[Critique] STARBUCK

CRITIQUES | 2 juillet 2012 | 1 commentaire

Titre original : Starbuck

Rating: ★★★★½ (moyenne)
Origine : Canada
Réalisateur : Ken Scott
Distribution : Patrick Huard, Julie Le Breton, Antoine Bertrand, Dominic Philie, Marc Bélanger, Igor Ovadis, David Michael, Patrick Martin, David Giguère, Sarah-Jeanne Labrosse…
Genre : Comédie
Date de sortie : 27 juin 2012

Le Pitch :
David, 42 ans, est un peu largué. Sa copine qu’il délaisse est enceinte et des usuriers lui réclament une grosse somme d’argent. Un jour, comme si cela ne suffisait pas, David, qui autrefois a donné son sperme, apprend qu’il est le père de 533 enfants. De plus, 142 de ses enfants essayent de forcer la clinique responsable de cette erreur à dévoiler l’identité du donneur. De son côté, David prend contact avec certains d’entre eux, incognito, pour essayer de mettre un peu d’ordre dans sa vie. Petit à petit, il va apprendre à les connaître et par la même occasion, commencer à y voir plus clair…

La Critique (Gilles) Rating: ★★★★½ :
Il y a des films que l’on guette depuis les tout premiers tours de manivelles. Il y a ceux que l’on redoute, avant même d’avoir vu une seule image. Il y a également ceux qui arrivent sans crier gare et qui vous laissent sur le carreau. Starbuck appartient à cette dernière catégorie. Indéniablement et définitivement, Starbuck est une merveille d’humanisme. Un long-métrage bouleversant, attachant, drôle et surprenant. Un film comme on en voit peu et qui prouve que l’on peut faire de la qualité avec de bons sentiments, sans tomber dans la guimauve immonde.

Starbuck est un feel good movie. Comme Juno, Little Miss Sunshine, Sideways et j’en passe pour citer quelques exemples qui ont été étiquetés de la sorte. Le feel good movie, quand il est réussi, trouve le chemin du palpitant et le fait battre un peu plus vite. Il fait rire et pleurer, sourire et frissonner et lorsque l’on sort de la salle, quand le film est terminé, on a généralement la banane. Starbuck, c’est tout ça à la fois et bien plus encore. Starbuck est donc un grand feel good movie, pas de doute là dessus.

Sur un postulat de départ pour le moins casse-gueule et incongru, le second film de Ken Scott arrive à déjouer la plupart des pièges inhérents à l’exercice du feel good movie. Pas de sentimentalisme facile ici, mais des émotions sincères. Le héros tout d’abord, déclenche immédiatement une forte empathie. Le type est ordinaire, son boulot aussi et sa vie est un bordel intégral. Il cultive de la marijuana, livre de la bidoche, sort plus ou moins avec une fille qui vient de lui apprendre qu’elle est enceinte, et peut se targuer d’avoir donné son sperme plus de 500 fois dans sa jeunesse, quand il avait besoin d’argent. Le film débute quand les conséquences de ce don de masse lui reviennent en pleine gueule. En fait, pour être exact, le film débute quand le héros, jeune, donne son sperme, devant des magazines exotiques pour adultes, dans une pièce climatisée. Certains réalisateurs auraient pu surfer sur l’idée pour offrir un spectacle vulgairement grotesque, mais Ken Scott s’y refuse. Il ne cherche jamais le sentimentalisme facile, ni les grosses sensations. Scott raconte son histoire avec beaucoup de pudeur. Il respecte l’intimité de ses personnages et offre à leurs ressentis un écrin subtil. Du coup, Starbuck brille par sa pertinence. Une pertinence et une honnêteté dans le geste qui rattrapent un certain manque de cohérence et une manie à utiliser la musique pour illustrer de longues plages sans dialogues.

Pas bien gênants, ces petits défauts découlent d’un désir de tisser une chronique de vie finalement ordinaire en partant d’un postulat qui ne l’est pas du tout. David, le personnage principal le dit lui-même en se comparant au mec qui a posé en premier le pied sur la Lune. Personne d’autre sur terre ne peut se targuer d’avoir 533 gamins. Personne. Lui, voit dans cet état de fait, de toute façon irrémédiable, une grande source d’amour. Il fait connaissance avec ses enfants, sans se dévoiler et fait office d’ange gardien dans la vie de ces jeunes.

Bon, dit comme ça, on peut penser que Starbuck s’apparente à une version cinéma de la série Les Anges du bonheur, agrémentée d’une large dose de sirop d’érable. Pas le moins du monde rassurez-vous. Le côté bon samaritain de David, ne va jamais trop loin et constitue seulement une étape dans le processus extraordinaire de sa démarche. En aidant ses enfants, David s’aide lui-même. En s’immisçant dans la vie de ces personnes qui recherchent leur père, David ne tente pas de redorer le blason de son karma. Il fait ça aussi pour lui. Pour lui, pour les autres et pour finalement changer la direction de son existence.

