[Critique] MIDWAY

CRITIQUES | 7 novembre 2019 | Aucun commentaire
Midway-poster

Titre original : Midway

Rating: ★★★☆☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Roland Emmerich

Distribution : Ed Skrein, Patrick Wilson, Woody Harrelson, Mandy Moore, Aaron Eckhart, Dennis Quaid, Nick Jonas, Luke Evans, Etsushi Toyokawa…

Genre : Action/Historique/Drame

Durée : 2h19

Date de sortie : 6 novembre 2019

Le Pitch :

7 décembre 1941 : l’armée japonaise bombarde la base navale américaine de Pearl Harbor à Hawaï. Bien décidé à définitivement anéantir ce qui reste des forces aéronavales de son ennemi, le Japon se prépare à lancer une nouvelle offensive. Les Américains de leur côté, en infériorité numérique, n’ont qu’une seule chance de remporter la bataille : percer les codes ennemis pour savoir où et quand va se dérouler l’attaque et ainsi contrer par surprise les Japonnais…

La Critique de Midway :

Roland Emmerich est sans aucun doute le plus américain des réalisateurs européens. Il aime tellement les États-Unis qu’il les a plusieurs fois fait exploser dans ses films, allant même jusqu’à pulvériser la Maison Blanche 3 fois ! Dans Independence Day bien sûr, mais aussi dans 2012 et White House Down. Roland Emmerich ayant ainsi réussi à s’imposer comme l’un des artificiers les plus décomplexés du cinéma, allant même jusqu’à concurrencer le pourtant bien bourrin Michael Bay. Mais Emmerich peut aussi faire preuve de finesse, comme il nous l’a prouvé avec des œuvres plus intimistes comme Anonymous et Stonewall par exemple. Qu’allait donc donner sa version de la bataille de Midway ? Bataille déjà au centre d’un documentaire ultra immersif de John Ford (qui figure au générique du film d’Emmerich) et d’un long-métrage réalisé par Jack Smight avec Charlton Heston, Henry Fonda et James Coburn… Sans surprise, comme pouvait le laisser présager son trailer, Midway est plutôt bourrin. Et spectaculaire. Et patriotique… On rentre dans les détails…

Bataille navale

Roland Emmerich commence à nous conter cet épisode finalement assez méconnu de la Seconde Guerre mondiale en revenant sur ce qui a tout déclenché pour les Américains, à savoir l’attaque de Pearl Harbor. Le cinéaste qui par cela, se confronte donc directement au Pearl Harbor de Michael Bay, encourageant alors immédiatement la comparaison. Bien sûr, étant donné que Pearl Harbor date de 2001, Midway bénéficie d’effets numériques beaucoup plus impressionnants. Emmerich n’étant de plus pas le dernier quand il s’agit d’exploiter la technologie pour nous en mettre plein les yeux. Et si le bombardement par les avions de l’armée japonaise est en effet ici très spectaculaire, faisant oublier en quelques minutes à peine le film de Bay, Midway tente également, narrativement parlant mais aussi par le biais de son approche, de se distinguer de son aîné, y parvenant la plupart du temps. Ce qui ne veut malheureusement pas dire qu’Emmerich, toujours très porté sur un patriotisme pompier (alors qu’il est allemand), fait preuve d’une finesse absolue quand il ne s’agit pas de mettre en scène des avions en train de bombarder des bateaux…

Midway-Ed-Skrein

Medal of honor

Si Midway ne se montre jamais aussi pompeux que Pearl Harbor, en mettant par exemple plutôt de côté le romantisme que Bay n’avait pas hésité à exploiter, il ne se prive pas de souligner l’héroïsme de ses personnages. Tous étant, à divers degrés, de vrais bonhommes bien couillus et donc prêts à tout pour sauver leur patrie. Que ce soit ce pilote surdoué, sorte d’alter-ego du Maverick de Top Gun, joué par Ed Skrein, ce capitaine buriné campé par un Dennis Quaid tout en tics, ce jeune loup sans peur et sans reproche interprété par le trop lisse Joe Jonas ou ce stratège finement incarné par Patrick Wilson, tous vont dans le même sens et contribuent à faire du film une charge pleine de souffle à la gloire de tout un pays.

Mais.. Car il y a un mais, Midway sait aussi nuancer son propos. Assez curieusement d’ailleurs car il faut bien admettre que s’il ne manque pas de bonne volonté quand il effectue de fréquents allers-retours du côté de l’armée japonaise, il a aussi en permanence le cul entre deux chaises. Rien à voir avec la pertinence du diptyque de Clint Eastwood, Mémoires de nos Pères et Lettres d’Iwo Jima, qui avait vraiment réussi à offrir de manière équilibrée, un point de vue global sur le conflit dans le Pacifique. Ici, Emmerich tente mais ne réussit jamais vraiment à faire preuve de clarté, son métrage étant écartelé entre un discours très pompeux glorifiant l’armée U.S., et un désir de tout de même étudier le point de vue de l’adversaire. Le fait que Midway soit à la fois dédié aux soldats américains et japonnais montre bien la nature de cette volonté, mais le résultat demeure néanmoins bancal et c’est dommage. Ce qui rend fatalement les échanges entre les combats pas toujours passionnants voire carrément barbants par moment. Le montage, plein d’ellipses pas toujours très maîtrisées, enfonçant le clou.

Grand spectacle

Tout compte fait, et c’était prévisible, Midway ne se montre jamais aussi convainquant que lorsqu’il nous plonge au cœur de l’action. Techniquement irréprochable, il met en avant les compétences d’Emmerich quand il s’agit de nous emmener au centre des conflits, au-dessus des eaux du Pacifique, aux côtés des pilotes. Riche en séquences ultra immersives et spectaculaires, le film ne faillit jamais sur un plan purement technique et s’apparente bien souvent à une pure démonstration de force de la part d’un réalisateur avant tout intéressé par l’aspect graphique. Rien de très surprenant donc pour Roland Emmerich qui aborde ici son sujet comme il avait pu le faire avec The Patriot. Sans trop s’embarrasser de la dramaturgie ni des dialogues et en se focalisant sur le show. D’où l’utilité de voir Midway sur le plus grand écran possible, pourquoi pas en 4DX, histoire de véritablement apprécier le spectacle.

En Bref…

Jamais vraiment passionnant et un peu décousu, Midway tente bien de ne pas se montrer unilatéral en s’intéressant au point de vue des Japonnais mais s’impose surtout au final comme un nouveau chant guerrier à la gloire de l’armée américaine. La faute au manque de finesse flagrant d’un scénario plutôt brouillon, qui empêche l’émotion de percer. Reste donc le spectacle. Parfaitement maîtrisé sur un plan visuel, Midway ne déçoit par contre jamais quand il nous offre d’incroyables séquences de batailles aériennes. C’est déjà beaucoup.

@ Gilles Rolland

Midway-Aaron-Eckhart
Crédits photos : Metropolitan Filmexport
Par Gilles Rolland le 7 novembre 2019

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