[Critique] PARADISE LOST

CRITIQUES | 8 novembre 2014 | Aucun commentaire
Paradise-Lost-affiche-France

Titre original : Escobar : Paradise Lost

Rating: ★★★½☆
Origines : France/Espagne/Belgique
Réalisateur : Andrea Di Stefano
Distribution : Benicio Del Toro, Josh Hutcherson, Claudia Traisac, Brady Corbet, Carlos Bardem, Ana Girardot, Laura Londono, Aaron Zebede…
Genre : Drame/Thriller
Date de sortie : 5 novembre 2014

Le Pitch :
Nick, un jeune canadien, arrive en Colombie avec son frère, dans l’idée de monter un commerce et de donner des leçons de surf. Alors qu’il s’installe au bord de l’océan, Nick rencontre Maria, une superbe autochtone dont il tombe éperdument amoureux. Le bonheur est total, jusqu’à ce que le jeune homme fasse la connaissance de l’oncle de sa belle. Un tonton pas comme les autres qui répond au nom de Pablo Escobar…

La Critique :
Rien à voir avec l’œuvre de John Milton ou avec le thriller de John Stockwell. Rien à voir non plus avec le groupe de doom britannique. Ici, on cause de Pablo Escobar et de la Colombie. On parle aussi de drogue bien sûr et d’amour. De famille et de devoir…
Escobar, après avoir traversé des films divers et variés comme Blow ou Pablo Escobar, le Patron du Mal, se retrouve au centre du premier film d’Andrea Di Stefano, et non il ne s’agit pas d’un biopic.
Le trafiquant de drogue le plus célèbre de l’histoire, dont l’existence se prête complètement à une illustration cinématographique, partage ici l’affiche avec un jeune premier, sorti de l’imagination du réalisateur/scénariste, de manière à mettre en opposition l’innocence et le mal.
On suit donc Nick, un beau gosse incarné par Josh Hutcherson, fraîchement débarqué en Colombie, avec des rêves plein la tête. L’amour, bien sûr, l’attend au tournant en la personne de Maria, la nièce de Pablo Escobar. Paradise Lost justifie rapidement son nom en transformant le rêve du jeune protagoniste en véritable cauchemar. Pour lui, le paradis que représente la Colombie et ses plages interminables, révèle un enfer, dont le boss est ce type débonnaire, accueillant et mystérieux. Cet oncle super riche, entouré de mecs armés, adulé par son peuple mais désigné par le monde entier comme l’ennemi public numéro un. La douche est froide pour Nick et le long-métrage de dérouler une réflexion en forme de cruelle fable initiatique sans concession.
Paradise Lost est un premier film. Di Stefano sait pourtant précisément où il va et sait aussi comment il veut y aller. Il porte son histoire avec un aplomb relativement impressionnant et même si au fond, le tout reste conventionnel, son travail est à saluer.
Le scénario pour sa part, tente d’imposer une narration éclatée et permet donc de plonger le spectateur dans l’action dès les premières minutes. Par la suite, le métrage rentre dans les rails, avant de faire une boucle à la fin, dévoilant des artifices sympatiques mais pas franchement indispensables.

Paradise-Lost-Hutcherson

À vrai dire, si on comprend effectivement la volonté de nous offrir un point de vue extérieur, via le jeune héros, il aurait été grandement préférable que Paradise Lost soit un biopic. Un constat inhérent à Benicio Del Toro, à proprement parler monstrueux dans la peau d’un Pablo Escobar effrayant et ambigu. Né pour interpréter le rôle, ce monstre de charisme prête son imposante carrure au trafiquant, en livrant ce qui reste à ce jour l’incarnation la plus convaincante, sans trop en faire, juste en permanence. Alors oui, Josh Hutcherson est bon, et ici tout particulièrement, hors de sa zone de confort habituelle, mais non, ce n’est pas suffisant. La fragilité et le désarroi qu’il incarne existent à l’écran, quand il ne fait pas face à Del Toro. Quand c’est le cas, tandis que Benicio crève l’écran, Hutcherson s’efface et peine à faire exister son personnage avec une intensité constante.
Cela dit, l’effort est louable et jamais Hutcherson ne se décourage, investi et conscient de la belle opportunité que représente ce film. À leurs côtés, forcement, difficile de briller. Cependant, la sublime Claudia Tresac et Carlos Bardem (le frère de Javier) y parviennent. L’une en personnifiant une naïveté touchante et néanmoins fatale, et l’autre parfait en bras armé impassible et cruel.

Paradise Lost n’est pas le grand film qu’il aurait pu être mais il demeure de très bonne facture. Surtout si on considère son jusqu’au-boutisme rare car en rupture franche avec les canons actuels. Andrea Di Stefano ne lâche rien et malgré le point de vue discutable qu’il adopte, il s’avère suffisamment talentueux et pertinent, pour au final encourager le public à le suivre dans les méandres de son thriller déguisé en impitoyable et très efficace métaphore du passage à l’âge adulte.

@ Gilles Rolland

Paradise-Lost-Del-ToroCrédits photos : Pathé Distribution 

 

Par Gilles Rolland le 8 novembre 2014

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