[Critique] WOLVERINE : LE COMBAT DE L’IMMORTEL

CRITIQUES | 24 juillet 2013 | Aucun commentaire
Wolverine-Le-Combat-de-l_Immortel-Affiche-Finale-France

Titre original : The Wolverine

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : James Mangold
Distribution : Hugh Jackman, Tao Okamoto, Rila Fukushima, Hiroyuki Sanada, Svetlana Khodchenkova, Brian Tee, Hal Yamanouchi, Will Yun Lee, Famke Janssen…
Genre : Action/Fantastique/Adaptation/Suite/Saga
Date de sortie : 24 juillet 2013

Le Pitch :
Alors qu’il erre sans but particulier, plus solitaire que jamais, Logan est appelé au chevet d’un vieil homme, au Japon. Mourant, ce richissime industriel auquel Logan a sauvé la vie il y a de nombreuses années, souhaite délivrer le mutant aux griffes d’adamantium de son immortalité, sachant que ce dernier a souvent considéré son don comme une malédiction. Sans le savoir, Wolverine vient de mettre les griffes dans un engrenage à haut risque, qui va le pousser encore et toujours à se questionner sur sa propre condition et sur son véritable but…

La Critique :
Attribué dans un premier temps à d’autres cinéastes (Bryan Singer, Darren Aronofsky, Guillermo del Toro…), porté par la conviction d’un Hugh Jackman plus que jamais investi dans son rôle le plus emblématique, et charriant en son sein les espoirs des fans déçus à juste titre par un premier film baclé, Wolverine : le combat de l’immortel vient de loin. Il vient de loin et va tout aussi loin. Géographiquement parlant tout du moins vu qu’ici, Logan se barre au Japon, retrouver un homme à qui il a sauvé la peau.
Situé quelques années après le bancal X-Men 3 (X-Men : l’affrontement final), Wolverine 2 permet donc de retrouver l’un des X-Men les plus populaires, toujours aux prises avec ses démons, solitaire et plus que jamais furax.

