on pourrait attendre de lui, si on considère l’immortalité de toutes ces icônes. Voir Papa Noël (avec un accent russe bien marrant) partager l’écran avec le Lapin de Pacques devrait être une image énorme et plus trippante qu’elle ne l’est en réalité, même si on peut imaginer que ça plaira plus aux jeunes enfants auxquels le film est destiné. Ils cherchent sûrement à mettre une suite en chantier, voire même commencer toute une saga : c’est clair que l’univers du film et les personnages qui le peuplent ont le potentiel de devenir encore plus intéressants qu’ils ne le sont déjà.

Les Cinq Légendes est un film très appréciable. On est loin d’un Toy Story, mais l’idée est génialissime et il y a deux ou trois moments vraiment formidables qui valent le détour. Beaucoup se lassent des aventures d’animation hyperkinétiques qui dévalent les pentes de l’action et la comédie à fond la caisse pour nous bassiner avec cette même bêtise illusoire qu’est la 3D (et croyez-moi, j’en fais partie), et c’est vrai que celui-ci suit la tradition du bordélique. Mais quand il n’est pas en train de faire le con, Les Cinq Légendes a une âme poétique.

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : Paramount Pictures France

Par Daniel Rawnsley le 1 décembre 2012

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires