[Critique] LES RECETTES DU BONHEUR

CRITIQUES | 11 septembre 2014 | 1 commentaire
Les-Recettes-du-Bonheur-affiche-France

Titre original : The Hundred-Foot Journey

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Lasse Hallström
Distribution : Helen Mirren, Manish Dayal, Om Puri, Charlotte Le Bon, Amit Shah, Farzana Dua Elahe, Aria Pandya, Michel Blanc, Vincent Elbaz…
Genre : Comédie/Romance/Drame/Adaptation
Date de sortie : 10 septembre 2014

Le Pitch :
Hassan Kadam possède un talent inné pour la cuisine depuis son plus jeune âge. Consciencieux, inspiré et passionné, il fait la joie de tous ceux qui goûtent à ses préparations et ne cesse d’impressionner ses proches. Malheureusement contraint de quitter son Inde natale avec sa famille suite à une tragédie, le jeune Hassan atterrit de manière totalement fortuite, à Saint-Antonin-Noble-Val, un charmant village du sud de la France. Son père, obstiné et lui aussi passionné, se met alors en tête de racheter un vieux bâtiment pour en faire un restaurant indien d’envergure. Quitte à se mettre à dos Madame Mallory, son illustre voisine elle aussi propriétaire d’un établissement fort d’une réputation sans faille et d’une étoile au Guide Michelin. Tout d’abord vivaces, les tensions entre les deux clans s’estompent quelque peu, notamment grâce à la passion naissante d’Hassan pour la cuisine française et à son rapprochement avec la jolie Marguerite, la sous-chef de Madame Mallory…

La Critique :
Une chose est indispensable pour nous français, afin d’apprécier le nouveau plat de Lasse Hallström : accepter l’aspect carte postale de la chose. Car à l’instar de nombreux films américains avant lui, Les Recettes du Bonheur prend place dans une France hors du temps. On voit bien un ou deux téléphone portables ici ou là et à un moment donné, Helen Mirren sort un appareil photo numérique, mais sinon, tout se résume presque à une série de clichés d’un autre âge dépeignant nos campagnes comme une espèce de bulle figée selon des critères purement touristiques. Presque fatalement donc, on roule souvent en 2 CV ou en Méhari, on circule aussi en vélo, on écoute La Vie en Rose, et on téléphone sur de vieux trucs à cadran. Pour ce qui est de la mode, c’est du pareil au même. Idem pour les prénoms. On croise une Marguerite (combien de filles de moins de 30 ans s’appellent comme cela aujourd’hui ?), un Jean-Pierre et un Marcel, et tout semble calqué sur un modèle parfait pour entretenir l’image d’une France romantique où il fait bon poser ses valises pour changer de vie et enfin profiter pleinement d’une existence paisible loin des problèmes du Monde.
Et puis il y a aussi Helen Mirren, qui joue une française guindée parlant la plupart du temps anglais avec un accent français, ou français avec un accent anglais. Elle s’adresse même sans trop que l’on sache pourquoi à ses employés français, dans un anglais scolaire assez perturbant. Certes la version française efface ce détail, mais le film tel qu’il a été pensé, cumule ce genre de tares, sans trop sembler s’en soucier…
Long-métrage carte postale sublimant les couleurs d’une région parfaite pour représenter dignement les trésors naturels de notre pays, Les Recettes du Bonheur prend rapidement des airs de fable. Une belle histoire nourrie d’arômes et de saveurs d’ici et d’ailleurs, voulue dépaysante et peut-être même légèrement désuète (ce qu’elle est au final). Un point qui ne manquera pas de déclencher les foudres d’une partie du public et des critiques, qui ne verront là qu’un produit périmé. Ce qui, notez-le bien, serait dommage, tant Lasse Hallström utilise justement cet environnement préfabriqué pour emballer une charmante parenthèse enchantée, à laquelle il serait regrettable de ne pas accorder une chance.

Lasse Hallström, cinéaste de son état, est souvent pris à tort pour un réalisateur opportuniste, tout juste bon à livrer de bon gros mélos bien indigestes, farcis à de bons vieux clichés des familles. Après tout, le bonhomme est responsable du Chocolat avec Juliette Binoche et Johnny Depp, et de Cher John, cet affreux morceau de guimauve avec Amanda Seyfried et Channing Tatum. Mais c’est aussi lui qui nous a offert le merveilleux Hatchi, ou encore Gilbert Grape. Capable du pire comme du meilleur, Hallström est surtout un homme de ressentis. Un artisan honnête mais pas non plus flamboyant, qui s’attache à ses personnages, avec une grande sensibilité, quitte à ne conter que des histoires classiques appelant inévitablement de multiples critiques et un certain cynisme.
Son nouveau long-métrage se place dans la juste continuité du reste de son œuvre et propose un voyage modeste au cœur d’un petit bout de pays transformé en une sorte d’Eden, et habité par des personnages hauts en couleurs, amenés à découvrir en l’autre de quoi combler un vide. Quand on a accepté les codes qui régissent ces Recettes du Bonheur, et bien le bonheur, justement, n’est plus très loin. Il faut lâcher-prise et se laisser embarquer par une escouade de comédiens visiblement ravis de faire partie d’une telle aventure. Helen Mirren, toujours aussi douée, arrive à aller au delà des travers de son personnage pour en extirper une émotion exponentielle, Charlotte Le Bon se montre complètement à l’aise et prouve à quel point son talent et son charme s’avèrent universels dont exportables, et le jeune Manish Dayal, à fleur de peau, tient la baraque avec l’aplomb d’un grand. Impossible de ne pas saluer également la truculence du jeu de l’étonnant Om Puri, entre émotion contenue et comédie pure, et la sobriété d’un Michel Blanc un poil à l’ouest, mais néanmoins discret et relativement juste.

Tout ce petit monde arrive à bâtir un univers quasi-féerique. Les Recettes du Bonheur est un festin pour épicurien amateur de bluettes sans prétention. Il s’agit typiquement de l’une de ces œuvres qui, malgré leurs nombreux défauts, finissent par se faire accepter par la seule force de leur charme. Ici, on le retrouve dans les ruelles de ce village médiéval et dans les coins de nature préservés. Dans le regard des comédiens également, et dans la passion qui anime le réalisateur quand il orchestre leurs pérégrinations gustatives. Dans cette pudeur appréciable aussi, en adéquation totale avec les effluves des petits plats confectionnés par le jeune héros et sa belle française en robe à fleurs. Sans forcer…

@ Gilles Rolland

Les-Recettes-du-Bonheur-Helen-MirrenCrédits photos : Metropolitan FilmExport 

Par Gilles Rolland le 11 septembre 2014

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paulus
paulus
9 années il y a

il a l air chouette ce film j irai bien gouter un plat