Exit le défilé de mutants vite expédiés du premier volet. Ce nouveau film joue la sobriété et c’est une excellente chose. Logan est à nouveau au centre de l’histoire et si on retrouve des mutants à un moment du récit (le contraire aurait été difficilement envisageable), leur nombre a considérablement été réduit. L’effet sur le film est immédiat et lui confère une lisibilité scénaristique appréciable.
De ce côté là, les leçons ont été retenues et James Mangold se concentre sur son histoire tout du long, sans défaillir.
Il faut dire que Mangold n’est pas n’importe qui. Mine de rien, le bonhomme a réalisé par le passé l’un des meilleurs Stallone (Copland), l’un des meilleurs biopic (Walk the Line), un excellent western (3h10 pour Yuma), un des Tom Cruise les plus fun (Night and Day) ou encore un drame psychologique touchant qui a fait date (Une Vie Volée). Son entrée chez Marvel, entreprise aux dents longues connues pour avoir tendance à écraser un peu les réalisateurs qu’elle embauche, a-t-elle joué sur sa prose jusqu’ici toujours intéressante et souvent remarquable ? Un peu.
Plus affirmé dans sa volonté farouche de livrer le meilleur film possible, que Gavin Hood, qui avec le premier épisode s’était fourvoyé dans les grandes largeurs, Mangold doit par contre se plier aux règles en vigueur dans un univers tellement codifié qu’il en devient vite étouffant pour les réalisateurs qui s’y frottent. Le truc ici, c’est que James Mangold doit non seulement redorer le blason de Wolverine, mais il se doit aussi de préparer le terrain au futur X-Men : Days of Future Past. Quoi qu’il arrive et non ce n’est pas un spoiler, on sait que Logan va s’en tirer, puisqu’il est sur les photos promo du prochain X-Men. Il peut bien lui arriver n’importe quoi, on sait qu’à la fin, il aura toujours ses griffes et que sa faculté à se guérir plus vite que son ombre ne sera pas non plus altérée. Il peut certes en prendre plein la poire, mais au fond, l’enjeu est minime.
Un détail peut-être minime qui vient appuyer le côté anecdotique d’un script accessoire. Ok, Logan va au Japon, comme en son temps Tintin partait au Tibet. Il se fritte avec des ninjas, voit ses certitudes sur la vie, l’amour et son pouvoir vaciller, et finit par se bastonner avec un boss final bien balèze. Qu’apporte ce Combat de l’Immortel à la mythologie de son héros ? Pas grand-chose.
L’impression d’assister à une parenthèse certes sympa, mais un poil vaine, subsiste tout du long.
Avec toute la bonne volonté qui le caractérise, James Mangold ne peut pas faire de miracle. Dans l’action, il est l’homme de la situation, même si on pourra déplorer le ridicule d’une paire de scènes un peu embarrassantes, avec en pôle position la séquence du train, entrevue dans le trailer, complètement aux fraises. Dans l’émotion, Mangold répète le même schéma que Singer dans X-Men 2 qui reste le meilleur film centré sur Wolverine. Hugh Jackman, la mine grave, a tout compris au personnage mais ses aventures ne sont guère palpitantes. Il rêve, il doute, mais ça il l’a toujours fait. Même après avoir levé l’ombre qui pesait sur ses origines, Logan continue de se torturer l’esprit et chaque film dans lequel il apparaît ne fait que nourrir la dépression d’un personnage tiraillé entre son côté bestial et sa sensibilité. Mangold exploite cette sensibilité et il le fait correctement. Pour l’aspect bestial, on pourra repasser. Logan est bourrin mais pas trop, car toujours tourné vers un humour sarcastique qui a fait ses preuves.
Avec une insistance irritante, Marvel continue d’émailler l’image de ses personnages les plus sombres en les mettant dans des situations inadéquates, comme quand Logan et sa protégée se rendent dans un hôtel de charme et finissent par pioncer dans une chambre aux couleurs de la planète Mars. Il s’en est fallu de peu pour nager en pleine bouffonnerie et ce n’est pas le côté aseptisé d’un spectacle pas assez brutal et sanglant qui arrange la sauce.

Certes plus maîtrisé, dans le fond et dans la forme, que son prédécesseur, Wolverine : le Combat de l’Immortel n’évite pas pour autant de nombreux pièges qui en font une déception relative. En mettant l’indulgence de côté, on pourrait même dire que cette suite n’avait pas lieu d’être. Non pas que ce n’est pas avec plaisir que l’on retrouve Logan dans un film dont le principal mérite est de le réhabiliter mais non, cette nouvelle aventure n’a pas l’ampleur suffisante pour justifier son existence. La scène post-générique appuyant encore un peu plus cette impression tenace…

Un poil trop long vu les enjeux éventés assez rapidement, manquant d’un méchant plus solide et de personnages secondaires moins transparents, Le Combat de l’Immortel reste un divertissement estival honorable. L’idée d’exploiter l’arc narratif du comics où Logan se retrouve au Pays du Soleil Levant était une bonne idée, tant ce samouraï (ce Ronin) y a vraiment sa place, mais son exécution est maladroite. Idem pour le désir manifeste de faire de Wolverine le héros d’un film de samouraïs typique. D’une sorte de western crépusculaire. On est à côté. Trop souvent le personnage n’est pas exploité à sa juste valeur. Avec plus de sauvagerie et plus de noirceur, le résultat aurait pu remporter tous les suffrages, mais encore une fois, c’est le consensuel qui l’emporte. Et comme le film n’est pas assez spectaculaire, ni passionnant, ni suffisamment bien écrit, pour nous faire oublier ce caractère trop lisse , on ressort avec un sentiment mitigé. Verdict : le grand film sur Wolverine en solo reste à faire.

@ Gilles Rolland

The-Wolverine-Hugh-Jackman-imageCrédits photos : 20th Century Fox France

Par Gilles Rolland le 24 juillet 2013

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires