[Critique] TERMINATOR

STARVIDEOCLUB | 16 mai 2015 | 1 commentaire
Terminator-poster-France

Titre original : The Terminator

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : James Cameron
Distribution : Arnold Schwarzenegger, Michael Biehn, Linda Hamilton, Bill Paxton, Lance Henriksen, Paul Winfield, Earl Boen, Brian Thompson…
Genre : Science-Fiction/Action/Fantastique
Date de sortie : 24 avril 1985

Le Pitch :
Los Angeles, 1984 : un robot à l’apparence humaine surgi du futur, s’attaque à Sarah Connor, une jeune femme dont l’enfant à naître est destiné à devenir le chef de la résistance humaine dans la guerre à venir contre les machines. La résistance, qui a envoyé Kyle Reese, un soldat, afin de protéger Sarah Connor contre la terrible menace à laquelle elle est confrontée…

La Critique :
Il faut peut-être avoir vécu l’expérience pour saisir à quel point Terminator est une œuvre majeure. Découvrir un tel film, enfant, à une époque où les effets-spéciaux numériques ne régissaient pas encore le cinéma populaire, s’imposait comme quelque chose de grand et de traumatisant. Voir ce robot indestructible surgir d’un amas de ferraille en feu pour continuer encore et toujours sa course meurtrière… En voilà une séquence culte. C’est d’ailleurs à partir de cette image choc que James Cameron construisit son long-métrage, après avoir été la proie de « visions » fiévreuses. Une vision qui ne demandait qu’à devenir un film. Certainement remonté après sa mauvaise expérience sur le plateau de Piranha 2, Cameron considère aujourd’hui Terminator comme sa première véritable réalisation, et en effet, c’est là qu’il prit son envol pour imposer d’emblée quelque chose de complètement neuf et d’assez délirant, dessinant les contours de toute une industrie. Pendant longtemps d’ailleurs, Cameron a fait partie de ceux qui donnaient le La. Terminator, puis Terminator 2, Abyss, ou encore Aliens, le Retour, tous ont largement été imités mais jamais égalés. Tout étant parti d’une histoire elle aussi révolutionnaire pour un cinéma qui n’allait jamais vraiment s’en remettre. Le public non plus bien évidemment…

terminator-Michael-Biehn-Linda-Hamilton

Bien obligé de rivaliser de trouvailles pour parvenir à donner à son métrage la patine qu’il souhaitait, Cameron a eu la bonne idée de bien s’entourer. C’est là qu’intervient Stan Winston, le génie du maquillage et des effets-spéciaux, auquel on doit notamment la conception du T-800, cette machine à tuer quasi-invulnérable en métal. Une créature incroyablement charismatique, elle aussi devenue une sorte de mètre-étalon pour tout un pan du cinéma de science-fiction à venir. Idem pour les effets, les maquillages et tout le reste. Winston allait prouver qu’Hollywood ne pouvait pas se passer de son talent. Allié à un tel prodige, Cameron avait les coudées libres pour enfin donner à ses idées du corps et offrir au public de l’inédit.
Terminator est plus qu’un film. En 1985, il symbolise le fantasme ultime du geek (qui ne s’appelle pas encore comme ça d’ailleurs). Sa mise en scène déjà incroyablement mature, offre quelques grands moments d’anthologie. Difficile de faire un choix, mais l’arrivée du Terminator vaut son pesant de cacahuètes, tout comme la traque dans le Tech Noir, le fameux nightclub dans lequel Sarah Connor se cache pour échapper à son prédateur. Sans oublier absolument toutes les poursuites en voitures, parfaitement calibrées grâce, entre autres choses, à un sens du cadre inouï et à un montage parfaitement pertinent, soutenu par un soucis du détail témoignant de l’aspect visionnaire de la chose. Et on ne parle même pas de l’attaque du commissariat, devenue avec les années, l’une des grandes séquences cultes du film. Le tout enveloppé par les partitions tour à tour flippantes et grandioses de Brad Fiedel. L’histoire de la bande-originale de film a peut-être oublié le nom de ce type, mais on lui doit l’un des thèmes les plus incroyables de toute l’histoire du cinéma et ça, ce n’est pas rien. Offrant à Cameron, son sens de la ponctuation, aiguisé à merveille, et l’aspect insidieux de morceaux cadrant parfaitement avec leur époque, mais également universellement taillés pour traverser le temps sans paraître ringards, Fiedel est l’un des hommes que l’on peut remercier pour Terminator. Car bien sûr, même si il s’agit avant tout du film de James Cameron, il est évident qu’il faut reconnaître son talent pour faire confiance à des artistes alors plutôt confidentiels. Il faut replacer les choses dans leur contexte. On ne parle pas d’un film cher, mais du second boulot d’un gars principalement connu pour avoir bossé aux sfx de New York 1997 et pour avoir fait un film d’horreur de seconde zone. Un metteur en scène qui est allé débusquer ceux en qui il pourrait avoir confiance pour réaliser ce qu’il voyait dans sa tête. Des mecs comme Stan Winston donc, Brad Fiedel et Arnold Schwarzenegger.