Petit film indépendant, Starbuck jouit aussi d’une distribution assez formidable. Un casting mené par le comédien/humoriste québecois Patrick Huard. Ce dernier est sensationnel. Tout bonnement bluffant. Encore une fois, le film n’est pas un exercice de style sirupeux. Le rôle principal est loin d’être évident. Huard fait un boulot admirable car il n’en fait jamais trop. Il joue bien. Avec son cœur et ses tripes. À l’écran, sa présence et celle des autres acteurs, tous très bons, nourrissent une œuvre qui devrait en terrasser plus d’un. Au delà des petites erreurs d’écriture (pas au niveau des dialogues qui sont brillants) et d’une réalisation un poil trop sage, Starbuck se démarque sans conteste. Starbuck est une ode à l’amour, qu’il soit paternel, fraternel, amical ou marital. C’est ce genre de film qu’il faut voir en cas de sinistrose aiguë. C’est garanti sur facture !

@ Gilles Rolland

La Critique (Audrey) Rating: ★★★★½ :
On entend beaucoup parler du renouveau du « cinéma québécois » ces temps-ci. Certains s’en défendent arguant qu’il n’y a qu’un seul cinéma et que celui ci n’a pas de couleur. Mais cependant, on ne peut s’empêcher de remarquer que le cinéma québécois plaît de plus en plus.

On prendra par exemple le cas de Xavier Dolan, le réalisateur prodige avec ses films toujours proches des réalités, traitant de sujets complexes et aussi dernièrement du réalisateur Ken Scott et de son dernier film Starbuck

Dès le début de Starbuck , on sent que l’on va vivre quelque chose de spécial. L’acteur principal Patrick Huard, incarne parfaitement le personnage, donnant l’impression qu’il a été taillé sur mesure pour lui. On assiste à une tranche de vie, en oubliant presque que c’est un film.

De nombreux ressorts comiques sont utilisés, avec notamment des dialogues judicieux mais aussi et surtout avec les personnages en eux- mêmes.

Daniel Wosniak est drôle, il enchaîne littéralement les bourdes, c’est le gaffeur professionnel. Son meilleur ami avocat est complétement dépassé par les événements de sa vie et nous offre également de bons moments .

La photographie est utilisée de manière à être au plus proche de la réalité, le réalisateur se veut proche des gens, de la vie, il y a moins « d’artistique ». Les plans sont bien appropriés et les couleurs selon les situations bien exploitées (on pensera notamment à la scène des banques).

L’histoire est très originale. Un père de 533 enfants, franchement fallait y penser ! Mais elle est aussi quelque peu saugrenue, voire tirée par les cheveux. Le tout est un peu « gros », et on observe quelques failles dans le scénario et la construction de l’histoire.

Ceci dit tout cela n’est pas très grave, mieux même, ce n’est qu’un détail car le rendu en globalité est très beau et intense.

On a l’impression que Ken Scott a choisi un thème principal plutôt farfelu et inaccoutumé, car cela lui permet de pouvoir exploiter un tas d’autres voix.

À travers cet éventail de chemins différents qui se mélangent, le réalisateur fait passer de nombreux messages.

Parmi ce panel de messages on peut voir qu’il est excessivement difficile de trouver sa place dans un monde qui va toujours trop vite.

La différence, est traité avec beaucoup d’intelligence et de tact. Les thèmes de la diversité, de la recherche du bonheur, de la réussite sociale, de la confiance en soi mais aussi de la peur, par exemple la peur de devenir parent, sont présents . Mais il y a aussi des thématiques existentielles comme la quête de ses rêves et la poursuite de ses envies profondes.

Tous ses sujets sont servis par une distribution savamment choisie par un réalisateur soucieux des détails.

Niveau distribution et interprétation donc, c’est du grand luxe, Patrick Huart est doué, il incarne parfaitement le rôle du gaffeur invétéré au cœur tendre qui essaye de bien faire, malgré tout. Il réussit à nous faire passer des émotions intenses.

Notre avocat, le meilleur ami, interprété par Antoine Bertrand, est quant à lui talentueux aussi, on passe du rire aux larmes avec ce personnage attachant qui manque cruellement de confiance en lui.

La famille du protagoniste est bien choisie, le père sort du lot car très attendrissant. la petite amie incarnée par Julie le Breton, nous fait partager ses angoisses et s’associe très bien au personnage principal.

Les enfants de Starbuck forment une grande famille, idéalement diversifiée, ils sont tous émouvants .

Starbuck est une leçon d’humanisme, qui pourrait s’interpréter de la manière suivante : « On est tous imparfaits, névrosés, mais on essaye, on vit, et surtout on tente de devenir meilleur »

Le dénouement est une suite de scènes émouvantes, tout au long du film, on sourit, on rit, puis on a les larmes aux yeux.

Ken Scott ne tombe jamais dans la facilité ni dans le larmoyant inutile, Starbuck avant tout, se veut proche des gens. De plus la bande son est bien adaptée, bien choisie.

Ça fait juste du bien de voir des films où on ne regarde pas la montre, où on ne s’ennuie pas, où il est facile de s’identifier aux personnages parce que c’est réaliste . Mais c’est aussi profondément optimiste et empreint d’un humanisme vibrant . Et lorsque l’on sort, on se sent bien, on se sent léger, tout simplement .

@ Audrey Cartier

Crédits photos : Caramel Films

Par Gilles Rolland le 2 juillet 2012

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Pamalach
Pamalach
11 années il y a

Un film qui file les larmes aux yeux ! Pas évident de ne pas tomber dans le pathos tout en restant juste ! pari réussi et film à voir absolument !