[Critique] WELCOME BACK

CRITIQUES | 19 octobre 2015 | Aucun commentaire
Welcome-Back-poster

Titre original : Aloha

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Cameron Crowe
Distribution : Emma Stone, Bradley Cooper, Rachel McAdams, Bill Murray, Alec Baldwin, John Krasinski, Danny McBride, Bill Camp
Genre : Comédie/Romance/Drame
Date de sortie : 15 octobre 2015 (Netflix)

Le Pitch :
Brian Gilcrest, une sorte de légende de l’armée américaine, revient à Hawaï, où il connut jadis quelques-uns des plus grands succès de sa carrière. Sur place, il renoue avec Tracy, une ex pour laquelle il a conservé de puissants sentiments. Néanmoins, sa rencontre avec Allison, une militaire chargée de veiller sur lui pendant son séjour, va quelque peu bouleverser la donne…

La Critique :
Welcome Back pourrait changer beaucoup de choses pour le réalisateur Cameron Crowe. Échec cuisant aux États-Unis, où il fut torpillé avant même sa sortie, à la suite du scandale des mails piratés de Sony, dans lesquels il était mentionné que le studio ne savait pas quoi faire du film car il le trouvait ridicule, et la polémique inhérente au personnage d’Allison, qui, bien que jouée par Emma Stone, est censée avoir des origines chinoises, suédoises et hawaïennes, le long-métrage a vu purement et simplement sa sortie dans les salles française annulée. Merci à Netflix donc, qui a repêché le film.
On parle tout de même ici de Cameron Crowe. De cet ancien journaliste de Rolling Stones, passionné de rock and roll et auteur des géniaux Presque Célèbre, Singles et Jerry Maguire ou encore Vanilla Sky, très vite habitué au succès, notamment grâce à une verve aussi passionnante que pertinente, dans un registre qu’il s’est rapidement approprié, jusqu’à en redéfinir les contours à son image. Chez lui, la comédie romantique prend des airs de conte initiatique. Ses personnages appartiennent au même monde et sont souvent des hyper-sensibles confrontés à des réalités plus ou moins difficiles, sauvés par leur passion et leur capacité à s’exalter pour au final résister et/ou s’abandonner à l’amour et suivre leur voie. Si Crowe a connu une nette baisse de régime dès la sortie de Rencontres à Elizabethtown, son premier véritable échec au box office, il n’a rien lâché. Tout en gardant un pied dans le monde de la musique (il signe le fantastique rockumentaire Pearl Jam Twenty en 2011), il réunit un casting en or massif et continue d’explorer ses belles thématiques avec Nouveau Départ. Welcome Back pourtant, indique que la recette ne prend plus auprès d’un public inexplicablement désintéressé, malgré la présence toujours impressionnante de stars plus que jamais au rendez-vous. Malchance, question de contexte, ou tout simplement grosse maladresse… difficile d’expliquer le four de Welcome Back, car au fond, le film est loin de le mériter, tant il traduit la sincérité d’un cinéaste qui, de film en film, se refuse à un quelconque cynisme.

Welcome-Back-Emma-Stone

Cela dit, Welcome Back est quand même loin d’être sa meilleure livraison. Sa plus grand force ? Ses acteurs. Entre Emma Stone, Bradley Cooper, Bill Murray, Rachel McAdams et les autres, difficile de ne pas y trouver son compte. Tout le monde est à sa place, Crowe est un bon directeur d’acteurs, et même si certains sont moins bien servis que d’autres, personne ne rechigne à apporter sa pierre à l’édifice et embrasse avec bonheur sa partition. Et si il est en effet regrettable que l’excellente Emma Stone joue un personnage qui ne lui corresponde pas et qui a déclenché la fameuse polémique, elle demeure comme toujours fantastique.
Le soucis au fond, doit venir du scénario. De cette histoire basée sur un triangle amoureux, qui manque cruellement d’originalité, même si l’authenticité des dialogues et le jeu des comédiens conférent à l’ensemble suffisamment de poids pour encourager le spectateur à s’y abandonner. Alors oui, on a déjà vu mieux ailleurs, mais au fond, ce n’est pas le plus grave. Le vrai problème, en réalité, vient de l’intrigue secondaire, relative au personnage de Bill Murray. Rien à voir avec lui, impeccable, mais de la résolution de cette histoire de satellite envoyé dans l’espace depuis Hawaï pour une raison non seulement obscure, mais aussi étrangement amenée. Quand vient la résolution, c’est encore pire. Difficile de ne pas se dire que Cameron Crowe, beaucoup plus stimulé par la valse des sentiments de Bradley Cooper avec Emma Stone et Rachel McAdams, n’a pas envoyé promener tout le reste, au risque de perdre une partie des spectateurs. Parce que franchement… Qu’est-ce que c’est que cette histoire de musique capable de… Non, inutile de dévoiler la fin, même si ce détail ne sert qu’à amorcer le véritable dénouement, qui verra Bradley Cooper prendre la seule décision vraiment importante, et qui n’a quoi qu’il en soit aucun rapport véritable avec les trucs de l’armée ou le satellite.

De tous les scénarios que Cameron Crowe a écrit, celui de Welcome Back est le plus faiblard. Le plus bancal. Il faut garder en tête qu’on parle d’un auteur vraiment doué, donc pas de panique, ce n’est pas non plus le naufrage absolu. Cela dit, il est impossible de ne pas remarquer qu’au bout d’un moment, peut-être usé par les multiples réécritures dues aux départs successifs de Ben Stiller et Reese Witherspoon (envisagés dans les rôles principaux), Crowe a lâché l’affaire et a fait le minimum syndical. Ce film demeure néanmoins à son image. En petit forme, Crowe fait toujours un cinéma assez stimulant. La bande-originale est parfaite, les acteurs aussi, la photographie rend justice aux sublimes paysages de l’archipel et l’ambiance encourage au lâcher-prise.
Malgré ses défauts, le film sait se faire pardonner. Le spectacle est léger et sympathique. Étrange, mais pas toujours dans le bon sens, malade, et un peu anecdotique aussi. Sous ses airs de blockbuster de la comédie romantique, Welcome Back est une œuvre mineure qui, on l’espère, sera suivie par quelque chose de plus consistant, histoire de remettre Cameron Crowe sur les rails du succès.

@ Gilles Rolland

Welcome-Back-Bradley-Cooper-Rachel-McAdams-Emma-StoneCrédits photos : 20th Century Fox France/Netflix

Par Gilles Rolland le 19 octobre 2015

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