Dans son autobiographie, Arnold raconte qu’il a vite vu en Cameron un artiste à part. C’est peut-être vrai, mais il est tout de même bon de rappeler qu’à l’époque, la carrière du Chêne autrichien s’enlisait un peu. Trop en tout cas au goût de celui qui avait pensé que Conan, de John Milius, suffirait pour propulser son nom sur les lèvres de tous les directeurs de casting. Déçu par les scores largement modestes de Conan le Destructeur, Schwarzie aurait probablement accepté n’importe quoi. James Cameron, coup de bol, n’était pas n’importe qui ,et sa faculté à voir en ce jeune bodybuilder autre chose qu’une simple montagne de muscles allait tout changer. Pour l’un comme pour l’autre. Car dans Terminator, le Terminator en question apparaît la majorité du temps sous sa forme humaine. Si il est si effrayant et spectaculaire, c’est grâce au charisme d’un Schwarzenegger totalement investi dans un rôle plus complexe qu’il n’y paraît. En un regard, un mouvement, Arnold capte ce qui rend le cyborg si menaçant. Même pas besoin de sortir une arme. Arnold arrive à convaincre en marchant, ou simplement en parcourant les allées d’un parking. Sans savoir que ce corps musculeux abrite une carcasse de métal, on sait déjà qu’il ne faut pas lui chercher des noises. Le talent de Schwarzenegger est souvent minimisé et c’est dommage, tant celui-ci, si il n’est pas fait du même bois que les De Niro et autres Nicholson, a quelque chose qu’il est le seul à avoir. Une présence imposante parfaite pour incarner l’expression suprême d’une force venue d’un autre monde.
Face à lui, Michael Biehn est excellent. Habité par une folie inquiétante, il retranscrit une ambiguïté pour beaucoup responsable de la tonalité de l’ensemble, rendant chaque affrontement avec le T-800 complètement incroyable.
Et puis il y a bien évidemment Sarah Connor, alias Linda Hamilton. La comédienne trouve le rôle qui ferra sa gloire et duquel elle n’arrivera jamais à vraiment s’extraire. Illustration de l’innocence violée d’une humanité en péril, face à un adversaire qu’elle a contribué à créer, Linda Hamilton sait faire évoluer son personnage au fil d’une histoire qui lui réserve un rôle de choix.

Inutile d’aller chercher bien loin l’origine de cette idée bien précise d’un être élu amené à apporter au monde son sauveur. L’histoire de Terminator puise dans un inconscient collectif puissant et détourne des codes à son avantage, pour proposer un spectacle fantastique violent, tenant parfois carrément de l’horreur pure et dure. De par sa condition d’œuvre frondeuse, le film ne se souci guère des règles en vigueur et écrit sa propre partition. Ni James Cameron, ni Arnold Schwarzenegger ne donneront à l’avenir dans une si grande noirceur empreinte d’une sauvagerie urbaine. Terminator est un monument. Un chef-d’œuvre du cinéma ayant de plus remarquablement bien vieilli et dont les effets conservent aujourd’hui toute leur puissance évocatrice.
« Je reviendrai » lance le Terminator à un flic, alors qu’il cherche à atteindre sa proie, planquée dans un commissariat. Comme nous le savons tous, il a tenu promesse. Mais ceci est une autre histoire…

@ Gilles Rolland

terminator-movie-still-2Crédits photos : 20th Century Fox France

 

Par Gilles Rolland le 16 mai 2015

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Spike
Spike
8 années il y a

Dommage que les pistes sonores soient bousillées sur les dvd et blu ray.